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18 décembre 1838. Sept Australiens sont pendus pour avoir exterminé des "Aborigènes nuisibles".

jeudi 18 décembre 2014

C’est la première et dernière fois que la justice australienne pend des Blancs pour avoir assassinés des aborigènes.

Le 18 décembre 1838, sept éleveurs blancs emprisonnés à Darlinghurst (Sydney) sont tirés de leur cellule pour être pendus. Charles Kilmeister, James Oates, Edward Foley, John Russel, John Johnstone, William Hawkins et James Parry ne comprennent pas ce qu’on leur reproche : ils n’ont fait que massacrer des animaux nuisibles qui tuaient leur bétail. À leurs yeux, les Aborigènes ne valent guère mieux qu’un loup ou tout autre prédateur. Ils ne méritent que la mort s’ils s’en prennent à leur bétail. Les flics américains ne tirent-ils leurs Noirs comme des lapins ? Dans toute l’Australie, cette pendaison fait l’effet d’un coup de tonnerre !

Le massacre des Aborigène s’est déroulé dans une région reculée de la Nouvelle-Galles du Sud où les colons anglais - souvent d’anciens bagnards - se sont taillé d’immenses propriétés en exterminant les tribus aborigènes avec la même délicatesse que l’État islamiste massacrant leurs ennemis. Volés de leurs terrains de chasse et de cueillette, les premiers occupants de l’Australie n’ont pas eu d’autre choix que de se faire vacher ou ... voleur.

Le 10 juin 1838, un groupe de onze éleveurs à cheval déboulent à la station (propriété) de Myall Creek, conduits par un certain John Fleming. Ils sont accueillis par le gardien du ranch, George Anderson, et par un employé chargé du bétail, Charles Kilmeister.

Des enfants sont hachés menu

John Fleming explique que ses compagnons et lui ont décidé de faire un exemple parmi les Aborigènes, car trop de bétail a disparu ces derniers temps. Cette vermine a besoin d’être punie. Ils viennent donc chercher le groupe de la tribu Wirrayaraay installé à Dangar. Peu importe leur responsabilité dans les récents vols. Un bon petit massacre devrait faire réfléchir les autres. Les Aborigènes en question, qui ont vu la troupe approcher, se sont planqués dans l’habitation. il s’agit essentiellement des femmes, des enfants et des vieillards, car les hommes sont partis travailler dans la région. Anderson barre le passage à la troupe armée leur demandant leurs intentions. John Russel lui répond : "Nous allons les emmener derrière la colline pour leur faire peur." Qui croit à ce mensonge ? Mais Anderson n’est pas de taille à les affronter, surtout que son compagnon Kilmeister semble donner raison aux éleveurs.

Aussitôt, Russel et ses compagnons s’emparent des femmes et des enfants qui hurlent de terreur, les entravent avant de les obliger à les suivre. Vingt-huit personnes au total. Seuls une femme et un enfant sont laissés sur place. Pourquoi cette amabilité ? Parce qu’elle "présente bien". Veulent-ils s’amuser avec elle ultérieurement ? Deux autres jeunes garçons parviennent également à s’échapper en se cachant dans une rivière asséchée. Charles Kilmeister prend un revolver, enfourche son cheval pour suivre les autres. Lui aussi veut participer à la fête.

Arrivés derrière la colline, les douze hommes font donc "peur" à ces sauvages... Plusieurs femmes sont violées. Puis les douze hommes se mettent en ligne le long d’une vieille balustrade d’un parc à bétail en brandissant leurs sabres. Ils forcent chaque prisonnier à remonter la file. C’est un massacre. Des femmes, des enfants sont hachés menu. Ils tombent morts avant d’aller bien loin. Les bourreaux poursuivent leurs réjouissances en décapitant les bébés. Les survivants sont torturés, démembrés. C’est presque aussi bien qu’un jeu sur Playstation ou Nintendo 3DS. Comment peut-on être aussi cruel ? Très classique : il suffit de considérer sa victime comme un animal, le dépouiller de sa nature humaine. Dès lors une tuerie ressemble à une partie de chasse.

Les meilleurs avocats de la ville

Le lendemain de la tuerie, John Fleming et ses comparses partent à la recherche des hommes de la tribu pour achever le boulot. Faute de les trouver, ils retournent à Myall Creek où ils passent la nuit avec Anderson. Le lendemain matin, les hommes collectent du bois de chauffage avant de retourner sur le lieu de leur crime pour incinérer leurs victimes.

Quelques jours plus tard, de retour de voyage, le régisseur de la station, William Hobbs, découvre les ossements calcinés. C’est en comptant les crânes qu’il parvient au nombre de 28 victimes. Horrifié, il parcourt 400 kilomètres dans le bush pour prévenir le gouverneur George Gipps, à Sydney. Lequel ouvre une enquête. Elle débouche rapidement sur l’arrestation de seulement onze hommes, car John Fleming est parvenu à prendre la fuite. Leur procès s’ouvre le 15 novembre. Les accusés bénéficient des meilleurs avocats de la ville, payés par le syndicat des propriétaires et des éleveurs du coin.

Deux procès

L’avocat général de l’État précise bien aux jurés que la mort d’un Aborigène doit être appréciée exactement comme celle d’un Européen. Un rappel à l’ordre qui ne sert strictement à rien puisque, après seulement quinze minutes de délibération, le jury estime les onze hommes non coupables, déclenchant des cris de joie dans le public. Quelques jours plus tard, un des jurés répondant à un journaliste s’explique : "Je considère les Noirs comme une bande de singes, et plus vite ils auront été exterminés de la surface de la terre, mieux ça sera. Je savais que les hommes étaient coupables de meurtre, mais jamais je n’aimerais voir un homme blanc pendu pour avoir tué un Noir."

Il ne va pourtant pas tarder à voir ce spectacle, cet aimable Australien, car aussitôt après le scandaleux verdict, le gouverneur fait arrêter sept des onze meurtriers pour une nouvelle accusation : celle du meurtre des seuls enfants aborigènes. Au cours de ce second procès se déroulant les 29 et 30 novembre, George Anderson déballe tout ce dont il a été témoin, en soulignant qu’il ne veut aucune récompense pour son témoignage, seulement la protection de la police. Ce deuxième procès se conclut par la condamnation à la pendaison des sept hommes. Le 18 décembre 1838, ils se balancent tous au bout d’une corde. C’est la première et la dernière fois que des hommes blancs sont pendus pour le meurtre d’Aborigènes. Jusqu’au début du XXe siècle, ces derniers continueront, dans certains coins d’Australie, à être poursuivis comme du gibier.


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