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Corée du Nord - Et si Kim Jong-Un n’était pas fou ?

vendredi 8 janvier 2016

La Corée du Nord a affirmé mercredi avoir réussi un test de bombe H, dont la puissance est de 100 fois celle d’une bombe atomique basique. Les experts doutent mais une question demeure : qu’a-t-il dans la tête ?

"Hourra pour la Corée du Nord" pour paraphraser De Gaulle. La télé d’État plastronne. "Nous avons la bombe H !" Preuve, la terre a tremblé pendant l’essai souterrain. Un séisme de magnitude 5 a été enregistré. Les scientifiques doutent. Un test souterrain d’une bombe H est en général enregistré à 7. Pas à 5. Il faut une secousse 100 fois plus importante pour passer de 5 à 7 sur l’échelle de Richter… 100 fois plus ; c’est justement la différence entre une bombe atomique et une bombe H. Moralité, le coup a sans doute fait long feu. Le test n’a marché qu’à moitié. Le premier étage de la bombe a fonctionné (celui de l’explosion atomique) mais n’a pas déclenché le deuxième (celui de la fusion hydrogène). La fusion aurait raté. Mais l’important pour Kim n’est pas là. L’important pour lui, c’est de faire en sorte que l’on y croit.

Du coup on s’interroge. Que cherche-t-il au fond ? Deux scénarios sont possibles à mon sens.

1. Celui de la fuite en avant d’un régime fou. Tout y est. Le fils cadet d’un père fou à lier qui le désigne pour lui succéder parce qu’il lui ressemble contrairement à ses deux ainés. Les purges où il fait lâcher des meutes de chiens sur des généraux peu fiables ou exécuter une quinzaine de dignitaires de l’armée. Un jeune président à la fois chef suprême de l’armée, du parti unique, de la République populaire, adulé dans la télé d’État, seule source d’information et de connaissance d’un peuple qui a longtemps cru que Kim le père était immortel. Un régime sur le modèle de l’URSS, resté figé dans les années 50. Kim serait une sorte de Staline sans moustache mais avec "une coiffure digne d’un joueur de l’équipe de France" comme le dit mon voisin de bureau Pascal Praud.

2. Kim n’est pas fou du tout. Il a étudié en Suisse, et contrairement au reste de sa famille il a été en contact avec des pays et une culture occidentaux. On peut alors imaginer qu’il essaye de s’inspirer du cas iranien. Aller au plus près de la bombe et ensuite négocier le démantèlement de son programme nucléaire en échange d’une normalisation de son régime, d’investissements étrangers, de levée des sanctions. Il pourrait ainsi accompagner une évolution du pays sur un modèle chinois, une transition contrôlée par le haut. Hypothèse d’autant moins absurde que la Chine est le seul soutien de la Corée du Nord, son parrain en quelques sortes, le seul à même de faire entendre raison à Pyongyang. Alors, folie ou calcul ? Pour être fixé, il faudrait pouvoir se mettre dans la tête de Kim...


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