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Evans Paul explique pourquoi il endosse la candidature de Jovenel Moïse

mercredi 31 août 2016

En profil bas depuis les vaines tentatives de la coalition « Entente démocratique » (ED) pour obtenir la tête de Jocelerme Privert, l’ancien PM Evans Paul fait son come-back aux côtés de Jovenel Moïse, candidat du PHTK pour les joutes de 2016. Après avoir évoqué les raisons qui expliquent cet endossement, Evans Paul n’a pas manqué de prendre la défense de son joueur, épinglé dans un rapport de l’UCREF sur le blanchiment des avoirs.

L’élection du 9 octobre se profile avec son lot d’alliances, de déclarations et de positionnements de grands manitous. L’ancien Premier ministre Evans Paul ne veut pas jeter aux orties la famille politique qui l’a accueilli durant plus d’un an. Il endosse la candidature de Jovenel Moïse, porte-étendard du PHTK. A l’émission « Sa k ap kwit ?, sur Télé 20, l’ancien leader du KID a évoqué les cinq raisons qui expliquent son choix. « Il a mon support parce qu’il est naturellement un représentant authentique du peuple ; il a été victime d’une injustice politique ; il est en train d’être stigmatisé à cause de son origine paysanne. Il est aujourd’hui aux yeux de la majorité des Haïtiens une alternative fiable et viable, capable de sortir le pays de l’impasse politique dans laquelle il se trouve […]

Pour l’heure, il s’agit d’Evans Paul, et non du parti KID qui endosse le candidat du PHTK. « Il est possible que le KID endosse Jovenel Moïse dans les jours qui viennent. Il y a des négociations en cours », a-t-il révélé.

S’il pense aujourd’hui que Jovenel Moïse a été victime d’une injustice, Evans Paul, en janvier dernier, était la voix dissidente du gouvernement qui s’entêtait à organiser une élection à candidat unique. « Moralement, pour éviter au pays d’avoir un président illégitime, je n’avais pas encouragé une élection sans compétition. Il y a eu forfait. On n’a pas eu confiance en l’arbitre. Mais on a monté plusieurs commissions qui ne sont pas parvenues à mettre en évidence les allégations de fraudes massives », a-t-il fait savoir.

Même s’il avance son respect pour les membres de la CIEVE, Evans Paul n’a pas manqué de tacler leur travail. « On a formé une commission pour identifier les auteurs des cas de fraudes dans les élections. La commission, faute de trouver des auteurs, accuse des zombies (fantômes) qui n’ont ni noms ni adresses », a-t-il assené, sur le ton sarcastique qu’on lui connaît.

Alors que débute la campagne, un rapport partiel de l’Unité centrale de renseignements financiers (UCREF) est susceptible d’éclabousser le candidat du PHTK. En effet, Jovenel Moïse est soupçonné d’implication dans des activités de blanchiment des avoirs. Evans Paul, avant de désosser le rapport, s’attarde sur le contexte de la parution du document. « Jovenel Moïse vient à peine de paraître sur la scène politique, mais il a existé bien avant comme personnalité. On enquête sur lui depuis 2008. Et le résultat est publié brusquement durant l’ouverture de la campagne. L’UCREF devrait agir avec discrétion. Le rapport ne devait pas se retrouver sur la place publique », a-t-il estimé, voyant dans ce document une mise en question du système bancaire haïtien.
« Comment peut-on déposer une somme sur un compte bancaire sans indiquer sa provenance ? Cela fait partie des mécanismes de fonctionnement bancaire. En faisant ces accusations, on jette le discrédit sur tout le système bancaire. Juste pour parvenir à des fins politiques », a-t-il balancé.

Evans Paul indique que ce rapport n’a aucune crédibilité dans le contexte qu’il est publié. « Le blanchiment implique un enrichissement illicite et la création de fausses entreprises pour justifier cet enrichissement. Si on parle de blanchiment, il faut croire qu’on a déjà identifié l’argent qu’il blanchit (…) Je n’ai aucun pouvoir pour affirmer que le contenu du rapport n’est pas véridique. Mais je dis que ce n’est pas correct que le document a été publié sur l’Internet. C’est quelqu’un qu’on veut avilir », a-t-il dit. Dans la foulée, il invite les autorités à mener des enquêtes rationnelles et à enquêter sur tous les autres candidats à la présidence.

Par ailleurs, Evans Paul minimise la présence dans la Grand’Anse de Jovenel Moïse aux côtés de Guy Philippe – qui fait l’objet d’un mandat d’amener pour son implication présumée dans l’assaut contre le commissariat des Cayes –. « Jovenel Moïse est un citoyen. Il n’est pas la police. Il est en campagne. Par conséquent, il ne peut pas refuser quelqu’un sous prétexte que celui-ci est un voleur ou un assassin. C’est la responsabilité de la police et de la justice d’arrêter Guy Philippe », a-t-il fait savoir, soulignant que l’homme de Pestel a été remarqué avec une foule, sous les yeux d’agents de la PNH. « Est-ce Jovenel le responsable ou ceux qui ne peuvent arrêter Guy Philippe ou ne veulent pas l’arrêter ? », s’est-il demandé.

AUTEUR

Jean Daniel Sénat

jdsenat@lenouvelliste.com


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