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Avec ses créanciers, la Grèce fait un pas en avant, un pas en arrière...

lundi 15 juin 2015

Athènes a accepté de réaliser un excédent budgétaire primaire de 1 % cette année, mais continue d’employer un ton offensif avec le FMI et l’UE.

Athènes, au lendemain d’un week-end où les négociations avec ses créanciers ont tourné court, aurait finalement fait un pas dans leur direction, mais ne semble plus vouloir bouger, déterminée à « attendre patiemment qu’ils se rallient au réalisme ». Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a choisi en effet d’employer un ton offensif après l’interruption des négociations dimanche soir avec les créanciers : « Nous attendrons patiemment jusqu’à ce que les institutions se rallient au réalisme », a-t-il signifié lundi dans une déclaration écrite au quotidien de gauche Ephimerida ton Syndakton. Accusant d’« opportunisme politique » les créanciers qui demandent à la Grèce de nouvelles mesures d’économies, après cinq années de « saccage » de l’économie du pays, le Premier ministre a glissé, comme un sous-entendu, une allusion à « la longue histoire de combats » de la gauche grecque.

Ce week-end, un nouveau cycle de discussions sur la poursuite du financement de la Grèce s’est terminé sur un constat d’échec entre représentants d’Athènes et de ses créanciers, UE et FMI. À Athènes, on impute l’échec des négociations aux réclamations « irrationnelles » des créanciers, en particulier du FMI.

Du côté des bailleurs de fonds du pays, on juge « incomplètes » les propositions grecques de réformes et de mesures budgétaires, estimant qu’elles ne permettront pas au pays de financer ses besoins pour les prochaines années. Pourtant, la Grèce, selon un document publié par le quotidien grec Kathimerini, serait à présent d’accord sur les objectifs d’excédent budgétaire primaire (hors charge de la dette) souhaités par les créanciers pour cette année (1 % du PIB) et l’an prochain (2 %), ce qui était un gros point d’achoppement, les Grecs ne voulant pas, initialement, dépasser 0,6 % et 1,5 % respectivement. « Les autorités grecques sont désormais d’accord avec cet objectif » de 1 % pour 2015, a déclaré lundi une porte-parole de la Commission européenne. Athènes n’avait cependant pas confirmé en début d’après-midi.

Dissensions entre créanciers

Mais le dialogue de sourds continuait : « Il tient maintenant uniquement à la partie grecque de répondre aux propositions généreuses des institutions », a martelé Martin Jäger, le porte-parole du ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble. La réponse de la Grèce ne varie guère : « Nous n’accepterons pas de mesures qui augmentent la TVA sur les biens d’alimentation de base ou de baisse des retraites », a de nouveau averti lundi le porte-parole du gouvernement Gabriel Sakellaridis. Selon lui, Athènes avait offert de compenser les mesures d’économies qu’elle rejetait par d’autres mesures. Mais « les créanciers ont refusé ces mesures équivalentes », a affirmé au journal Ethnos le ministre Nikos Pappas qui faisait partie de la délégation grecque à Bruxelles ce week-end.

Et quand bien même les Grecs auraient remonté leur objectif d’excédent budgétaire primaire à 1 % du PIB, pour arriver à cela, une réforme des retraites et une hausse de la TVA sont de toute façon indispensables, a rappelé dimanche le chef économiste du FMI, Olivier Blanchard, tout en invitant les gouvernements européens à faire de leur côté un geste sur la dette grecque. Or, ces derniers, notamment vis-à-vis de leurs électeurs, se refusent à envisager un allègement de la dette grecque, réclamé aussi par Athènes, et se concentrent uniquement dans l’immédiat sur les réformes censées ramener le pays sur les rails. Une dissension entre créanciers qui n’arrange pas les choses.

Aucun rendez-vous entre Athènes et ses créanciers n’est prévu avant la réunion régulière des ministres des Finances de la zone euro jeudi, une instance où la Grèce sera représentée par le ministre Yanis Varoufakis, peu en cour auprès de ses pairs. Alexis Tsipras pour sa part sera à Moscou ce jour-là, pour la deuxième fois en deux mois. L’échéance du 30 juin, date d’expiration du programme d’aide à la Grèce et échéance d’un remboursement de 1,6 milliard d’euros qu’Athènes doit effectuer au FMI, approche ainsi inexorablement.

En cas de non-remboursement, la Grèce devrait affronter les conséquences d’un défaut de paiement, une première dans la zone euro. « Il existe un risque réel de sortie » de la Grèce de l’euro, a estimé lundi le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Margallo tandis que le porte-parole du gouvernement grec remerciait ses compatriotes pour leur « calme » face à la situation. La Bourse d’Athènes reflétait les inquiétudes, en baisse de 5,11 % à 12 h 30 GMT.


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