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Irak : le premier ministre déchu dénonce une « dangereuse violation » de la Constitution

lundi 11 août 2014

Alors que les djihadistes de l’Etat islamique (EI), qui contrôlent déjà une bonne partie du nord du pays, continuent leur avancée vers Bagdad, le gouvernement irakien, lui, continue de s’effondrer lentement. Mis de facto à l’écart, lundi 11 août, après une lutte ouverte avec le président, Fouad Massoum, le très contesté Nouri Al-Maliki a dénoncé ce qui constitue selon lui « une dangereuse violation » de la Constitution irakienne, affirmant : « Nous corrigerons cette erreur. » Dans un enregistrement diffusé à la télévision, il s’en est pris à Washington, qui « s’est tenu aux côtés de ceux qui ont violé la Constitution ».

L’Alliance nationale, la principale coalition chiite au Parlement qui comporte le parti de M. Al-Maliki, a officiellement désigné Haïdar Al-Abadi comme nouveau premier ministre. Le président Massoum l’a confirmé, et l’a ensuite chargé de former dans les trente jours le nouveau gouvernement. « Le pays est entre vos mains », lui a-t-il dit.

Haïdar Al-Abadi, issu du même parti que le premier ministre déchu, dont il est considéré comme un proche, a promis de former un gouvernement d’union « pour protéger le peuple irakien ». Ajoutant de la confusion à une situation déjà peu lisible, le parti des deux hommes, Dawa, a publiquement rejeté la nomination de M. Al-Abadi et lui a retiré tout soutien politique.

LA FIN POLITIQUE D’AL-MALIKI ?

Cette succession rapide d’événements politiques semble avoir scellé le sort de Nouri Al-Maliki. Dès dimanche soir, il avait accusé Fouad Massoum d’avoir violé la Constitution, au prétexte qu’il ne lui avait pas confié la formation d’un nouveau gouvernement.

La Cour fédérale lui avait donné raison, soulignant que, selon la Constitution, le président devait désigner un chef de gouvernement issu de la première force du Parlement. Or le parti de Nouri Al-Maliki était le groupe politique le plus important après avoir remporté les législatives tenues en avril dernier. Le président irakien, avec le soutien des Occidentaux, est passé outre cette décision de justice.

Les Etats-Unis se sont empressés de féliciter le nouveau premier ministre désigné, le vice-président américain, Joe Biden, saluant « une étape cruciale » après des mois de blocage politique. La France et la Turquie ont également salué la décision, tout comme l’ONU.

Critiqué pour son autoritarisme et pour son choix de marginaliser la minorité sunnite, accusé de s’accrocher au pouvoir alors que le pays s’écroule autour de lui, Nouri Al-Maliki tente à tout prix de s’assurer un troisième mandat, malgré l’opposition des sunnites, des Kurdes, de certains chiites et des pays occidentaux.

Son attitude a suscité l’ire des Américains, qui avaient pourtant orchestré son arrivée à la tête du gouvernement, en 2006, alors qu’ils occupaient le pays. Ils l’ont prié de ne pas ajouter une crise politique aux urgences militaire et humanitaire. D’autant que Washington vient, pour la première fois depuis le retrait de ses troupes du pays, en 2011, de s’impliquer directement en Irak en menant des frappes aériennes contre des positions djihadistes dans le Nord.

DES DJIHADISTES À UNE CENTAINE DE KILOMÈTRES

Confrontée à une situation potentiellement explosive, la capitale était quadrillée par un nombre inhabituel de forces de sécurité, proches de M. Al-Maliki. Plusieurs grandes artères étaient bouclées, des ponts fermés, et la « zone verte », où sont installées les institutions-clés du pays, encore plus protégée que d’ordinaire. Les Nations unies ont appelé les forces irakiennes à « s’abstenir d’agir de manière à interférer » dans la transition politique.

Les dernières avancées des troupes djihadistes dans le nord du Kurdistan, deviennent de plus en plus préoccupantes, malgré les bombardements américains et la riposte de combattants kurdes. Lundi, la ville kurde de Djalaoula est tombée après des semaines de combats entre des djihadistes et les peshmergas (combattants kurdes) qui la défendaient. Sa prise permet à l’EI de renforcer son encerclement de Bagdad par le nord.


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