MosaikHub Magazine

Ferguson : tout un symbole, et après ?

lundi 10 août 2015

Le 9 août 2014, Darren Wilson, un agent de police blanc, tue Michael Brown, un jeune Afro-Américain. Un an plus tard, qu’en est-il des bavures racistes ?
Par Jean Delterme

Il y a tout juste un an, le décès de Michael Brown, ce jeune Afro-Américain mort des suites d’une altercation avec un policier blanc à Ferguson, Missouri, avait relancé le débat sur les bavures policières et la discrimination raciale envers les Noirs. Un an plus tard, force est de constater que le problème demeure.

Une enquête publiée par le Washington Post sur les violences policières mortelles aux États-Unis révèle en effet qu’entre janvier et juin 2015, 585 personnes ont été tuées par la police américaine. On dénombre 291 Blancs, 147 Noirs et 92 Hispaniques principalement. Tous étant armés. Jusqu’ici pas de signe particulier de discrimination. En revanche, sur les 60 cas de personnes tuées sans être armées, 24 étaient noires, soit plus de 40 % des victimes non armées.

Ferguson, Cleveland, North Charleston, Baltimore ou plus récemment Arlington, toutes ces villes sont imprégnées de ce malaise social et culturel qui plane sur les affaires de meurtres entre policiers blancs et « délinquants » noirs.

L’histoire se répète

Depuis qu’il a succombé aux balles de l’agent Darren Wilson - qui le soupçonnait d’avoir volé des cigarillos -, Michael Brown est devenu la figure symbolique de la discrimination raciale toujours aussi persistante envers les Noirs dans la société américaine. Dans l’affaire, l’agent de police Darren Wilson a été acquitté à deux reprises par un grand jury de Saint-Louis en plus du ministère de la Justice, qui lui a reconnu la légitime défense.

Mais la mort de Brown n’est pas la seule symptomatique d’un problème. À Cleveland, le 22 novembre 2014, Tamir Rice, 12 ans, est tué par un officier alors qu’il joue dans un parc avec un pistolet en plastique. Dans la même ville deux ans plus tôt, Michael Brelo, un policier innocenté depuis, attendait qu’une voiture en fuite soit à l’arrêt pour tirer 49 balles debout sur le pare-brise tuant ainsi le couple afro-américain à bord. À North Charleston, un policier blanc a criblé de 8 balles dans le dos Walter Scott, Afro-Américain de 50 ans, tandis qu’à Baltimore, Freddie Gray, 25 ans, a été interpellé si violemment par trois policiers blancs et trois policiers noirs qu’il a succombé à ses multiples blessures.

Les hommages dégénèrent

Dernier en date, à Arlington au Texas, Christian Taylor, 19 ans, est tué dans la nuit du 6 au 7 août. Deux policiers sont intervenus découvrant la vitrine d’un concessionnaire automobile défoncée par un véhicule. Ils encerclent le bâtiment, repèrent le suspect qui résiste et tente de s’enfuir. Dans la confrontation, Brad Miller, policier blanc de 49 ans, tire et tue Christian Taylor. Samedi dernier, Will Johnson, chef de la police d’Arlington, a réagi sur la situation : « Cet événement n’est pas un acte isolé. Il s’est produit alors que notre pays se débat avec les questions de justice sociale, d’inégalités, de racisme et d’infractions policières. » Will Johnson a d’ailleurs demandé au FBI d’enquêter sur l’affaire Christian Taylor.

Ce week-end, alors que se tenait une commémoration en l’honneur de Michael Brown, les hommages ont dégénéré à Ferguson. La récente affaire Christian Taylor n’a dû en rien arranger le contexte bien préoccupant. Les tensions rendent la situation critique dans le pays, particulièrement dans la banlieue de Saint-Louis.


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie