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Diplomatie/ Relations bilatérales

Haïti peut encore compter sur la solidarité du Venezuela

vendredi 1er avril 2016

Une délégation officielle vénézuélienne, conduite par le vice-président exécutif Aristóbulo Istúriz Almeida, était dans nos murs, ce jeudi 31 mars 2016, aux fins de payer une visite historique au peuple haïtien et de raffermir des liens d’amitié, de fraternité et de solidarité vieux de deux siècles.

« Vous êtes ici chez vous comme Simon Bolivar s’est senti chez lui lors de son séjour deux siècles plus tôt », a déclaré Énex Jean-Charles, Premier ministre haïtien, à l’attention de la délégation vénézuélienne venue commémorer en grande pompe les 200 ans du départ de l’expédition révolutionnaire et abolitionniste de Simon Bolivar partie des Cayes, le 31 mars 1816, en direction de l’île de Margarita au Venezuela.

S’il était beaucoup question de Pétion et de Bolivar, de l’appui inconditionnel du fondateur de la République d’Haïti au révolutionnaire sud-américain, l’ombre de deux autres immortels planait sur cette visite hommage. Il s’agit d’abord du feu commandant Hugo Chavez, ancien président de la République bolivarienne du Venezuela, l’initiateur du programme PetroCaribe, un titan de la solidarité latino-américaine, pour reprendre les mots du chef de gouvernement haïtien.

Ce dernier, au nom du peuple haïtien, a tenu à honorer de fort belle manière la mémoire de l’ancien président vénézuélien, grand ami d’Haïti, qui a passé l’arme à gauche 3 ans de cela. Ainsi, l’inauguration ce jeudi de la place de l’aéroport, située entre le boulevard Toussaint Louverture et l’avenue Maïs-Gâté, a sans doute pour vocation de perpétuer la mémoire du défunt en Haïti. Selon Enex Jean-Charles, cette inauguration n’est pas le fruit du hasard.

La place, qui fait 40 500 m2 de superficie, porte d’ailleurs le nom de l’ancien président Hugo Chavez. Sa photo est partout visible, souriant avec bonhommie et affabilité, loin de ses sempiternelles diatribes à l’encontre des ennemis de la révolution bolivarienne. Sur la demande du Premier ministre haïtien, un moment de silence a été observé à la mémoire du feu commandant. L’assistance, composée notamment de membres du gouvernement et du Parlement, de diplomates étrangers et d’officiels vénézuéliens, s’est unanimement mise debout pour saluer pour une énième fois le départ pour l’au-delà du leader vénézuélien.

Quelques minutes auparavant, sous un soleil de plomb, au rythme de l’hymne national des deux pays, la statue d’Hugo Chavez a été dévoilée et, à ses pieds, ont été déposées les traditionnelles gerbes de fleurs et une représentation de l’expédition qui partit des Cayes 200 ans plus tôt a été donnée par les forces armées du Venezuela. Sous l’œil bienveillant de Toussaint Louverture, l’autre immortel, qui a marqué quelques-unes de nos plus belles pages d’histoire comme étant le génial précurseur de notre indépendance.

Pour sa part, le vice-président exécutif du Venezuela, Aristóbulo Istúriz Almeida, revêtu de la chemise rouge, si chère au feu commandante, a reconnu que la dette de son pays envers Haïti et envers Pétion est éternelle. « Nous sommes venus payer une dette historique […] Nous sommes aussi les fils de Pétion », a-t-il martelé, en véritable tribun, suscitant des salves d’applaudissements.

« Haïti peut compter sur nous », a-t-il poursuivi. « Nous avons été et nous serons toujours au service du peuple haïtien », a promis le vice-président exécutif vénézuélien en réponse au Premier ministre Jean-Charles qui avait déclaré tantôt que, 200 ans plus tard, la solidarité entre Haïti et le Venezuela se porte bien.

Un soutien à l’allure de bouffée d’oxygène pour Haïti à un moment où l’économie des deux pays est à la traîne. L’une minée par une sévère sécheresse, l’autre endurant les contrecoups de la chute vertigineuse du prix du pétrole dont elle dépend à 96% pour engranger ses revenus. Pas un mot sur les arriérés que le BMPAD doit payer à PDVSA, l’entreprise en charge de la gestion de PetroCaribe. L’heure était à la consécration de l’amitié, la fraternité et la solidarité unissant les deux peuples. Ce qui n’a pas empêché outre mesure Aristóbulo Istúriz Almeida de décocher une flèche aux ennemis du processus révolutionnaire bolivarien qui, selon lui, mène une guerre économique contre le Venezuela.

AUTEUR

Patrick Saint-Pre

sppatrick@lenouvelliste.com
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