MosaikHub Magazine

Cuba : Barack Obama veut "enterrer le dernier vestige de la Guerre froide"

mardi 22 mars 2016

. Le discours du président, qui souhaite ouvrir "une nouvelle ère" dans les relations entre les deux pays, sera retransmis à la télévision cubaine.

Source AFP

En visite historique à Cuba, Barack Obama doit s’adresser mardi à des millions de Cubains depuis le coeur de La Havane pour évoquer l’avenir des relations entre les deux pays, figées dans le temps pendant un demi-siècle. Le discours, très attendu sur l’île, sera retransmis en direct à la télévision cubaine. Le 17 décembre 2014, Barack Obama était apparu une première fois sur les écrans cubains depuis la Maison-Blanche, annonçant un rapprochement avec le régime communiste.

"C’est l’occasion unique durant cette visite de prendre un peu de hauteur et de parler directement à tous les Cubains", explique Ben Rhodes, proche conseiller de Barack Obama, qui a mené les négociations secrètes ayant abouti au dégel. À dix mois de son départ de la Maison-Blanche, Barack Obama veut profiter de cette allocution depuis le grand théâtre Alicia Alonso, qui peut accueillir jusqu’à 1 300 personnes, pour livrer sa vision des relations américano-cubaines, au-delà de se présidence mais aussi de celle de Raúl Castro, qui doit se retirer en 2018.

Les droits de l’homme évoqués

"Je suis venu à La Havane pour enterrer le dernier vestige de la Guerre froide dans cette région et pour marquer une nouvelle ère qui contribue à améliorer la vie quotidienne des Cubains", a-t-il expliqué sur Facebook. À l’issue de cette allocution, Barack Obama s’entretiendra avec un groupe de dissidents et d’opposants cubains à l’ambassade des États-Unis.

La Maison-Blanche reconnaît ouvertement le peu de progrès enregistrés sur les libertés individuelles à Cuba depuis fin 2014. Mais assure multiplier les discussions "franches et directes" sur ce thème. Lors d’une conférence de presse lundi au ton parfois déconcertant, Raúl Castro s’est emporté face à un journaliste américain qui l’interrogeait sur les prisonniers politiques. "Donnez-moi la liste immédiatement pour que je les libère. Donnez-moi le nom ou les noms. S’il y en a, ils seront libérés avant la nuit !", a lancé le leader cubain.

"Une nouvelle ère"

La Maison-Blanche possède-t-elle une telle liste et est-elle prête à la remettre aux autorités cubaines ? Selon Ben Rhodes, la question est régulièrement évoquée lors des rencontres entre les deux pays. "Le problème n’est pas qu’ils n’ont pas connaissance de ces cas mais réside dans le fait qu’ils ne les considèrent pas comme des prisonniers politiques", a-t-il résumé.

La tenue même de cette conférence de presse commune, dans le palais de la Révolution de La Havane, est, pour l’exécutif américain, la preuve que les relations bilatérales sont entrées dans "une nouvelle ère" et qu’un retour en arrière est improbable. Avec cette tribune, Barack Obama entend aussi s’adresser à la communauté cubaine en exil : quelque deux millions de personnes, dont la moitié vit à Miami, en Floride. Les sondages pointent tous dans la même direction : cette communauté est favorable au réchauffement des relations entre les deux pays.

"L’avenir de Cuba sera tracé par les Cubains et personne d’autre"

Le changement démographique parmi les exilés a changé la donne : la nouvelle génération de Cubano-Américains, qu’ils soient nés aux États-Unis ou immigrés, ne partagent en effet pas la ferveur anti-Castro des années 1960 à 1980. Soucieux de se démarquer des interventions passées de Washington dans les affaires cubaines et de rompre avec une forme d’arrogance américaine, Barack Obama a martelé lundi que l’avenir de l’île "ne serait pas décidé par les États-Unis ou un autre pays".

"Cuba tient à sa souveraineté et en tire, à juste titre, une grande fierté", a-t-il ajouté. "L’avenir de Cuba sera tracé par les Cubains et personne d’autre". Avant de s’envoler pour l’Argentine, le président américain assistera dans un stade de 55 000 places rafraîchi pour l’occasion, à un match de baseball très attendu entre les Tampa Bay Rays de Floride et l’équipe nationale de Cuba.

"C’est un honneur de jouer devant deux présidents", a estimé l’entraîneur de Tampa Bay, Kevin Cash, qui a désigné comme premier batteur Dayron Varona, le seul Cubain membre de l’équipe américaine, qui a fui clandestinement l’île il y a deux ans pour réaliser son rêve de pouvoir évoluer au sein du championnat américain. À peine Air Force One aura-t-il décollé, les Cubains se tourneront vers une autre visite, très attendue elle aussi : celle des Rolling Stones qui donneront vendredi un grand concert gratuit, une première pour le groupe de rock britannique.


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie