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Égypte : 11 condamnés à mort après des émeutes lors d’un match de foot

dimanche 19 avril 2015

Ils étaient jugés pour leur participation présumée à des heurts meurtriers lors d’une rencontre entre les clubs d’Al-Masry et Al-Ahly en février 2012

Onze supporteurs ont été condamnés dimanche à la peine capitale en Égypte lors d’un nouveau procès des émeutes ayant fait 74 morts dans un stade après un match de football en 2012 à Port-Saïd. En février 2014, une cour d’appel avait ordonné un nouveau procès pour 73 accusés après avoir annulé le verdict d’un tribunal qui en avait condamné 21 à mort. Ils étaient jugés pour leur participation présumée en février 2012 à des émeutes meurtrières à l’issue d’un match de première Ligue remporté par le club de Port-Saïd, Al-Masry, contre les stars cairotes d’Al-Ahly. Le juge du tribunal du Caire qui prononçait les peines dimanche a ajourné au 30 mai le verdict pour les autres accusés, tout comme la confirmation ou non des 11 condamnations à mort, après avoir recueilli l’avis non contraignant du mufti d’Égypte.

Les 11 condamnés à la peine capitale - dont deux en fuite - peuvent faire appel. Ils font partie des 61 supporteurs jugés lors de ce nouveau procès. Les autres accusés sont neuf policiers et trois membres de l’encadrement du club d’Al-Masry. Les émeutes de Port-Saïd, dans le nord-ouest du pays, sont à ce jour les plus meurtrières qu’ait connues l’Égypte dans le cadre de matches de football, qui provoquent régulièrement des heurts entre supporteurs et entre ces derniers et la police.

Mouvement anti-policiers

Les jeunes "ultras", fans souvent violents des équipes de football, avaient activement participé, notamment au Caire, à la révolte populaire qui avait chassé du pouvoir le président Hosni Moubarak début 2011. Ce mouvement, dans la lignée du Printemps arabe, était à l’origine tourné essentiellement contre les policiers, accusés d’avoir fréquemment recours impunément à la violence, à la torture et aux exécutions extrajudiciaires. Depuis, la police est régulièrement soupçonnée de ne pas intervenir, sciemment, lors de heurts entre supporteurs, par vengeance. C’est ce qui s’est passé à Port-Saïd, selon les supporteurs d’Al-Masry et les avocats des jeunes accusés.

Ainsi, dans les jours qui avaient suivi le drame de Port-Saïd, les ultras du club d’Al-Ahly avaient manifesté au Caire pour crier vengeance, et 16 personnes avaient été tuées dans les heurts avec la police. Après Port-Saïd, le gouvernement avait banni les supporteurs des stades et imposé le huis clos pour toutes les rencontres de première ligue. Mais le 8 février dernier, alors que les autorités avaient recommencé à autoriser le public à assister à certains matches, dans un nombre restreint cependant, des violences avaient conduit à une nouvelle hécatombe au Caire : 19 supporteurs avaient été tués à l’entrée d’un stade avant la rencontre entre Zamalek, le deuxième club-phare de l’Égypte, et l’équipe d’Enppi. Les victimes avaient succombé, piégées entre les grillages d’une étroite cage les canalisant vers l’unique porte d’entrée du stade, dans une bousculade provoquée, selon de nombreux témoignages, par les tirs intenses de grenades lacrymogènes par les policiers.

La police, qui réfute cette thèse et accuse l’opposition islamiste d’avoir organisé ces violences, avait arrêté 16 personnes, dont 12 supporteurs. Le 17 mars, le parquet les a renvoyés devant un tribunal qui les juge notamment pour meurtres. Depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi le 3 juillet 2013, ses partisans sont la cible d’une sanglante répression de la part du pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi, l’ex-chef de l’armée qui renversa le premier chef de l’État élu démocratiquement en Égypte.


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