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Edito du « Monde » : Et maintenant, monsieur le Président ?

dimanche 17 août 2014

Edito du « Monde ». Mieux que les responsables de la droite ou les frondeurs de la gauche, c’est le ministre des finances qui vient de résumer exactement l’impasse économique dans laquelle se retrouvent aujourd’hui François Hollande et Manuel Valls.

« Mieux vaut assumer ce qui est, plutôt que d’espérer ce qui ne sera pas », a asséné Michel Sapin, hier, dans ces colonnes. La formule est aussi juste que cruelle pour le chef de l’Etat. Elle sonne le glas de toutes les illusions qu’il a entretenues depuis deux ans.

MIRAGES

Emploi, déficits, croissance : chacun se souvient des promesses et prévisions présidentielles. La courbe du chômage qui devait s’inverser en 2014. La « reprise » qui « est là », comme il l’assurait le 14 juillet 2013. Le « grand retournement » de la conjoncture européenne, qu’il annonçait encore au printemps. Les déficits publics ramenés à 3 % du produit intérieur brut (PIB) d’ici à fin 2015, après l’année de grâce déjà accordée par Bruxelles.

Implacablement, les chiffres ont effacé ces mirages. Mois après mois, le chômage continue de battre des records, faute de croissance. La reprise ? Elle s’éloigne au fur et à mesure qu’on avance : après deux trimestres de croissance zéro, le gouvernement est obligé de réviser à la baisse les prévisions, pourtant modestes, sur lesquelles était bâti le budget de cette année.
Le rebond de la conjoncture européenne ? Il n’est pas au rendez-vous, puisque le PIB de la zone euro a stagné au deuxième trimestre, du fait notamment de la contraction de l’économie allemande. Quant à la réduction des déficits à laquelle la France s’est engagée pour 2014 et 2015, Michel Sapin admet désormais qu’elle est hors de portée. Sans oublier la déflation qui menace et la censure récente par le Conseil constitutionnel des mesures de soutien à la consommation prévues par le pacte de responsabilité.

Fin des châteaux en Espagne, donc, et de cet optimisme que le président de la République affichait contre vents et marées, dans l’espoir de conjurer le mauvais sort. Forcé et contraint par la réalité, voilà le pouvoir exécutif obligé d’admettre que ses espoirs de reprise étaient vains. Après le temps du déni, voici venu celui de la « lucidité », de la « vérité » et de la « sincérité », selon les termes du ministre des finances.

L’aveu est salutaire. Il n’est pas suffisant. Car ce que les Français attendent désespérément, c’est le temps des solutions et, si possible, des résultats. Or, ils ne voient ni les unes ni les autres.

SORTIR DE L’ORNIÈRE

Le gouvernement peut bien mettre en avant son pacte de responsabilité, destiné à restaurer la compétitivité des entreprises françaises. Il peut mettre au point des mesures alternatives pour réparer la censure du Conseil constitutionnel. Il peut préparer un plan de relance du logement. Il peut maintenir son effort de maîtrise de la dépense publique. Il peut encore œuvrer en faveur d’une réorientation plus dynamique des politiques économiques européennes.

Rien de tout cela n’est inutile. Mais rien de tout cela n’est, à l’évidence, suffisant. Ni de nature à convaincre le pays que le gouvernement se donne tous les moyens de le sortir de l’ornière où il est enlisé depuis six ans.

Pour le chef de l’Etat, le défi est redoutable. Depuis deux ans, il a perdu l’essentiel de son crédit à « espérer ce qui ne sera pas ». Le pire, désormais, serait qu’il apparaisse désarmé. Il doit désormais proposer des solutions. Quel qu’en soit le risque politique.


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