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Il y a dix ans, Israël évacuait Gaza

mardi 18 août 2015

C’est un musée privé qui retrace la vie des habitants du Gush Khatif, les colons de Gaza. Un film montre leur évacuation il y a dix ans par les soldats israéliens, une évacuation douloureuse. Roni Zusman, qui tient l’accueil du musée, s’en souvient. Elle vivait au Gush Khatif, elle avait douze ans à l’époque : « Nous avons construit une vie incroyable durant 30 ans. Et les soldats sont venus nous évacuer. C’était nos soldats, nos frères, alors c’était très difficile car on ne savait pas comment réagir, on ne voulait pas de blessés. Pour eux aussi c’était compliqué. »

Ariel Sharon, le Premier ministre israélien de l’époque, a ordonné l’évacuation des colons de Gaza, officiellement pour des raisons de sécurité. Mais pour Roni Zusman, l’évacuation fut une erreur : « Le gouvernement avait décidé de nous installer à Gaza il y a trente ans pour mieux contrôler cet endroit. Après notre évacuation, il n’y a plus eu de contrôle du tout ! Tous les trois ans, Israël est obligé d’intervenir à Gaza, alors oui l’évacuation était une erreur. »

Les colons du Gush Khatif ont été relogés à l’extérieur de Gaza. Ils gardent une nostalgie du lieu, même si leur présence à Gaza, comme dans d’autres territoires palestiniens, est illégale au regard du droit international.

■ Vu de Gaza

Côté palestinien, le départ des colons a été la source d’une immense joie. Dix ans plus tard, la vie des gazaouis est compliquée par le blocus israélien mais les habitants sont fiers de la libération d’une partie de leur territoire.

Avec notre envoyé spécial à Gaza, Nicolas Ropert

Résident du quartier d’Al Mawassi, à côté de Khan Younes, Abu Mohammad se souvient comme si c’était hier de la vie avant 2005. Cet ouvrier de la construction avait 18 ans au moment du retrait israélien. Le quartier était jusqu’alors une enclave encerclée.

« Notre plus grande difficulté, c’était de quitter notre maison. En temps normal, ce n’était pas facile il fallait passer un check-point. Mais s’il y avait une attaque contre la colonie, cela devenait impossible. Il y avait des représailles de la part des colons et de l’armée. On restait bloqué plusieurs heures. Et personne ne pouvait venir nous apporter même de la nourriture », se rappelle Abu Mohammad.

Le désengagement israélien a transformé la vie des habitants. L’événement a été célébré par tous les Palestiniens. Fadi Hamouda qui travaillait pourtant comme agriculteur dans la colonie israélienne ne regrette pour rien au monde ce départ.

« Je ne pourrais jamais oublier de jour là. C’était le plus beau jour de ma vie. J’étais encore plus heureux que pour mon anniversaire ou mon mariage. Notre vie quotidienne s’est grandement améliorée. Mais 10 ans plus tard, d’autres problèmes nous empêchent de vivre correctement notamment à cause du blocus israélien qui dure depuis des années maintenant », analyse-t-il.

Les colonies et les bases militaires israéliennes recouvraient 30 % de la surface de la bande de Gaza. Un espace désormais utilisé pour l’agriculture mais aussi pour des logements et même des parcs d’attractions.

On peut dire que dix ans après le retrait israélien, le bilan est très dramatique sur tous les niveaux

Ziad Medoukh

directeur du département de français à l’université d’Al Aqsa
15/08/2015 - par Nicolas Ropert


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