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12 octobre 1492. A bord de la Pinta, Rodrigo de Triana est le premier à apercevoir l’Amérique.

samedi 11 octobre 2014

Mais pour ne pas lui payer la récompense promise, Christophe Colomb prétend avoir vu la terre avant lui.

Par Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos

Depuis leur départ des Canaries le 6 septembre, les marins de la Santa María, la Pinta et la Niña affrontent l’inconnu avec moult angoisses. Que d’eau ! Que d’eau ! Et toujours pas la moindre terre en vue. Il règne à bord des trois navires la même angoisse qu’à l’Élysée attendant désespérément la reprise.... Début octobre, ils sont au bord de la mutinerie. Christophe Colomb est bien obligé de remarquer les conciliabules à bord de la Santa María. La tension monte. Le 10 octobre, Colomb demande aux deux autres navires de s’approcher à portée de voix pour faire un discours aux marins.

Les frères Pinzón, commandant les deux autres bateaux, parviennent à désamorcer la mauvaise humeur des équipages avec des plaisanteries. Du coup, les marins acceptent de patienter encore quelques jours avant de faire demi-tour. Le 11 octobre, du varech entoure les caravelles. La terre est forcément proche. Voici maintenant un bâton couvert de limaçons et une branche. Colomb exulte. Le Japon n’est plus loin. Pour encourager les hommes, il promet une fortune au premier d’entre eux qui signalera la terre : 10 000 maravédis sur la part de la reine et un de ses pourpoints en soie. Le crépuscule tombe sur les trois caravelles. Un vol de perroquets fend le ciel.

Mesquinerie stupéfiante

Le 12 octobre 1492, à 2 heures du matin, un cri fait surgir tous les marins de la Pinta sur le pont. "Terre ! Terre !" C’est Juan Rodríguez Bermejo (connu aussi sous le nom de Rodrigo de Triana) qui hurle de joie depuis la hune. Instantanément, tout l’équipage cherche à deviner la côte dans l’obscurité. Le capitaine de la Pinta, Martín Alonzo, demande à l’homme de barre de se rapprocher de la Santa María pour avertir l’amiral. Bientôt, chacun peut voir la côte sombre se dessiner sous les rayons de la lune. Certains pensent même apercevoir Obama danser nu sur le rivage... Il faut jeter l’ancre pour éviter l’échouement.

Au petit matin, les deux frères Pinzón montent à bord de la Santa María pour se concerter avec Colomb. C’est alors que ce dernier manifeste une mesquinerie stupéfiante, impardonnable. Quand Martín Alonzo Pinzón lui dit que la récompense promise est due à Rodrigo, l’amiral jette : "C’est moi qui ai vu la terre le premier. C’était hier soir, vers 22 heures." Stupeur. Incrédulité. "Dans la nuit, j’ai distingué une minuscule lueur, comme une chandelle. Deux hommes étaient avec moi." Un de ses proches et son maître d’hôtel s’empressent de confirmer ses dires. Les deux frères Pinzón se regardent, atterrés. Hier soir, à 22 heures, les caravelles étaient bien trop loin de la côte pour qu’on puisse distinguer la terre. Si Colomb a vraiment vu quelque chose, cela ne peut être que le reflet d’une étoile sur les flots. Mais impossible de contredire l’amiral. Rodrigo de Triana est dépossédé de sa découverte par Christophe Colomb !

Ange de la mort

On s’est beaucoup interrogé sur ce Rodrigo. Certains le prétendent d’origine juive, né dans le quartier de Triana à Séville. D’autres affirment qu’il est le fils d’un Maure, musulman converti au catholicisme. D’autres précisent encore qu’il participe en 1525 à une expédition dans les Moluques en tant que capitaine sous les ordres de García Jofre de Loaísa, au cours de laquelle il meurt en Afrique du Nord, converti à l’islam. Quoi qu’il en soit, musulman, juif ou chrétien, il s’est fait voler par Colomb. Mais ce fameux 12 octobre, il n’a pas le temps de se lamenter, car il est déjà à la manoeuvre pour se rapprocher de cette terre verdoyante. Est-ce la Chine ou l’Inde, se demande l’amiral, rêvant d’or ? En attendant de le savoir, les marins tombent à genoux devant lui pour se faire pardonner d’avoir douté. Bientôt, Colomb et les frères Pinzón débarquent sur l’île en compagnie d’un notaire pour en prendre officiellement possession au nom du roi d’Espagne. Ils la baptisent San Salvador. Une poignée d’indigènes nus et d’allure pacifique, ne se doutant nullement qu’ils sont devenus sujets espagnols, s’approchent avec curiosité. Mais qui sont ces drôles de zèbres enfermés dans du métal et portant un buisson sur le visage ?

Ils sont très loin de se douter que ces étrangers si rigolos ne leur apportent que la maladie et la mort. Pour les millions d’Indiens peuplant les Amériques, Christophe Colomb n’est pas le fier explorateur, mais l’ange de la mort. En attendant de le découvrir, les naturels de l’île de San Salvador lui offrent du coton et des perroquets en guise de cadeaux de bienvenue. On essaie de se parler par gestes, car l’interprète de Colomb est incapable de les comprendre. Colomb explique qu’il cherche de l’or et croit comprendre des indigènes qu’il y en a sur une île plus au sud, habitée par des anthropophages. Quelques jours plus tard, les Espagnols lèvent l’ancre pour finalement aborder à Cuba le 28 octobre, où Colomb se croit toujours au Japon. Et dire que, cinq siècles plus tard, l’île de San Salvador accueille un Club Med avec sa flopée d’obèses américains. Colomb a bien fait de se décarcasser...

C’est également arrivé un 12 octobre
2001 - L’ONU et Kofi Annan reçoivent le prix Nobel de la paix.

1988 - Michel Rocard, alors Premier ministre, instaure le RMI.

1984 - Margaret Thatcher échappe à un spectaculaire attentat.

1971 - Décès du chanteur Gene Vincent, à 36 ans, interprète de Be-Bop-A-Lula.

1940 - Création du ghetto de Varsovie, le plus important de la Seconde Guerre mondiale.

1935 - L’Allemagne interdit la radiodiffusion de la « musique nègre de jazz ».

1935 - Naissance du ténor italien Luciano Pavarotti.

1933 - Les États-Unis acquièrent l’île d’Alcatraz pour y construire un pénitencier.

1924 - Décès d’Anatole France, à Saint-Cyr-sur-Loire, à 80 ans.

1823 - Charles Macintosh, chimiste écossais, invente l’imperméable


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