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La Conférence des évêques d’Haïti/ Message de Noël

mercredi 3 décembre 2014

« Il est temps d’arrêter le marronnage, la duplicité et la démagogie »

Le Nouvelliste

Un cri de cœur. Un ultime appel à prendre conscience de notre état. Un appel à un dépassement de soi, à prioriser les intérêts supérieurs de la nation… Parce que l’heure est grave et que le pays va mal, la Conférence épiscopale d’Haïti (CEH) profite de la fête de Noël pour exhorter les politiques à changer de cap et à divorcer avec les pratiques qui ne font qu’enfoncer le pays chaque jour dans l’abîme.

Il n’est pas trop tard pour redresser la barque du pays, mais aussi nous ne sommes pas les maîtres du temps. La Conférence des évêques d’Haïti le souligne à l’encre forte dans son message de Noël 2014. « Dieu nous accorde le salut en son temps et dans le temps ! N’avons-nous pas perdu trop de temps ? Il est bon de nous interroger là-dessus. Comme peuple et comme nation, savons-nous découvrir les temps propices et les moments favorables au mieux-être de notre pays ? Savons-nous profiter des grandes opportunités qui nous sont offertes pour notre avancement et notre plein développement ? » Les religieux nous interpellent, interpellent les politiques.

Selon eux, tout au cours de notre histoire, si nous avons toujours fait preuve de résilience, de courage, de foi en l’avenir, il est bon de reconnaître en même temps que nous avons aussi raté de nombreuses occasions. « La non-perception de l’urgence de l’heure et du moment entraîne des conséquences néfastes incalculables. Tel fut le cas de Jérusalem qui n’a pas su reconnaître le temps de la visite du Seigneur. Et ce fut l’objet de ses pleurs et de ses lamentations (cf. Luc 19, 41-44) Tel est aussi notre cas ! », ont-ils dit.

« Aujourd’hui encore, écrivent les évêques, nous ne cessons pas de nous entredéchirer, de ruiner notre pays et de compromettre l’avenir de nos générations. Tandis que le temps presse, des acteurs politiques entretiennent un bras de fer interminable au détriment des intérêts supérieurs de la nation. »

Le constat macabre des évêques de la réalité politique et socioéconomique du pays

« La non-organisation d’élections au temps fixé et l’inflexibilité des uns et des autres ne permettent pas de les tenir jusqu’à maintenant ! La cherté des prix des produits de première nécessité et son corollaire, l’insécurité alimentaire ! La dégradation accélérée de l’environnement due à la déforestation progressive et à l’érosion massive ! Le désespoir de la grande majorité de la population et des jeunes en particulier à cause, notamment, du chômage et du sous-emploi ! », poursuitent les évêques.

Les religieux de l’Église catholique ont dit constaté également que l’émigration croissante et l’exode clandestin détruisant les familles, attirant contre notre peuple des humiliations et des vexations déshumanisantes ! La précarité des systèmes éducatif, judiciaire et sanitaire entraînent un dysfonctionnement de l’administration publique et le manque et parfois l’absence d’encadrement offert à nos étudiants et nos professionnels !

« Frères et sœurs d’Haïti, l’heure est grave certes. Mais si nous ne saisissons pas l’occasion que ce temps nous offre de nous unir pour promouvoir et défendre notre dignité comme personne et comme peuple, nous permettrons à d’autres de continuer à nous asservir et à nous vassaliser », ont exhorté les évêques.

Pour sortir de cette situation et renouer avec le progrès, la Conférence des évêques croit qu’« il est temps d’entrer dans une démarche de conversion qui conduit à un véritable changement dans notre relation avec Dieu, entre nous, à notre pays et à son environnement ; qu’il est temps d’arrêter la pratique du marronnage, de la duplicité et de la démagogie ; qu’il est temps de comprendre que l’aide internationale ou tout support de l’étranger ne saurait remplacer la conscience citoyenne, élément indispensable à la survie et au sauvetage national ».

Ils estiment également qu’il est temps de tout entreprendre pour éviter la déstabilisation de nos faibles institutions, le chaos à quelque niveau que ce soit. « Il est temps d’arrêter cette escalade de la violence, du banditisme et de l’insécurité. Il est temps d’emprunter le chemin du respect, de l’écoute, de la confiance et de l’entente jusqu’à en faire une culture dans la résolution de nos conflits. Il est temps de nous dépasser et de nous élever pour ne pas répéter les erreurs du passé et inventer les avenues d’un lendemain meilleur en cherchant et en trouvant nous-mêmes, Haïtiens et Haïtiennes, les solutions à nos problèmes… »

A l’occasion de la fête de Noël, les évêques nous invitent à l’espérance en nous conviant à regarder vers « l’Astre d’en haut qui vient illuminer ceux qui demeurent dans les ténèbres et l’ombre de la mort afin de conduire leur pas vers le chemin de la paix (cf. Luc 1, 78-79). Venez, approchons-nous de cette lumière qui s’offre à tous ! Que les fêtes de Noël soient l’occasion pour les familles et les amis de se retrouver dans l’amour et dans la paix ! », ont conclu les évêques dans leur message de circonstance.

AUTEUR

Robenson Geffrard

rgeffrard@lenouvelliste.com


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