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Vérification électorale

La Commission prend possession du Centre de tabulation et augmente l’échantillon

jeudi 12 mai 2016

Quinze jours après son installation, la Commission indépendante d’évaluation et de vérification électorale a finalement pris possession, jeudi, du Centre de tabulation des votes (CTV).

Avec une soixantaine de statisticiens et d’autres experts en la matière, les commissaires vont analyser 25% des procès-verbaux contrairement aux 15% préalablement choisis sous le regard des responsables de partis politiques et d’observateurs électoraux.

Mathias Pierre de Pitit Dessalinse et Yvon Feuillé de Fanmi Lavalas font le va-et-vient depuis plus d’une heure au Centre de tabulation des votes. Nous sommes le mercredi 11 mai 2016, 10h 20 du matin. Ces deux responsables d’organisation politique ont l’air très concentrés. Ils observent. Sauf qu’il n’y a encore rien à observer au CTV. Les ordinateurs de saisie sont recouverts par des bâches pour éviter qu’ils ne soient abîmés par la poussière et les matériels sensibles des élections de 2015 sont stockés quelque part.

Les commissaires sont en réunion, il faut les attendre. Pour tuer le temps, Widmack Matador, le directeur du CTV, joue le jeu et sourit à tout le monde comme pour se montrer gentil. Après environ deux heures d’attente, François Benoît, président de la Commission, sort avec les autres commissaires pour expliquer aux politiques et observateurs électoraux les règles du jeu. « Il y a une différence entre évaluation et recomptage. Il y a une différence entre vérification et recomptage », a-t-il dit au candidat à la présidence Mathias Pierre qui exige que la Commission examine la totalité des procès-verbaux du scrutin de 2015.

Après ce briefing, le commissaire Michel Éric Gaillard tente d’expliquer comment ils ont fait pour choisir de façon aléatoire les 25% des procès-verbaux qui représentent 3 235 procès-verbaux sur 12 939 avec une marge d’erreur de 2%. Derrière son ordinateur, il présente trois types de méthode d’échantillonnage classé A, B, C à l’aide de l’SPSS, un logiciel informatique. Une explication hautement technique. Les trois méthodes sont tirées au sort et c’est une journaliste de la TNH qui est invitée à choisir parmi les trois types.

C’est le type A qui a été sélectionné au hasard. Dans cette méthode d’échantillonnage, 1 313 procès-verbaux ont été choisis de façon aléatoire dans le département de l’Ouest, 416 dans l’Artibonite, 344 dans le Nord, 265 dans le Sud, 216 dans le Centre, 129 dans la Grand’Anse, 122 dans les Nippes, 129 dans le Nord-Est, 164 dans le Nord-Ouest et 137 dans le Sud-Est. Ce qui porte à 3 235 procès-verbaux sur 12 939 disponibles dans le Centre de tabulation. Le nombre des procès-verbaux a été choisi selon la taille du département en termes d’électeurs.

La Commission ne va pas analyser uniquement les procès-verbaux, rassure le commissaire Michel Éric Gaillard. « En plus des procès-verbaux, nous allons vérifier les feuilles de comptage pour voir si elles correspondent aux procès-verbaux », affirme-t-il. « Nous allons appliquer à la lettre l’article 171.1 du décret électoral qui montre ce qui fait qu’un procès-verbal n’est pas valable. Nous allons calculer et nous allons compter », ajoute-t-il.

Selon lui, la Commission a augmenté de 15 à 25% la taille de l’échantillon, pas pour augmenter le niveau de fiabilité du travail, « mais pour répondre aux attentes de la population qui questionnait. Cela augmente notre travail, mais ça ne fait rien, on augmente notre personnel », souligne Michel Éric Gaillard. Il indique que les 15% de procès-verbaux sélectionnés par la Commission de 2015 n’ont pas été mis à l’écart, ils font partie des 12 939 procès-verbaux dans lesquels 3 235 ont été tirés de façon aléatoire.

Michel Éric Gaillard promet que la méthode utilisée permettra à la Commission de voir combien de votes a obtenu chaque candidat à la présidence.

Pour sa part, le président de la Commission de vérification, François Benoît, promet de donner les résultats à temps même s’il leur faudra augmenter le nombre d’heures de travail. « Nous allons dire ce que nous avons évalué à partir des chiffres et nous laisserons aux décideurs de prendre la décision », annonce-t-il. Il souligne que tous les partis politiques ont été invités au CTV pour assister au lancement des travaux. « S’ils ne sont pas là aujourd’hui, ils peuvent venir demain », avance-t-il.

Les explications et les démonstrations des commissaires ne convainquent pas Mathias Pierre de la plateforme Pitit Dessalines. Il continue d’exiger le recomptage de l’ensemble des 12 939 procès-verbaux des élections de 2015. Selon lui, ce travail peut être fait dans une semaine. Pour sa part, Yvon Feuillé, le représentant de Fanmi Lavalas, indique que si un candidat n’était pas impliqué dans des cas de fraude, il n’a rien à craindre avec la méthodologie utilisée par la Commission. Selon lui, on ne saura recompter l’ensemble des procès-verbaux, car, souligne-t-il, la science a résolu ce problème avec l’échantillonnage.

Marie Yolène Gilles du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), qui observe le processus, appelle les commissaires à se mettre rapidement au travail pour sortir le pays de la crise née des élections de 2015. Pour elle, l’augmentation de 15 à 25% de la taille de l’échantillon à analyser, c’est une bonne chose.

En dépit de l’immensité du travail à faire au CTV, les commissaires promettent de rester dans les limites de leur mandat et de livrer la marchandise à temps. Après des mois de dysfonctionnement, le Centre de tabulation des votes (CTV) ouvre à nouveau ses portes pour accueillir la Commission, des responsables de partis politiques et des observateurs électoraux nationaux et étrangers. Maintenant, c’est au CTV que cela se passe désormais.

AUTEUR

Robenson Geffrard

rgeffrard@lenouvelliste.com
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