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Clifford Brandt et d’autres fugitifs capturés

mercredi 13 août 2014

Ce mardi après-midi, quarante-huit heures après l’évasion spectaculaire de la prison civile de Croix-des-Bouquets, un bruit se répand : Clifford Brandt a été capturé. A la Primature, au Bicentenaire, le Premier ministre Laurent Salvador Lamothe et des membres du Conseil supérieur de la Police nationale (CSPN), dont le ministre de la Justice, Me Jean Renel Sanon, et le chef de la police, Godson Orélus, convoquent la presse.

Entre-temps, un tweet de Lamothe confirme que Clifford Brandt est belle et bien capturé. Le petit flou sur le lieu de la capture persiste. Certains disent que c’est à Cornillon, une circonscription nichée dans les montagnes, limitrophe à la frontière avec la République dominicaine. La presse de l’Est, informée par l’amiral Sigfrido Pared Perez, ministre de la Défense dominicaine, rapporte que Brandt et deux autres évadés ont été interceptés entre Jimani et Hondo Valle. Remis à Malpasse, Richardson Toussaint et un autre évadé sont remis à la police haïtienne.

Pour Clifford Brandt, le rendez-vous est fixé au Gate 7, à l’aéroport international Toussaint Louverture. Le kidnappeur des enfants Moscoso en octobre 2012 est ramené en hélicoptère. A 7 heures 57, avant le décollage de deux avions de ligne vers la France, l’hélicoptère N 120 GB se pose. Un officier de liaison s’exprimant en espagnol accompagne le patron de la police judiciaire, Rameau Normil, en costume.

Sans formalité, Clifford Brandt, les cheveux coupés, est remis à deux agents de la Brigade de recherche et d’intervention qui l’emmènent à la DCPJ à bord d’un pick-up Nissan 1-655. A la salle de conférence, face aux caméras, Cliford Brandt, t-shirt bleu, pantalon court de la même couleur, prévient : « Je ne suis pas obligé de parler ». Les yeux quelque peu rougis, Brandt, laissant l’impression d’être ailleurs, ne répond à aucune question. Est-ce un commando qui vous a libéré ? Avez-vous bénéficié de support de gens haut placés ? Qu’est-ce que vous souhaiteriez dire aux membres de votre famille ? … Tout a été tenté. Rien n’a été dit. Il regarde le sol. Se craque les vertèbres cervicales, comme un boxeur poids plume.

Par moments, son regard, furtif, passe sur ses pendentifs suspendus à du fil noir, noué comme une chaîne autour du cou : la vierge et la médaille miraculeuse. Pour lui, il n’y a pas eu de miracle. L’un des deux autres évadés, Richardson Toussaint, ne permettra pas de comprendre ce qui s’est passé. Il dit avoir tenté sa chance, comme d’autres prisonniers, après sept ans d’incarcération. Ce prisonnier qui se présente comme un rebelle, des tatouages sur la peau dont le Ying et Yang, répand, tance, insulte les journalistes par moments. Après avoir raconté « sa vérité », il n’aura pas craché d’autres informations.

Le fruit d’une bonne collaboration

Godson Orélus, le directeur de la PNH, a salué la coopération entre les autorités haïtiennes et dominicaines. C’est grâce à elles que les fugitifs ont pu être rattrapés. « Clifford Brandt a été capturé, nous voulons féliciter les agents de la police nationale, le directeur général et la DCPJ qui ont travaillé pour appréhender ce fugitif », a déclaré sans sourciller le Premier ministre Laurent Lamothe lors de la conférence de presse accordée à la Primature, avant l’arrivée des fugitifs à la DCPJ. « Nous ne sommes pas encore satisfaits. Nous le serons quand tous les évadés seront capturés », a souligné Laurent Lamothe. Le chef du CSPN a affirmé la volonté de son équipe de faire d’Haïti l’une des destinations les plus sûres de la Caraïbe.

Sans répit

Pour le directeur général de la PNH, la capture de Clifford Brandt n’est qu’un début. « Il faut que tous les évadés reviennent en prison », a soutenu le chef de la PNH, qui a annoncé des sanctions contre les policiers impliqués dans l’évasion de dimanche. « Tous les policiers qui gardaient la prison le jour de l’évasion sont déjà l’objet de sanctions. Certains seront révoqués, d’autres seront déférés par-devant la justice », a martelé Godson Orélus, qui a promis des changements au sein de la police dans la juridiction de Croix-des-Bouquets.

Deux jours après l’évasion spectaculaire, la liste complète des 329 évadés n’a jusque-là pas été communiquée par la police haïtienne. Selon les informations diffusées par le journal dominicain Listin diario, les autorités policières haïtiennes s’étaient contentées de partager avec leurs homologues dominicains les photos des fugitifs les plus recherchés. La direction générale de la Police nationale d’Haïti aurait promis de communiquer la liste complète des évadés aux autorités dominicaines dans les prochains jours. Selon une source digne de foi, la police dominicaine disposerait déjà de la liste des évadés. Dans son intervention mercredi en début de soirée, le Premier ministre Lamothe a informé qu’une centaine d’évadés ont déjà été identifiés et 19 autres sont appréhendés pour le moment. Il a annoncé aussi des innovations à venir dans le système carcéral comme l’installation de caméras à l’intérieur des prisons. Le chef du CSPN a évoqué aussi l’utilisation de bracelets électroniques pour mieux identifier les prisonniers en cas d’évasion.

Le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Jean Renel Sanon, a tiré à boulets rouges sur ceux qui ne s’attendaient pas à la capture de Clifford Brandt.

Sans retenue, le ministre Sanon a annoncé la révocation du substitut commissaire du gouvernement près de la cour d’Appel, Florence Mathieu. « Nous avons parlé d’une mise à la retraite mais il s’agit d’une révocation. Nous l’avons limogée parce qu’elle n’aide pas le gouvernement dans sa lutte contre la criminalité », a déclaré publiquement le ministre de la Justice parlant d’un magistrat.

La veille, Jean Renel Sanon avait taclé des opposants du régime qui avait évoqué une « libération de Clifford Brandt par la mafia du pouvoir ». Ils ont une vision déformée de la réalité, avait dit Sanon, qualifiant Clifford Brandt de prisonnier ordinaire, de monstre fabriqué par la presse qui évoquait son nom uniquement parmi les trois cents évadés.

Clifford Brandt retourne en prison. Entre-temps, les autorités seront épiées par l’opinion publique afin de voir si la mobilisation pour capturer tous les évadés ne va pas s’étioler avec la capture de Clifford Brandt.


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