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Écosse : le « oui » à l’indépendance vire en tête

dimanche 7 septembre 2014

Pour la première fois, à 11 jours du scrutin, un sondage donne l’indépendance à 51 %. Un vent de panique souffle à Londres.

Ils ont longtemps attendu ce moment. Avec une foi indéboulonnable, les militants de l’indépendance écossaise ne se sont jamais laissé démoraliser par les sondages donnant sans relâche une large majorité aux partisans du maintien au sein du Royaume-Uni, convaincus de faire la différence au finish. Pour la première fois, un sondage place en tête le « oui » à l’indépendance, après une forte réduction de l’écart avec le « non » depuis quinze jours. Peter Kellner, président de l’institut YouGov, répétait à l’envi au début de l’été que le combat était plié d’avance. Quand l’écart s’est réduit à 6 points la semaine dernière, il a avoué avoir dû vérifier les chiffres par peur d’une erreur. Dimanche, quand son institut a donné 51 % d’intentions de vote au « oui », contre 49 % au « non », il a parlé de « Blitzkrieg ».

Ce sondage pour le Sunday Timesdoit toutefois être pris avec précaution. Les 2 points d’écart se situent dans les marges d’erreur. Une autre consultation réalisée la semaine dernière par l’institut Panelbase donne 52 % au « non » contre 48 % au « oui ». Cela n’empêche pas les leaders de la campagne « Yes Scotland » de sentir un frisson historique, à dix jours du référendum du 18 septembre. « Ce sondage spectaculaire montre que le “oui” gagne le plus de terrain », se réjouit Nicola Sturgeon, vice-première ministre écossaise et numéro deux du Scottish National Party (SNP). Le « oui » progresse dans presque toutes les catégories d’électeurs, les travaillistes, les plus jeunes, les femmes… Quelque 200.000 personnes, sur un électorat de 4,2 millions, sont allées en masse s’inscrire sur les listes électorales avant leur clôture mardi soir. On attend une participation record. Les indécis, encore à 8 %, semblent rallier en majorité le « oui ».

Pour tenter d’infléchir la course, les dirigeants des partis britanniques font miroiter en catastrophe aux Écossais davantage d’autonomie, s’ils restent dans l’union

À Londres, on prend la mesure de l’électrochoc. Hébétés, les Anglais se réveillaient dimanche matin à l’annonce par les chaînes d’information que le Royaume-Uni vivait peut-être ses derniers jours. Un « signal d’alarme » pour le chef de file de la campagne unioniste, Alistair Darling. L’ancien chancelier de l’Échiquier travailliste est critiqué de toutes parts pour la froideur et la mollesse de sa défense de l’union. Son échec par K.-O. dans le dernier débat télévisé face au leader indépendantiste, Alex Salmond, le 25 août, a marqué le début de l’inversion de la tendance.

Les états-majors politiques décrètent la mobilisation générale et envoient leurs troupes au nord du mur d’Hadrien espérant provoquer un sursaut. Pour tenter d’infléchir la course, les dirigeants des partis britanniques font miroiter en catastrophe aux Écossais davantage d’autonomie, s’ils restent dans l’union.

La reine Elizabeth « horrifiée »

Le premier ministre, David Cameron, s’est rendu dimanche en visite dans la résidence royale écossaise de Balmoral, où la reine achève son rituel séjour estival. La souveraine, informée au quotidien de l’évolution de la campagne, serait très préoccupée et « horrifiée » par la perspective du démantèlement de son royaume, même si les nationalistes promettent de la garder comme chef d’État. Cameron avoue sa « nervosité ». Pas seulement pour le sort de l’Écosse, mais aussi pour le sien. S’il a assuré qu’une victoire du « oui » n’entraînerait pas sa démission, ce n’est pas l’avis d’une bonne partie de ses amis. Selon les commentateurs politiques, le premier ministre qui aurait mené à l’éclatement d’une union tricentenaire ne pourra pas se maintenir au pouvoir. Le député conservateur Edward Leigh prédit « une humiliation nationale aux proportions catastrophiques ». La crise politique et constitutionnelle entraînerait un séisme d’ampleur inégalée, rebattant totalement les cartes avant les élections de mai 2015.

Ce lundi, les yeux sont tournés vers les marchés financiers, la livre sterling ayant commencé à dévisser la semaine dernière après la réduction de l’écart entre le « oui » et le « non ».


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