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21 octobre 1805. L’amiral Nelson est touché à mort par un sniper français devant Trafalgar.

jeudi 23 octobre 2014

Les Français perdent la bataille navale, mais l’Angleterre perd son plus vaillant marin dont le corps est plongé dans le brandy.

Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos
Le 21 octobre 1805, les flottes britannique et française s’affrontent depuis plusieurs heures au large du cap Trafalgar, à proximité de Cadix. Vers 13 h 15, un tireur d’élite français ajuste depuis Le Redoutable l’amiral Nelson, reconnaissable à son habit couvert de breloques scintillantes. Sa balle frappe l’épaulette gauche, traverse le poumon, puis la colonne vertébrale. Le héros de toute une nation, 47 ans seulement, s’effondre la face contre le pont de son navire. Aboukir et la mort de Dupetit-Thouars sont vengés (voir date du 1er août) !

Le capitaine Hardy, commandant du Victory, se précipite vers l’amiral agonisant, qui marmonne :

- Ils ont fini par m’avoir, Hardy.

- J’espère que non.

- Mais, oui, ma colonne vertébrale a été sectionnée.

Pendant ce temps, la bataille navale continue à faire rage. La mitraille recouvre les ponts, les boulets volent dans le ciel avant de semer la désolation parmi les équipages. Les mâts s’abattent en réduisant les hommes en bouillis. Les vivants hurlent pour effrayer l’ennemi. Les blessés gémissent horriblement. C’est l’enfer. C’est la France de 2014...

"L’Angleterre attend que chaque homme fasse son devoir"

Placée sous le commandement de l’amiral Pierre de Villeneuve, l’escadre française comprend trente-trois navires français et espagnols. La veille, ils ont quitté le port de Cadix pour suivre un entraînement en mer dans l’attente d’un nouveau chef d’escadre. Après une nuit en mer, ce diable de Nelson surgit à l’horizon pour fondre sur l’armada française avec vingt-cinq navires. La flotte franco-espagnole est plus importante, mais ses vaisseaux sont plus vieux, mal armés et surtout dotés de marins moins compétents. C’est à ce moment crucial que les pilotes d’Air France décident de faire grève... À 11 h 45, Horatio Nelson, premier vicomte Nelson, premier duc de Bronte, fait hisser en haut du mât de son navire le plus célèbre signal de l’histoire de la marine britannique : "L’Angleterre attend que chaque homme fasse son devoir." Il applique sa stratégie habituelle en disposant ses navires sur deux files pour mieux percer le milieu de la ligne ennemie. La parade anticipée par l’amiral Villeneuve échoue lamentablement.

Le Victory, navire amiral de la flotte britannique, mène la charge sur le Bucentaure de Villeneuve qu’il arrose de mitraille. Mais, l’Anglais est à son tour pris sous le feu d’un autre navire français, Le Redoutable. Les boulets pleuvent sur le Victory, comme les critiques sur l’Élysée... John Scott, secrétaire de Nelson, est fauché par la balle d’un tireur d’élite du Redoutable. Il est aussitôt remplacé par un autre homme qui s’écroule à son tour. Les Français se battent comme des démons. Sur le pont, Giscard d’Estaing erre entre les combattants à la recherche de Brigitte Bardot...

Le commandant Hardy et lord Nelson ne bronchent pas, restant crânement debout sous le feu ennemi. C’est à ce moment-là que le marin légendaire s’écroule sur le pont frappé par un morceau de plomb de quelques grammes. Hardy ordonne immédiatement à deux marins de le transporter à l’abri sur le pont inférieur. Pour que l’équipage ne perde pas courage en le voyant si gravement atteint, Nelson se fait recouvrir le visage d’un mouchoir. Il a encore la force de demander à un aspirant d’aller avertir le commandant de remplacer les drosses reliant la barre au gouvernail. Même mortellement touché, un marin anglais n’oublie pas son devoir.

"Prenez soin de ma chère lady Hamilton"

Une fois confortablement installé, Nelson est ausculté par le chirurgien du bord, William Beatty. Nelson dit ne plus sentir la partie inférieure de son corps. "Je sens que la balle a brisé ma colonne vertébrale", répète-t-il. C’est clair, il est condamné. Il réclame à boire et de l’air. On lui donne de la limonade, de l’eau et du vin. Quand l’affrontement se fait moins violent, le capitaine Hardy peut abandonner quelques minutes son poste de commandement pour lui rendre visite.

- Nous avons déjà douze ou quatorze bateaux ennemis en notre possession... Sans aucun doute, nous allons leur donner une raclée.

- Je l’espère bien. Aucun de nos navires n’a été coulé, Hardy ?

- Non, monseigneur, il n’y a aucune crainte pour cela.

- Je suis un homme mort, Hardy. Je m’en vais rapidement : je vais y passer bientôt. Rapprochez-vous. Je vous prie de remettre mes cheveux à lady Hamilton, et tout ce qui m’appartient.

Après le départ du capitaine, Nelson s’inquiète pour l’avenir de sa maîtresse : "Que va devenir cette pauvre lady Hamilton ? Si elle connaissait ma situation !" Une heure plus tard, Hardy revient le voir une seconde fois. Les deux hommes se serrent la main. Le capitaine le félicite de sa brillante victoire, au seuil de la mort, en annonçant que quatorze ou quinze navires ennemis se sont rendus. Nelson répond : "C’est bien. Je parie sur une vingtaine." Puis il s’écrie avec emphase : "Mouille l’ancre, Hardy, mouille l’ancre !" Réponse du capitaine : "Je suppose, monseigneur, que l’amiral Collingwood prend désormais la direction des affaires." "Pas tant que je vivrai, j’espère, Hardy ! s’écrie Nelson en tentant de se redresser. Je suis de la fière race des Sarkozy !"

L’amiral exprime un dernier désir : "Ne me jetez pas par-dessus bord, Hardy... Vous savez quoi faire et prenez soin de ma chère lady Hamilton, Hardy. Prenez soin de la pauvre lady Hamilton. Embrassez-moi, Hardy." Le capitaine s’agenouille pour l’embrasser sur la joue. Alors, Nelson dit : "Maintenant, je suis satisfait. Grâce à Dieu, j’ai fait mon devoir." Hardy l’embrasse une deuxième fois, puis se retire pour rejoindre son poste de commandement. Après une dernière recommandation à propos d’Emma Hamilton et de sa fille Horatia, lord Nelson expire un peu avant 16 h 30. "Annus horribilis", marmonne Elizabeth II à Buckingham...

Funérailles grandioses

Pour que le corps de Nelson puisse être rapatrié en Grande-Bretagne dans un état décent, il est plongé dans un tonneau rempli de brandy après avoir été déshabillé. Comme une tempête s’annonce, le tonneau est amarré au mât du Victory et placé sous la surveillance d’un factionnaire. Gérard Depardieu demande à Nelson de lui faire une petite place. Une ouverture en haut de la barrique permet de compléter son niveau au fur et à mesure que l’amiral dégaze. Trop amoché pour naviguer, le navire amiral est pris en remorque jusqu’à Gibraltar, qu’il atteint le 28 octobre. Le temps d’être rafistolé, il repart pour l’Angleterre avec sa cargaison funèbre. On change l’alcool du bain de l’amiral à deux reprises.

Après cinq semaines de navigation, le Victory jette enfin l’ancre à Portsmouth. Le 11 décembre, le corps est retiré du tonneau pour une inspection. Les gendarmes relèvent une alcoolémie de 100 grammes... Malgré son état de bonne conservation, un chirurgien préfère lui ouvrir le bidon. Bien joué : les boyaux commençaient à se décomposer. Il les enlève et en profite pour retirer la balle fatale fichée dans un muscle derrière l’omoplate. Elle a effectivement traversé la colonne vertébrale, entraînant avec elle un peu de la dentelle d’or et des fragments d’épaulette et de veste. Telle une momie, le corps est enroulé dans des bandelettes de coton, puis allongé dans un cercueil en plomb rempli de brandy mélangé à du camphre et de la myrrhe. Ce premier cercueil est déposé dans un second en bois taillé dans le mât du navire amiral français L’Orient, capturé lors de la bataille d’Aboukir. Le paquet-cadeau est mis en attente des funérailles dans la chambre de Nelson, à bord du Victory.

Le 21 décembre, le corps est sorti de son bain, séché, habillé de neuf avec un magnifique uniforme, puis replacé dans le cercueil en bois, lequel est enfermé dans un cercueil de plomb lui-même déposé dans un troisième cercueil en bois. Le tout est transporté jusqu’à l’amirauté, à Londres, le 8 janvier. Le lendemain, les funérailles sont grandioses. Un cortège de dix mille soldats précédés de trente-deux amiraux et d’une centaine de capitaines accompagne lord Nelson jusqu’à la cathédrale Saint-Paul. Une foule immense salue pour la dernière fois le fier capitaine. Après une longue cérémonie, Nelson est déposé dans le sarcophage initialement destiné au cardinal Thomas Wolsey. Les Français ont peut-être perdu Trafalgar, mais l’Angleterre a perdu bien davantage avec Nelson.
C’est également arrivé un 21 octobre
1984 - Décès de François Truffaut, à 52 ans.

1984 - Niki Lauda est champion du monde des pilotes de Formule 1.

1981- Le juge Michel est assassiné à Marseille par la pègre liée au trafic de drogue.

1959 - Sortie du film La mort aux trousses d’Alfred Hitchcock, avec Cary Grant.

1945 - Pour la première fois, les femmes votent en France pour les élections à l’Assemblée constituante.

1934 - Première parution du Journal de Mickey, magazine hebdomadaire.

1879 - Thomas Edison améliore la lampe à incandescence inventée par Joseph Swan.

1833 - Naissance du chimiste suédois Alfred Nobel.

1790 - Naissance d’Alphonse de Lamartine.

1680 - Louis XIV crée la Comédie-Française.


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