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La fin d’une saga

lundi 13 octobre 2014

A travers l’histoire depuis Dessalines, Pétion et Christophe, mises à part quelques exceptionnelles et éphémères périodes de stabilité, Haïti n’a connu que des turbulences politiques, certaines plus sanglantes que d’autres avec de fâcheux corollaires socio-économiques. Même des figures progressistes tels qu’Estimé, Jean Baptiste Riché n’ont pas été épargnés, car confrontés à des querelles intestines habituelles et fratricides de la part d’une élite politique conservatrice et chicanière on connait bien la suite de génération en génération. Jean-Nicolas Nissage-Saget est probablement l’unique Président, qui, Parvenu à la fin de son mandat, remit sans rechigner le pouvoir au Conseil des ministres, et se retira dans sa ville natale, Saint Marc.

La période des Duvalier était la pire qu’un enfant pouvait expérimenter, les fréquents couvre-feux, la phobie des espions macoutes, les nouvelles des disparitions, des exécutions sommaires, les parents affolés et les troubles quasi en permanence – de véritables descentes en enfer, hélas ! avec une présidence à vie, on n’avait aucun espoir que cette saga viendrait à sa fin jusqu’en 1986. La jubilation s’annonçait trop tôt car on croyait que le cercle vicieux de la violence dictatoriale était brisé à jamais. La saga a continué en créant de nouveaux chapitres avec de nouveaux acteurs. On a eu tort de ne pas analyser et saisir les expériences de l’histoire pour poser les jalons nécessaires afin d’enrayer le mal, le maillon de l’indécence et de la tyrannie qui est enraciné dans une mentalité d’escamoteurs de pouvoir à la manière d’obsédés des jungles. Lorsqu’on a constaté que Dessalines n’a pu durer que deux ans au pouvoir, et que Jean Pierre Boyer aura fait le choix de l’exil en vue d’éviter une guerre civile, on comprend que cette déclaration de présidence à Vie n’est qu’une répétition de l’histoire en trente ans.

La Saga des Duvalier vient juste de prendre fin avec le départ de l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier, avec un bilan lourd de monstruosités horrifiantes. On ne croirait pas que des fils de combattants contre l’esclavage auraient encore été victimes de sévices aussi odieux entre eux après avoir crié liberté. C’est une page que les victimes des Duvalier ne pourront pas tourner aussi facilement mais avec la mort du père et fils, il reste qu’à sceller ces pages monstrueuses et recommencer de plus belles pages tout en gardant leur pureté blanche. Malheureusement, après Le pouvoir Duvalierien, nous n’étions pas non plus à la hauteur – le bilan était aussi lourd, on a bien remarqué que la fin d’une saga entrainera inévitablement et tristement une autre, mais la fin de la saga de Duvalier est bien réelle, cette fois-ci.

Mes condoléances à toute la famille eplorée !

Emmanuelle Gilles


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