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Coulé dans le béton, un caïd new-yorkais refait surface

vendredi 20 mai 2016

La découverte du cadavre de Peter Martinez à Brooklyn refait parler de cette funeste méthode supposément marquée du sceau de la Mafia.

La littérature policière fourmille de recettes pour faire disparaître un corps. Dissolution dans l’acide, enfouissement, incinération… Les ­criminels n’ont que l’embarras du choix. L’une de celles qui frappent le plus l’ima­ginaire est certainement la méthode qui consiste à noyer sa victime après lui avoir coulé les pieds dans le béton. Ce fut prétendument pendant des années la ­signature de la Mafia, que l’on retrouve dans certains films ou romans noirs.

Quelle ne fut donc pas la surprise des ­policiers de New York, quand, alerté début mai par un étudiant qui se promenait sur Manhattan Beach au sud de Brooklyn, le long d’Oriental ­Boulevard, ils ont découvert un cadavre échoué sur le rivage, les jambes emprisonnées jusqu’aux tibias dans un énorme seau rempli de ciment, les mains liées dans le dos. Le haut de la dépouille avait été emmailloté dans des sacs en plastique noirs, tandis que la tête était recouverte d’adhésif gris. Une ­véritable « momie », dixit l’officier chargé de l’enquête.

Disparu depuis trois mois

Après autopsie, la police a identifié le corps. L’immense tatouage d’une Vierge Marie tenant une rose que la victime portait dans le dos lui a sans doute facilité la tâche. Il s’agissait de Peter Martinez, connu sous le nom de « Petey Crack », l’un des caïds d’un gang de Brooklyn. Il n’avait que 28 ans, mais un casier judiciaire déjà bien rempli. Arrêté trente et une fois, il avait notamment purgé une peine de deux ans de prison en 2011 pour vol.

L’homme avait disparu le 5 février 2016, alors qu’il était parti chez le coiffeur pour se « faire les tresses ». Ne le voyant pas revenir, sa petite amie avait lancé l’alerte. Petey Crack a refait surface trois mois plus tard, au propre comme au figuré. Visiblement, il avait eu le temps de passer chez le coiffeur. « Il a perdu ses doigts, mais ses cheveux sont encore ­parfaitement tressés », a expliqué un policier.

« Ils ont bâclé le travail : il y avait de l’air dans le béton, c’est pour cela qu’il est remonté à la surface. » Les policiers

Etait-il vivant lorsque ses assassins lui ont plongé les pieds dans le béton ? Difficile à dire. Si la méthode semble imparable sur le papier et la matière première pas très difficile à se procurer, la mise en pratique est beaucoup moins simple qu’il n’y paraît. Car le mélange ne durcit qu’après plusieurs heures. Et plus la température est basse, comme c’était visiblement le cas puisque le meurtre remonte à février, plus le temps de solidification est long. Par ailleurs, apparemment, sa fabrication n’est pas à la portée de tout le monde. « Ils ont bâclé le travail, parce qu’il y avait de l’air dans le béton, c’est pour cela qu’il est remonté à la surface », a expliqué la police au site d’informations locales, DNAinfo.

Un précédent en 1964

La complexité de l’opération explique-t-elle la rareté du procédé ? Ou est-ce au contraire sa diabolique efficacité qui fait que les cadavres retrouvés avec des bottes de mortier aux pieds se comptent sur les doigts de la main ? En tout cas, selon le New York Times, le dernier cas dans la ville remonterait à 1964, lorsque le corps d’Ernest Rupolo, un indic qui avait balancé à la police plusieurs membres de la mafia, avait été retrouvé à Jamaica Bay avec un parpaing attaché à chaque pied. En 1987, pour le procès de John Gotti, le ­parrain de la famille Gambino, l’une des cinq familles de la Mafia new-­yorkaise, une femme avait été écartée du jury après avoir raconté que son petit ami l’avait menacée de représailles. « Si tu fais quelque chose de mal, je mettrai la Mafia à tes trousses. Tu vas porter des chaussures en ciment », lui aurait-il promis.

Des anec­dotes qui entretiennent la légende. Mais, après tout, si aussi peu de corps lestés de la sorte ont été retrouvés, c’est peut-être parce que le travail avait été réalisé avec plus de professionnalisme que celui des assassins de Petey Crack.


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