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Jérémie/première édition carnaval Konparèt

Jérémie, le carnaval Konparèt réalisé au forceps !

lundi 23 février 2015

Jérémie a réalisé son carnaval « Konparèt », du nom de sa pâtisserie, chez “Antoine nan Gomye”. Cette première expérience a fait voir de toutes les couleurs au comité organisateur qui n’a pas eu l’appui du gouvernement. Mais la motivation des initiateurs n’est pas ébranlée pour autant.

Gommiers, un cadre idéal pour le rêve et le plaisir. Cinq kilomètres d’une route nationale No 7 bétonnée, longée par une magnifique plage, dont une mer mousseuse caressant le sable et le gravier auxquels les cocotiers offrent leur ombre généreuse. Le littoral des Gommiers, dépendant de Roseaux, commune de la Grand’ Anse, a accueilli les festivités carnavalesques des 15 et 16 février 2015.

Avant même la tragédie, survenue le deuxième jour gras au Champ de Mars et qui, en endeuillant la nation, a tout annulé pour le troisième jour, les entrepreneurs jérémiens, qui avaient eu l’idée de ce changement de site pour la réalisation du carnaval de Jérémie, vivaient déjà leur propre drame, mêlé d’une certaine satisfaction.

Un mélange d’amertume et de ravissement

Une première promesse a été tenue. Au bal masqué du samedi, où la reine des reines (Soleil) a été élue, Jean Jean Roosvelt et le Galaxy Band ont conquis les cœurs d’un public constitué de toutes les générations confondues, dont des sexagénaires et des octogénaires qui rebutaient longtemps à participer à des activités festives, et en plus, nocturnes !

Mais tout n’était pas rose pour les organisateurs. Ils l’avaient prédit, « le changement rebute ! ». Mais l’opposition à laquelle ils savaient qu’ils allaient devoir faire face alimentait quelque peu leur détermination, suivant les mots, recueillis par le Journal, de Gina Legagneur, Concepcia Pamphile et Rose François (Voir Le Nouvelliste du 13 février).

« Nous avions seulement 43 jours, et rien en main, sinon les premières cotisations des membres du comité, pour préparer ces trois jours gras », insiste Mme Pamphile. S’exprimant au nom du comité, elle estime le niveau de réussite du projet seulement à 50%. Un succès partiel dû, selon elle, à l’atmosphère originale créée par « Areus, l’homme ours », disparu longtemps du carnaval de Jérémie, les mardi-gras paille, les zombis, les Indiens, les trieuses de café, les masques représentant de célèbres poètes jérémiens, les jeunes danseuses de la troupe Calebasse, les ravissantes jeunes filles illuminant des éclats de leur beauté, des chars (des motos à trois roues préparées pour la circonstance), incarnant les reines Soleil, Anacaona et des fleurs, les affranchis, des mariés et la Sirène… ».

« Nous nous sommes donné beaucoup de mal, confie Mme Pamphile, pour montrer au monde quelque chose de splendide, pour montrer que la Grand’ Anse peut produire beaucoup en comptant sur la volonté agissante de ses fils et amis. Mais, c’était compter sans les détracteurs qui ont essayé de nous mettre en pièces ! », révèle notre interlocutrice, avec l’amertume dans la voix.

Au-delà des dettes, le pouvoir de l’action

Le journal Le Nouvelliste a été sur place, en effet. Tant par curiosité que par goût du plaisir et par esprit d’évasion. Les carnavaliers, le premier jour, ont assiégé la plaine des Gommiers. Ils perdront leur bonne humeur après la tombée du crépuscule. Le parcours tardant à être éclairé, bon nombre d’entre eux, la mort dans l’âme, se précipiteront de rentrer à Jérémie, ruminant leur colère et des critiques acerbes qui se répercuteront sur les réseaux sociaux.

« 5 millions de gourdes pour nous offrir seulement ça ! », écrira un mécontent sur un réseau social. En réalité, le comité organisateur, qui s’est ouvert à la RTNH, n’a rien reçu du gouvernement. Mme Pamphile confirme. Non subventionné par le gouvernement, dépourvu donc de ressources financières, le comité n’a pas pu honorer le contrat pour l’éclairage. Il s’est alors rabattu sur la PNH qui a mis à sa disposition un puissant projecteur, mais insuffisant pour inonder de lumière trois kilomètres de plaine, ombragée des deux côtés par des arbres !

Le deuxième jour, meilleure prise en charge. Le désir fou de s’amuser a ramené à Gommiers des Grand’Anselais non dissuadés par un accident de circulation, survenu à mi-parcours du site des réjouissances et ayant provoqué une jambe brisée d’un motocycliste. Si le problème de l’éclairage s’est encore posé, des stands se sont procuré, en prévision du problème, leur propre source d’énergie électrique. Mais encore une fois, le Galaxy Band n’a pas pu jouer, pourtant du matériel avait été acheté à crédit pour ce faire !

« Le Comité confesse, Mme Pamphile, est donc accablé de dettes. Mais, réaliser ce carnaval, soutient-elle, d’une voix énergique, a constitué pour nous un défi à relever, notre plus grande satisfaction c’est d’avoir osé et essayé. Nous remercions nos supporters et nous assurons, avec les leçons apprises de cette première expérience, que maintenant nous disposons de plus de neuf mois pour faire de la deuxième édition du carnaval Konparèt, en 2016, une pleine réussite » !

AUTEUR

Yvon Janvier jyvon212gmail.com


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