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Coupe du monde - Romero a joué un sale tour à Van Gaal, à qui il doit tant

jeudi 10 juillet 2014

Déterminant lors de la séance de tirs au but, Sergio Romero a été le héros inattendu de la demi-finale face à l’Argentine, mercredi, à Sao Paulo. Il a vécu le plus grand moment de sa carrière au détriment de Louis Van Gaal, le sélectionneur néerlandais, l’homme qui l’a "aidé à grandir".


On attendait Messi. Ou Robben. On a eu Sergio Romero. Si cette demi-finale, aussi triste (la première de l’histoire du Mondial à s’achever sur un score nul et vierge) que l’humide ciel pauliste mercredi, a bien eu une vertu, c’est d’avoir offert un héros inattendu, à l’histoire assez incroyable dans le contexte de cet Argentine - Pays-Bas. Sergio Romero, gardien remplaçant de l’AS Monaco, a fait pencher le destin vers les Ciel et blanc en détournant les tirs au but de Vlaar et Sneijder dans la séance décisive. Presque anonyme dans ce Mondial pour l’instant où l’on a surtout parlé, à son poste, de Neuer, Ochoa, Navas ou Howard, Romero vient de méchamment gagné du galon en l’espace d’une soirée.

Le plus savoureux, pour lui et pour la petite histoire, c’est que Romero a vécu ce jour de gloire avec, sur le banc, les deux hommes à qui il doit le plus dans sa carrière : Alejandro Sabella, le sélectionneur argentin, et Louis Van Gaal, son homologue néerlandais. Le premier lui a toujours maintenu sa confiance dans l’optique du Mondial, même si Romero, après avoir perdu sa place en fin de saison 2013 à la Sampdoria, n’a ensuite jamais pu se départir du rôle de doublure de Subasic à Monaco. "Il m’a soutenu pendant un moment très pénible pour moi, a-t-il rappelé. C’était la première fois de ma carrière que je me retrouvais remplaçant comme ça pour toute une saison. C’est pour ça que, dès la fin du match, après notre qualification, je lui ai dit toute ma gratitude." Le tout dit avec un Sabella assis juste à ses côtés, et visiblement touché.

."Louis a été mon sauveur"

Mais de la gratitude, Romero en a aussi à revendre pour le vaincu du soir, Louis Van Gaal. Le taciturne technicien néerlandais a énormément compté pour lui. En 2007, quand il a débarqué de son argentine natale, le jeune gardien est arrivé à AZ Alkmaar. Et qui était l’entraîneur du club néerlandais à l’époque ? Van Gaal. L’Argentin n’a pas oublié. "Louis m’a tellement aidé, a-t-il expliqué mercredi après la rencontre. Je ne parlais pas un mot de néerlandais, je ne parlais qu’espagnol. Lui aussi, heureusement. Alors si dans le vestiaire, tout le monde parlait néerlandais, lui me parlait en espagnol. Il m’a tendu la main, il m’a aidé à grandir."

Il y a deux jours, avant la demi-finale, Romero était même allé un peu plus loin dans un entretien accordé à De Telegraaf, le quotidien néerlandais. "Louis a été mon sauveur et pour cette raison j’ai une relation particulière avec lui, même si nous sommes adversaires aujourd’hui." Pour Van Gaal, évidemment, le clin d’œil de l’histoire est plus douloureux que savoureux. Il voit son rêve de finale détruit par celui qu’il a aidé et, d’une certaine manière, façonné. "J’ai appris à Romero comment arrêter les penalties quand je l’entraînais à Alkmaar. Alors, oui, ça fait mal", a même lancé LVG, avant de corriger, un peu plus tard. "C’est une plaisanterie. Je ne lui ai pas appris à arrêter les tirs au but. C’est son mérite." Au-delà de la boutade, tout le monde avait parfaitement compris l’idée.
Un destin à la Goycoechea

Sergio Romero aussi, d’ailleurs. "J’avais 20 ans à l’époque quand je suis arrivé et j’avais et tout à apprendre. Van Gaal est un professeur, c’est sa plus grande qualité. Il aime apprendre aux autres et il m’a énormément appris." Mercredi, l’élève a dépassé le maitre. Au-delà des tirs au but, on rappellera aussi, quand même, que le cerbère monégasque n’a pas pris un but depuis le début de la phase éliminatoire. Il est le seul. Même Neuer en a pris deux. Mais bien sûr, c’est cette séance où il s’est montré si décisif, qui restera. "C’est beaucoup une question de chance", tempère-t-il.

Il flotte dans son destin mondialiste le parfum d’un autre gardien argentin. Un autre Sergio. Goycoechea. En 1990, totalement inconnu, il avait été propulsé par un concours de circonstances dans le but argentin. Etincelant, et décisif lors de deux séances de tirs au but, notamment en demi-finale face à l’Italie, il avait grandement contribué à ce qui restait, jusqu’à mercredi soir, la dernière finale de Coupe du monde de l’Argentine. Si Romero a deux maitres, l’Argentine, elle, s’est trouvé un héritier doublé d’un héros sorti de nulle part. Ce sont ceux qui font les plus belles histoires


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