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Des élections en trois temps, la bataille électorale est lancée…

jeudi 12 mars 2015

Des leaders politiques qui se dénoncent et se bousculent en public pour avoir le contrôle du parti, des dates fixées pour la réalisation des élections, des responsables d’organisations politiques qui lancent des mises en garde, le CEP qui fixe les règles du jeu… À l’hôtel Karibe Convention Center mercredi, lors de la présentation du calendrier électoral provisoire par le CEP, on pouvait déjà avoir une idée de ce qui va être la lutte pour le pouvoir.

Trois dates retenues « cette année » pour l’organisation des élections. D’abord le 9 août pour le premier tour des législatives (20 sénateurs et 118 députés). Ensuite, le 25 octobre pour le deuxième tour des législatives, le premier tour de la présidentielle et les collectivités territoriales. Enfin, le 27 décembre, le deuxième tour de la présidentielle. Selon ce calendrier électoral provisoire, les opérations électorales débutent le 16 mars et les responsables d’organisations politiques auront cinq jours à partir de cette date pour inscrire leur parti au CEP.

Dans cette grande salle de l’hôtel Karibe, les quelque 300 représentants de partis politiques qui assistaient à la présentation du calendrier électoral provisoire sont d’accord avec le CEP sur un fait. Un seul. « Toutes les élections doivent se tenir cette année. » Comme dans une agora, chacun se bat pour faire passer son idée et le CEP tente d’avoir le dessus sur tout le monde et le dernier mot en tout point de vue.

Le peu de temps de parole accordé aux leaders politiques et la méfiance qui existe à la fois entre les responsables de partis politiques et les membres du CEP, méfiance entre les responsables de partis politiques eux-mêmes, la tension a monté d’un cran à maintes reprises. Il a fallu l’intervention de la police nationale pour faire baisser la tension entre Rudy Hériveaux et des membres du parti politique Konfyans quand l’ancien ministre de la Communication a voulu prendre la parole au nom du parti.

Les BED et les BEC, l’un des plus grands griefs des partis politiques

La plupart des partis politiques estiment que le CEP aurait dû résoudre d’abord la question des membres des BEC et des BED avant de se concentrer sur le calendrier électoral. Il est reproché à l’administration de Max Mathurin d’avoir recruté ces éléments importants de l’appareil électoral sous des bases qui pourraient nuire au bon déroulement du processus électoral.

Pour le Dr Louis Gérald Gilles de Fanmi Lavalas, les BED et les BEC constituent la base d’élections crédibles dans le pays. Pour sa part, Paul Denis de INITE a estimé que le CEP devrait reprendre le processus de recrutement des membres des BED et des BEC. Selon lui, ce serait plus simple et cela permettrait de gagner du temps.

L’ancien député Sadrac Dieudonné, qui représentait le MOCHRENA à cette rencontre, a souligné que ces élections représentent une dernière chance pour le pays. Les BEC et les BED, a-t-il dit, constituent la garantie de bonnes élections. De ce fait, l’ex-parlementaire a exhorté le CEP à reprendre le processus de recrutement.

Sur ce point, le conseiller électoral Néhémy Joseph a souligné à l’intention des politiques que le CEP n’a pas le contrôle de sa finance. Aujourd’hui encore, a-t-il souligné, l’institution électorale n’a pas de moyens économiques pour se rendre dans les provinces afin de régler les contestations de certains membres de BED et de BEC. Le gouvernement a certes mis de l’argent à la disposition du CEP sur son compte en banque, mais à cause de la lenteur dans le déblocage de ces fonds, le CEP peine à utiliser cet argent.

Certains responsables de partis politiques ont vertement dénoncé le fait que le PNUD gère plus de 38 millions de dollars pour les élections dans le pays, alors que le vrai concerné dans l’organisation de ces compétions électorales, le CEP, fonctionne avec des moyens économiques très limités.

Des élections en deux temps ou en trois temps ?

Le calendrier électoral est trop étendu, de l’avis du Dr Louis Gérald Gilles de Fanmi Lavalas. Selon lui, ni les partis politiques ni le pays n’auront les ressources économiques nécessaires pour participer à un processus électoral qui s’étend du 16 mars au 27 décembre 2015. Pour la stabilité du pays également, a-t-il ajouté, ce n’est pas une bonne idée.

Pour Fanmi Lavalas, a-t-il dit, il est préférable d’avoir des élections à deux tours. Le premier tour de la présidentielle et des législatives le 25 octobre et le second tour avec les collectivités territoriales.

Parallèlement, Paul Denis, l’un des responsables de INITE, a fait savoir que son parti accepte la totalité du calendrier électoral. Selon lui, il y a des gens qui ne veulent pas voir des élections organisées dans le pays sans vouloir donner plus de précisions. « Que personne ne vienne avec des prétextes pour ne pas organiser les élections afin de semer le trouble dans le pays », a-t-il lancé.

Au cours de cette rencontre à l’hôtel Karibe, des participants en ont profité pour revenir sur le décret électoral même s’ils savaient que le CEP ne pouvait rien faire puisque le document est déjà publié dans Le Moniteur. Certains responsables de partis politiques continuent de demander des explications sur les 19 circonscriptions ajoutées.

Le CEP avoue n’avoir pas les réponses à toutes les questions comme celles des leaders politiques qui se sont interrogés sur l’insécurité qui prévaut à Cité Soleil alors qu’ils vont devoir faire campagne dans cette importante commune du département de l’Ouest. Cette question, selon l’institution électorale, doit être adressée à la police nationale.

En revanche, l’institution électorale n’a pas caché son inquiétude du fait que la MINUSTAH pourrait ne pas être présente dans six départements au moment des élections. Le CEP a indiqué qu’il prend au sérieux cette situation et est en pourparlers avec les instances concernées pour savoir quoi faire au cas où.

Quelques autres dates importantes dans le calendrier électoral provisoire

Le dépôt de candidatures pour les législatives se fera du 6 au 19 avril alors que du 11 au 20 mai se sera le dépôt de candidatures pour la présidentielle. Le 22 novembre 2015, les 20 nouveaux sénateurs et les 118 nouveaux députés seront connus. Le 17 janvier 2016, on saura le remplaçant de Michel Martelly au palais national. Le 31 décembre 2015, le pays aura de vrais maires issus des élections.

Prenant la parole à la fin de la rencontre, le vice-président du CEP, Pierre Manigat Jr, a fait savoir que le CEP prendra en compte toutes les propositions faites par les partis politiques sur le calendrier électoral. Le calendrier définitif sera présenté sous peu, a-t-il annoncé, soulignant que la décision du CEP sur les BED et les BEC sera connue au même moment.

AUTEUR

Robenson Geffrard

rgeffrard@lenouvelliste.com


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