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Israël : Valls se heurte à Netanyahu

lundi 23 mai 2016

Le Premier ministre israélien propose de rencontrer Mahmoud Abbas en face-à-face. Il rejette la proposition française d’une conférence internationale.

Source AFP

Des discussions bilatérales plutôt qu’une conférence internationale : c’est la contre-proposition de Benjamin Netanyahu à Manuel Valls pour relancer l’effort de paix avec les Palestiniens. Les Français s’attendaient à la résistance de Benjamin Netanyahu à leur initiative pour ranimer une entreprise de paix moribonde. Benjamin Netanyahu ne les a pas surpris en refusant "les conférences internationales à la manière onusienne" et les "diktats internationaux". Les négociations bilatérales entre Israéliens et Palestiniens sont "le seul moyen de progresser vers la paix", a-t-il dit, répétant une objection exprimée depuis des mois.

Benjamin Netanyahu a cependant déjoué les attentes en préconisant "une initiative française différente" : c’est la France qui accueillerait ces discussions bilatérales entre le président palestinien Mahmoud Abbas et lui. "Cela s’appellerait l’initiative française", a-t-il dit, "à cette différence près : je serai seul assis directement face à face avec le président Abbas, à l’Elysée ou là où il vous plaira". Paris "serait un endroit merveilleux pour signer un accord de paix", a-t-il dit plaisamment.

Une contestation "non-agressive"

Le Premier ministre français a répondu poliment avoir "entendu la proposition", dont il parlera avec le président François Hollande. "Tout ce qui peut contribuer à la paix et aux discussions directes, nous sommes preneurs", a-t-il affirmé. En réalité, commentait-on côté français, la contre-offre est une manière un peu plus imaginative de dire la même chose.

Benjamin Netanyahu s’est constamment opposé à l’idée de conférence internationale et s’est toujours dit prêt à rencontrer Mahmoud Abbas à tout moment et en tout lieu. "La seule nouveauté, c’est de proposer de le faire à Paris", disait-on dans l’entourage de Manuel Valls. Au cours de son entretien, le Premier ministre français a été confronté à une "contestation claire", rapportait-on, même si la manière était "non-agressive, très franche et constructive".

Manuel Valls rencontrait Benjamin Netanyahu pour défendre le projet français de réunir à l’automne une conférence de paix internationale. Paris a prévu d’en jeter les bases le 3 juin en réunissant les chefs de la diplomatie d’une vingtaine de pays et les représentants de grandes d’organisations internationales, mais sans participation israélienne ni palestinienne.

Un seul objectif : la paix

Paris veut recréer une dynamique internationale autour d’une "solution à deux États" israélien et palestinien coexistant en paix, et mettre fin à un statu quo qui menace de dégénérer en une nouvelle escalade dans une région déjà en proie au tumulte. Les Territoires palestiniens et Israël sont en proie à des violences qui ont coûté la vie à plus de 200 Israéliens et Palestiniens depuis le 1er octobre. Une Palestinienne, la première depuis trois semaines, a été abattue lundi après avoir tenté de poignarder des policiers en Cisjordanie occupée, selon la police israélienne.

Les Palestiniens se disent lassés des tractations bilatérales ne menant nulle part, aggravant le fait accompli de l’occupation et de la colonisation et éloignant toujours davantage la création d’un État indépendant. Ils sont acquis au projet français. Quant aux Français, leur initiative part dans une large mesure du constat que les approches bilatérales ont échoué. La conférence du 3 juin "a un seul objectif : la paix, pour deux États, deux peuples", a déclaré le Premier ministre français devant son homologue israélien.

Une visite en Cisjordanie

Face aux journalistes, Manuel Valls s’est voulu "très lucide" sur les chances de succès. "Nous ne sommes pas avant (les accords de paix d’Oslo. La colonisation, en plus, elle s’est déployée. Il y a le mur" de séparation israélien d’avec la Cisjordanie. Depuis le début de sa visite dimanche, Manuel Valls a multiplié les gestes symboliques et les gages d’amitié, y compris personnelle, envers Israël, tout en répétant que "la colonisation doit cesser".

Sa visite intervenait alors que Benjamin Netanyahu négociait l’entrée dans son gouvernement de l’ultranationaliste Avigdor Lieberman, figure détestée des Palestiniens, au ministère clé de la Défense. Au moins une querelle entre la France et Israël est-elle "derrière nous", selon les mots de Manuel Valls : le vote mi-avril par la France d’une résolution controversée de l’Unesco sur Jérusalem. Benjamin Netanyahu a remercié la France d’avoir reconnu son erreur.

Manuel Valls est passé lundi après-midi dans les Territoires palestiniens pour visiter en Cisjordanie occupée un projet de coopération franco-palestinien sur l’eau, puis un projet de restauration cofinancé par la France, et des fresques de la basilique de la Nativité à Bethléem où le Nouveau Testament situe la naissance du Christ. Manuel Valls achèvera son déplacement mardi par un entretien avec son homologue palestinien Rami Hamdallah à Ramallah.


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