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En NBA, ce sont les stars et le spectacle qui font la loi

lundi 6 juin 2016

NBA - L’affaire Draymond Green a permis de rappeler que ce sont bien les joueurs vedettes qui font tourner la NBA. Sur l’arbitrage, les contrats ou les sanctions, la grande ligue est dirigée par ses stars. Tant mieux pour eux, tant pis pour l’équité.

Commençons par ce qui est évident : Draymond Green n’aurait pas dû jouer le quatrième match de la série entre les Warriors et le Thunder. Il n’a pas été suspendu. Tant mieux pour lui, même si cela n’a finalement pas changé grand chose. Le karma, peut-être, mais ce n’est pas le sujet. Cet épisode a surtout confirmé ce qu’on savait déjà : les stars ont le pouvoir en NBA.

Que vous regardiez les sondages sur ESPN ou ailleurs, l’immense majorité de ceux qui regardent la NBA pensait que l’intérieur des Warriors aurait dû être suspendu. Quelques heures plus tôt, la ligue avait décidé de suspendre Dahntay Jones pour un geste à peu près similaire, et peut-être même moins violent.

Même la défense de Green ne tenait pas. Un coup involontaire ? Au pire, on peut dire qu’il tentait de se faire siffler la faute en balançant ses jambes dans tous les sens. Sauf que cela s’appelle du flopping, et que la NBA est aussi censée lutter contre cette pratique. D’une manière ou d’une autre, Green n’avait pas à jeter sa jambe dans les parties intimes de son adversaire.

Mais Green n’est pas Dahntay Jones. Il est arrivé 7e du vote pour le titre de MVP, et il a une influence énorme sur le jeu. Alors tant pis pour l’équité.

Du côté d’Oklahoma City, on peut crier. Mais Kevin Durant a aussi bénéficié de ce traitement au début des playoffs, quand il a décidé de balancer un coup de coude à Salah Mejri, ou qu’il a collé une grande tarte à Justin Anderson.
La NBA avantage ses stars pour maintenir le spectacle, et elle ne s’en cache même pas. La notion de “coup de sifflet de star” existe depuis toujours, sans que cela ne gêne vraiment. La question reste du coup la même : quel niveau de notoriété faut-il atteindre pour obtenir des coups de sifflet ? Pour éviter les suspensions ?

L’exception Suns, le mauvais souvenir

Il faut le reconnaitre, la direction de la NBA a une capacité incroyable à éviter les scandales. Alors que le public doit subir d’interminables séances de révision vidéo des arbitres pendant les retransmissions, la ligue publie encore régulièrement des communiqués qui listent les erreurs des officiels. Pas grave.

En-dehors des suiveurs les plus attentifs, tout le monde, ou presque, a oublié que l’arbitre Tim Donaghy a parié des dizaines de milliers de dollars sur des rencontres qu’il a arbitré entre 2005 et 2007, y compris en playoffs, et qu’il a donc pu tenter d’influencer l’issue des parties. Condamné par la justice, il fournissait aussi des informations à des parieurs. Depuis, Donaghy accuse régulièrement la NBA de pousser les arbitres à favoriser tel ou tel résultat.

Mais le temps fait son oeuvre. Il efface la plupart des coups de sifflet, des polémiques et des suspensions. À la fin, on ne retient que le nom du champion. L’exception qui confirme la règle, ce sont les Suns de 2007, privés d’Amare Stoudemire et Boris Diaw pour un match 5 capital contre les Spurs. Leur crime ? Avoir quitté le banc après une faute immonde sur leur meneur Steve Nash.
Ce jour-là, la NBA a appliqué son règlement à la lettre, de la manière la plus bête et méchante possible, même si Stoudemire et Diaw étaient des pions essentiels pour Phoenix. Paradoxalement, c’est justement cet épisode qui reste le plus marquant dans l’histoire récente, car il a peut-être privé une équipe formidable d’un titre. Et c’est peut-être aussi pour ça, pour ne plus décapiter une série passionnante, que la NBA n’ose plus suspendre ses stars si la décision n’est pas évidente.

Pas de trucage, mais le sens des affaires

La NBA bidonne-t-elle les rencontre avec l’aide de ses arbitres ? Les équipes des plus gros marchés TV sont-elles avantagées ? Probablement pas. Le scandale serait trop gros pour ne pas avoir eclaté. Le système général de la ligue, avec une longue saison et des séries de playoffs au meilleur des 7 rencontres, assure de toute façon que la meilleure équipe aille généralement au bout.

Mais avec des petites décisions comme celle autour de Draymond Green, l’entreprise menée par Adam Silver ne se cache pas d’avoir une justice à deux vitesses. Faut-il favoriser le spectacle, et donc les vedettes, ou l’égalité totale ? La problématique est récurrente à l’heure des contrats qui se comptent en milliards. La NBA a fait son choix.


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