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L’ONU, un os utile

dimanche 25 janvier 2015

Des ambassadeurs, représentant les pays membres du Conseil de sécurité des Nations unies, sont dans le pays ce week-end. La plus haute instance de l’organisation mondiale par excellence vient s’informer, enquêter, se faire une conviction en ce qui concerne Haïti. La démocratisation, le moral des troupes multinationales, la bonne marche de l’entreprise Haïti seront au cœur de leurs préoccupations pendant cette courte visite de 48 heures.
Ce n’est pas la première fois que des diplomates du Conseil de sécurité visitent le pays. Il ne faut pas s’attendre à de grandes déclarations ni à des changements substantiels dans la mission de la Minustah après leur passage. L’ONU, depuis les accusations de dissémination du choléra par ses soldats, fait profil bas en Haïti. Moralement, l’organisation n’a plus la capacité de nous regarder dans les yeux pour nous dicter le chemin à prendre. L’ONU accompagne le mouvement. Sert de balancier. Pèse, sans faire trop de bruit.
Les ambassadeurs qui seront dans nos murs savent que les Haïtiens ne portent pas dans leur cœur ceux qui les ont empoisonnés et flétri encore plus l’image du pays depuis 2010.
Comme si cela ne suffisait pas, les derniers événements de ce mois de janvier, l’effacement du Parlement, l’installation d’un gouvernement de facto, les petits arrangements avec la Constitution qu’il faudra supporter dans les mois à venir mettent les deux pieds de l’ONU dans une seule chaussure. Sa mission a échoué. Les élections à venir s’annoncent déjà compliquées. L’avenir d’Haïti, pays sous tutelle d’une mission de maintien de la paix, inquiète les Haïtiens comme leurs amis.
Pourtant, l’ONU reste le seul recours si les choses se dégradent. Aucune institution haïtienne n’est à même de prendre la main en cas de problème. La Caricom n’a plus tenté de mettre son petit doigt dans la crise haïtienne depuis 10 ans. L’Organisation des Etats américains a accouché du dernier fiasco électoral. Les Etats-Unis d’Amérique ne peuvent pas tout faire si cela va de mal en pis. L’ONU a encore un rôle à jouer en Haïti. Elle est le recours ultime.
L’administration Martelly-Paul fera tout pour plaire aux membres du Conseil de sécurité pendant leur séjour, l’opposition, toutes fractions confondues, ne fera rien pour déplaire à l’ONU. Depuis 2004 que la Minustah est dans nos murs, les acteurs politiques sont comme dans un filet, une bulle. Captifs et craintifs, ils évitent de heurter ceux qui sont devenus la garantie de la stabilité et de l’alternance démocratique.
Pour les années à venir, l’ONU nous restera comme une arrête au travers de la gorge ou des béquilles sous les aisselles, mais elle restera, sous une forme ou une autre, dans le paysage. Tous les Haïtiens en sont convaincus, mêmes ceux qui rêvent de voir tous les agents étrangers déguerpir et nous remettre notre terre, blanche et sans tache.

AUTEUR

Frantz Duval

duval@lenouvelliste.com


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