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L’onde de choc Netflix fait tanguer les télés françaises

lundi 15 septembre 2014

En France, Netflix est disponible pour 7,99 euros par mois et sera finalement accessible sur les box de Bouygues les plus récentes dès novembre.

Le géant américain Netflix a lancé lundi en France son service de vidéo illimité, sur Internet et bientôt sur les box de Bouygues Télécom, une petite révolution dans la consommation de films et de séries qui fragilise la télé traditionnelle. Netflix doit poursuivre son offensive européenne tout au long de la semaine en se lançant en Allemagne, en Autriche, en Suisse, en Belgique et au Luxembourg. En France, Netflix est disponible pour 7,99 euros par mois et sera finalement accessible sur les box de Bouygues les plus récentes dès novembre, ont annoncé le P-DG du groupe américain et l’opérateur.

Après avoir conquis 36 millions d’abonnés aux États-Unis et 14 millions à l’international, dont le Royaume-Uni et plusieurs autres pays européens, Netflix part à l’offensive du marché français en s’appuyant sur son vaste catalogue de séries américaines. Les autres fournisseurs d’accès internet, Orange, Free et SFR et Numericable, n’ont officiellement pas trouvé d’accord commercial avec Netflix, et ne diffusent pas son service via leur box. Mais le P-DG de Netflix Reed Hastings a laissé la porte ouverte à des accords avec d’autres opérateurs télécoms, précisant que des discussions étaient en cours. "Sur le long terme, dans 5 à 10 ans, nous visons un tiers des foyers français abonnés à Netflix, comme c’est le cas aux États-Unis", a confié Reed Hastings. Pour l’heure, le premier cap est de 2 millions d’abonnés en France dans 2 à 5 ans. Le fondateur a aussi souligné qu’il n’avait pas l’intention de payer aux opérateurs un droit de passage privilégié pour la diffusion de ses contenus via Internet, mettant en avant le principe de la "neutralité du net".

Deux millions d’abonnés en France d’ici 2019


Netflix et ses équivalents sont aux films et aux séries ce que le service musical en ligne Deezer est à la musique : des vidéos à volonté, où l’on veut et sans grille de programmes. Face au débarquement de Netflix, ses concurrents français ont dégainé, dont Canal+ qui a renforcé son offre illimitée CanalPlay, déjà forte de 520 000 abonnés. CanalPlay a l’atout d’être présent sur toutes les box - ce qui coûte à Canal+ 150 millions d’euros par an, a souligné le directeur général Rodolphe Belmer lundi sur France Inter. Numericable a, lui, lancé ce lundi un forfait séries gratuit pour ses abonnés.

CanalPlay propose 3 600 heures de séries quand Netflix en offre 2 950, a affirmé Rodolphe Belmer, expliquant que ses équipes "ont passé une partie de la nuit à calculer le catalogue de programmes de Netflix". Mais ces services bon marché ne gagnent pas encore d’argent : CanalPlay est pour l’instant déficitaire, tout comme Netflix ailleurs qu’aux États-Unis. Avec un siège européen au Luxembourg, puis aux Pays-Bas en 2015, Netflix échappera à l’impôt français sur les sociétés, l’obligation de signalétique d’âge et au pourcentage minimum de 60 % de contenus européens et 40 % de contenus français dans son catalogue. Il ne devra pas non plus s’assurer que 12 % de ses recettes proviennent de visionnage de programmes français. Autant d’exceptions qui rendent furieux ses concurrents français.

"Binge-watching"

L’américain contribuera néanmoins au financement de la production audiovisuelle française : il devra verser 2 % de son chiffre d’affaires en France au Centre national du cinéma (CNC). Et il paiera la TVA à partir du 1er janvier sur ses recettes françaises. Le groupe s’est défendu en brandissant la production de la future série Marseille et en promettant d’autres productions en France, exemple de "contenus destinés à une région, mais qui seront aussi intéressants pour le monde entier", a expliqué Ted Sarandos, responsable des contenus chez Netflix.

L’arrivée de Netflix, propice au "binge-watching", la consommation boulimique de contenus, pourrait provoquer une onde de choc en France, territoire très réglementé, où le cinéma est interdit mercredi et le samedi soir à la télévision, qui doit respecter un quota de productions françaises. Se sentant menacées, les chaînes historiques réclament déjà un assouplissement des règles. Mais "les producteurs se réjouissent de voir arriver un nouvel acheteur" potentiel, réplique Ted Sarandos, qui a confirmé des discussions avec Lagardère et Europacorp, la société de Luc Besson.

Consultez notre dossier : L’ouragan Netflix


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