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Écosse : le oui à l’indépendance progresse dans les sondages

dimanche 7 septembre 2014

Une enquête d’opinion publiée mardi donne 47% des voix aux indépendantistes. Une victoire du oui serait un choc pour le Royaume-Uni.

À la question « Should Scotland be an independant country ? » (L’Ecosse devrait-elle être un pays indépendant ?) qui leur sera posée le 18 septembre, 47% des Ecossais pourraient répondre « YES ». C’est ce que révèle un sondage publié mardi dans The Sun et The Guardian. C’est le deuxième sondage en quelques jours qui suggère une progression sensible des indépendantistes dans les intentions de vote : après des mois de stagnation, le oui a pris huit points en un mois. A un peu plus de deux semaines du référendum, la campagne d’Alex Salmond, leader du parti national écossais (Scottish National Party, SNP), pour quitter le Royaume-Uni n’a besoin que de trois points pour réussir son pari. L’écart avec les partisans de l’Union a été réduit de plus de moitié en deux semaines, un sondage du même institut les créditant de 14 points d’avance à la mi-août. Le principal enjeu sera donc la participation. Les Ecossais ont jusqu’à mardi minuit pour s’inscrire sur les listes pour participer au referendum. De nombreux observateurs prédisent une participation élevée, qui pourrait dépasser les 80%.

Pourtant, une pratique révélée ces derniers jours par la presse illustre bien l’indécision, voire l’indifférence d’une partie de la population au destin du pays : certains internautes ont mis en vente leurs votes aux enchères sur e-bay. Un des vendeurs a ainsi déclaré, selon le site Slate : « C’est mon propre morceau, unique, d’histoire britannique ! C’est mon vote OUI ou NON pour le référendum écossais de septembre. Déjà, moi, je n’en ai rien à faire de tout ça. Et mon vote pourrait être décisif, qui sait ? Je suis un citoyen écossais qui travaille dur, avec une maison, une épouse sublime, et deux beaux enfants, qui sont tout pour moi. Ce vote ne changera absolument rien à nos vies, donc j’ai décidé de ne pas voter en fonction de ma propre opinion mais plutôt de LA VÔTRE ! Joyeuses enchères ! »

Bien loin de cette légèreté potache, l’indépendance de l’Ecosse pourrait avoir de graves conséquences sur la scène internationale. À Bruxelles et à Madrid on ne cache pas son inquiétude : le précédent écossais pourrait donner le mauvais exemple aux indépendantistes flamands et catalans. A Barcelone on se réjouira donc. A Moscou aussi, où le Kremlin espère vivement la victoire du oui, autant pour confirmer le précédent de Crimée que pour affaiblir le Royaume-Uni, perçu par la Russie comme l’allié américain numéro un en Europe.

La fin de l’Union Jack ?

A Londres, on est plus qu’inquiet. Dimanche, The Guardian titrait « Quelque chose d’incroyable est en train d’arriver en Ecosse. Si le oui l’emportait, le choc serait terrible pour le Royaume-Uni ». Le référendum, prévu par les accords d’Edimbourg de 2012, est le troisième dans l’histoire du pays. Le premier en 1979, portant sur la création du Parlement écossais avait échoué faute de participation. C’est le deuxième referendum proposé en 1997 qui a débouché sur la création d’un gouvernement et d’un Parlement écossais autonomes.

En cas de victoire du oui, l’Ecosse ne pourra pas déclarer de jure son indépendance, puisque le pouvoir de modifier la Constitution appartient au Parlement du Royaume-Uni. C’est pourquoi le référendum est « consultatif » : théoriquement le résultat « n’aura aucun effet juridique sur le Royaume-Uni ». En réalité, ce dernier ne pourra faire autrement que négocier l’indépendance en cas de victoire du oui, car, comme l’a reconnu - à contrecœur- David Cameron lui-même, la consultation sera « légale » et « déterminante ».

Il suffit de savoir que 97% des ressources pétrolières du Royaume-Uni sont concentrées dans les eaux territoriales écossaises pour comprendre les conséquences économiques que pourrait avoir un tel choix pour Londres. Si le oui l’emporte, ce serait un naufrage politique pour Cameron. La progression du oui peut s’interpréter comme un refus des politiques d’austérité engagées à Londres, beaucoup plus conservatrice qu’Edimbourg, qui s’illustre par une tradition politique très ancrée à gauche.

L’indépendance de l’Ecosse pourrait remettre en cause la nature même du Royaume-Uni, comme l’a suggéré Carwyn Jones, premier ministre d’Irlande du Nord : « On ne peut pas simplement retirer l’Écosse et s’attendre à ce que le Royaume-Uni continue comme avant » (The Guardian, janvier 2012). La question se posera en effet de la relation qu’entretiendront les autres pays de l’Union. Les velléités d’indépendance pourraient gagner le Pays de Galles et l’Ulster.

Si le oui l’emporte, quid alors de l’Union Jack ? Le célèbre drapeau du Royaume-Uni crée en 1603 après l’Union des Couronnes d’Ecosse et d’Angleterre, pourrait bien perdre son fond bleu et la croix de Saint-André…


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