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Des soldats russes trahis par la géolocalisation de leurs « selfies » sur Instagram ?

samedi 2 août 2014

Les réseaux sociaux deviennent-ils des témoins gênants dans la guerre larvée entre la Russie et l’Ukraine ? Plusieurs photos et messages de soldats russes mis en ligne ces derniers jours plongent Moscou dans l’embarras.

Un soldat de 24 ans a diffusé sur son compte Instagram deux selfies — des autoportraits — lors d’opérations avec ses camarades, les 5 et 6 juillet

Selon la carte de géolocalisation des photos prises par ce compte, les deux images en question ont été prises ou postées en Ukraine, près de Krasnaya Talovka, alors que le Kremlin dément fermement y avoir déployé des unités militaires
S’il est techniquement possible de falsifier la géolocalisation de photos mises en ligne sur Instagram, cela demande des connaissances poussées.

Ce d’autant plus que la localisation des images en questions n’a pas été rentrée manuellement par le soldat au moment de poster sa photo, mais a été automatiquement déterminée par Instagram à partir des métadonnées liées à l’image, comme l’explique le réseau social dans la description du fonctionnement de ses « Cartes de photos » :

« Chaque fois que vous prenez une photo en étant connecté(e) à un réseau Wi-Fi ou en 3G, votre appareil consigne les coordonnées du lieu où la photo a été prise. Ces informations, vous pouvez à présent les utiliser pour ajouter une photo à votre carte. »

COUPER INTERNET AUX SOLDATS ?

Ces photos vont ainsi dans le sens de ceux qui accusent l’armée russe d’avoir franchi la frontière avec l’Ukraine, en dépit des dénégations officielles. Si le ministère de la défense russe s’est refusé à tout commentaire, le député communiste Vadim Soloviev a fourni comme explication :

« Ces soldats racontent n’importe quoi, qu’ils sont en Ukraine par exemple, juste pour crâner auprès de leurs petites amies. »

Ce parlementaire avait proposé en décembre un projet de loi pour une limitation de l’utilisation d’Internet par les soldats russes. Sans hésitation, il a profité de l’épisode des photos gênantes pour relancer son idée. Ces publications sur les réseaux sociaux sont selon lui un « danger pour la Russie : elles peuvent être utilisées par les Occidentaux à des fins d’espionnage ou de désinformation ».

Alexandre Golts, un expert en questions militaires, pense que le Kremlin va « certainement couper Internet — c’est plus simple et efficace ». L’expert dit comprendre « pourquoi cette loi est d’actualité : après tout, c’est grâce à des photos postées par des soldats que le monde entier a su que des forces spéciales russes étaient présentes en Crimée ».

« TRAVAILLER SUR LE ’BUK’ »

Les informations présentées par le compte Instagram du soldat russe Sanya Sotkin peuvent également jeter des doutes sur d’autres dossiers sensibles. Dans la légende d’une autre photo, il écrivait par exemple avoir passé un bon dimanche, « assis, à travailler sur le “Buk”, à écouter de la musique ».

Pour le site BuzzFeed, cela implique que les unités militaires russes postées à la frontière avaient en leur possession un système de missiles sol-air de moyenne portée de type « Buk » quelques jours avant que ne soit abattu, vraisemblablement par ce type d’arme, le vol MH17 de Malaysia Airlines dans l’est de l’Ukraine.

Mais le mot « Buk » pouvant aussi être l’abréviation russe de « notebook », le soldat pourrait en réalité avoir passé la journée à travailler sur son ordinateur, plutôt que sur un système de missiles.


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