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Jude Célestin se tait, Jovenel Moïse se bat

mardi 19 avril 2016

Ce lundi 18 avril, l’évidence dont personne ne parle est la non-tenue d’élections le 24 avril. Cela va de soi, semble-t-il.

Personne ne croyait au soir du 7 février, le jour du départ de Michel Martelly, que des élections allaient se tenir aussi vite en Haïti. Le 14 février, jour de l’élection par le Parlement de Jocelerme Privert, personne ne parlait de cette éventualité non plus.

Même après les diverses manifestations du PHTK, même après la sortie remarquée du secrétaire d’État américain John Kerry, même après la tentative de bloquer la capitale ce lundi avec des barricades enflammées non revendiquées dans plusieurs quartiers, personne ne croit que cela va nous mettre sur la route prese prese des élections attendues.

Une autre évidence de la conjoncture prend corps dans le comportement des deux candidats classés en tête de l’élection présidentielle organisée en 2015 par le CEP de Pierre-Louis Opont. Jude Célestin se mure dans un silence assourdissant, comme si rien de ce qui se passe ne le concerne alors que Jovenel Moïse se débat dans un semblant de campagne électorale.

Si le silence de Célestin sied bien au personnage qu’il est depuis la deuxième moitié des années 90, mutisme qu’il a perfectionné du temps qu’il était candidat à la présidence en 2010, l’activisme de Jovenel Moïse lui va comme un gant. Sauf que, dans un cas comme dans l’autre, l’opinion publique s’en balance. Jude et Jovenel sont devenus politiquement transparents.

Tentative de lancer sa campagne électorale au Cap-Haïtien sans que le CEP ouvre la période, multiples conférences de presse sans annonce majeure, nombreuses manifestations sans présence du leader, visites à l’étranger dans la diaspora qui ne font pas recette, jusqu’à sa rencontre ce lundi avec Luis Almagro, le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), Jovenel ne désarme pas. Il se remue et parle, agit et pense campagne électorale, sans se décourager.

Jude Célestin cultive la discrétion, surjoue l’absence. On ne peut rien lui reprocher, rien est le dénominateur commun de son inaction.

Samedi, le candidat du PHTK était, lui, sur ses terres dans le Nord-Est avec l’ambassadeur d’Allemagne accrédité en Haïti. On ne sait plus si Jovenel Moïse portait son costume de candidat ou celui d’ancien entrepreneur agricole tant l’une des images tue l’autre. Entre ses bananiers et ses piments zwazo, Jovenel Moïse a projeté l’ombre d’un avenir compliqué.

Avec l’avènement prochain de la commission de vérification, le jeu peut porter Jude et Jovenel à conjuguer ensemble leurs forces et leurs faiblesses pour rester dans la course. Car le jeu de l’élimination commence. Personne ne sera épargné. Ni Jocelerme Privert, ni les candidats, ni le Conseil électoral, ni le Parlement, ni le processus démocratique lui-même.

AUTEUR

Frantz Duval duval@lenouvelliste.com

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