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Apprendre la guerre, adolescent, dans l’est séparatiste l’Ukraine

dimanche 21 juin 2015

Ils ont entre 14 et 19 ans et savent déjà assembler une kalachnikov. Dans une école de Khartsyzk, dans l’est rebelle de l’Ukraine, des adolescents apprennent les rudiments de la guerre, alors que le conflit avec les forces de Kiev est loin de s’éteindre.

Les vacances scolaires ont bien démarré mais une vingtaine d’élèves continuent de se rendre à l’école pour suivre une formation à un club d’entraînement militaire dans leur établissement, à Khartsyzk, ville sous contrôle des séparatistes prorusses à une vingtaine de kilomètres du fief rebelle de Donetsk.

"Si j’étais adulte, j’irais me battre. Je veux voir la guerre, apprendre à tirer, voir des chars", raconte Danil, un garçon de 14 ans, qui vient d’assembler une kalachnikov.

Ses parents ont accepté qu’il participe à ces cours, malgré quelques réticences.

"Mes parents ne parlent pas du tout de la guerre avec moi. Ils la détestent, ils ne regardent même pas les informations", explique-t-il, en brandissant fièrement son arme.

Une autre élève, Alina, 17 ans, explique de son côté être beaucoup plus intéressée par les formations aux premiers soins également fournies par le club.

"Nous sommes encore des enfants, nous ne sommes pas prêts à aller sur le front. Mais s’il se passe quelque chose je serai prête à aider les gens", dit la jeune fille.

La formation prévoit cependant l’étude de tous les aspects de la guerre.

"Nous allons aussi leur apprendre à creuser des tranchées, les amener sur le terrain", renchérit ainsi Iouri Tsoupka, 53 ans, le dirigeant du mouvement "Le Donbass patriotique, fondateur du club.

"Nous avons décidé de revenir à ce qu’il y avait sous l’URSS", où l’éducation militaire était très populaire chez les enfants, ajoute-t-il.

Selon cet homme, cette tendance à initier les enfants aux rudiments de la guerre est de plus en plus répandue dans la République populaire autoproclamée de Donetsk (DNR).

Il existe aujourd’hui au moins cinq clubs de ce genre dans la zone, précise-t-il.

- Au début,’maman ne voulait pas...’ -

Depuis le déclenchement du conflit entres les forces ukrainiennes et les séparatistes prorusses en avril 2014, plus de 6.400 personnes, principalement des civils, ont été tuées dans l’est de l’Ukraine.

Le conflit, outre son caractère meurtrier, a créé de nombreuses tensions et divisions au sein de la population. Et les adolescents de l’est de l’Ukraine ne sont pas épargnés, certains rêvant désormais de prendre les armes pour défendre ce qu’ils considèrent être leur territoire.
C’est le cas d’Ania et de Katia, deux jumelles originaires de Donetsk. A 19 ans, elles ont mis un terme à leurs études de commerce pour s’engager dans les forces armées de la DNR.

Désormais, elles évacuent et procurent les premiers soins aux blessés du front.

"Nous étudions et vivions à Donetsk. Et la guerre a commencé. Et nous avons décidé de rejoindre les rangs de la rébellion, lorsque nous avons appris que des enfants étaient tués", raconte Katia, revêtue d’un treillis militaire.

"Maman ne voulait pas nous laisser faire. Mais ensuite, elle a décidé de s’engager avec nous pour apporter des soins médicaux" (aux blessés), ajoute de son côté Ania.

"Au début c’était dur de marcher autant, s’était fatiguant physiquement. On avait des chaussures pointure 39, or nous chaussons toutes les deux du 35. Et c’est dur de courir avec un gilet par balles, un casque, une arme, et une trousse de secours", explique Katia, qui se sent déjà plus forte.

"Avant la guerre, j’avais très peur du sang, je me sentais mal à l’odeur, mais maintenant je n’ai plus peur", lance-t-elle.

Habillées de la même façon, jusqu’à porter le même bracelet à l’effigie du drapeau de la DNR, les jumelles sont unanimes sur presque tout.

Sauf peut-être sur une chose. "Je veux que la DNR soit indépendante", lance fermement Katia. Alors que pour Ania, "au sein de la Russie ce serait bien aussi".

21/06/2015 21:23:11 - Khartsyzsk (Ukraine) (AFP) - Par Ioulia SILINA - © 2015 AFP


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