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La NSA et le GCHQ auraient piraté cinq opérateurs télécom allemands

dimanche 14 septembre 2014

On savait déjà que l’Allemagne constituait une cible de choix pour l’espionnage électronique orchestré par l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA) et son équivalent britannique, le government communications headquarters (GCHQ). 500 millions de communication (téléphone, mails, SMS) interceptées chaque mois, nous révélait à l’été 2013 le Spiegel sur la base de documents fournis par le lanceur d’alerte Edward Snowden.

Une nouvelle enquête publiée samedi 13 septembre par l’hebdomadaire d’investigation allemand semble nous fournir des détails supplémentaires sur cette surveillance, organisée avec la complicité des services secrets allemands. Le Spiegel assure que la NSA et le GCHQ disposent d’un accès clandestin aux réseaux d’au moins cinq entreprises allemandes : Deutsche Telekom, Netcologne, Stellar, Cetel et IABG. Lesquelles opèrent une grande partie des infrastructures de télécommunication allemande.

Sans s’étendre sur les modalités techniques de cette infiltration, l’hebdomadaire explique que les agences de renseignement anglo-saxones prennent pour « cibles » les employés de ces entreprises, et qu’elles disposent des mots de passe des serveurs de leurs clients.

« Un Google Earth de l’Internet »

Les informations collectées permettent d’alimenter un programme de la NSA baptisé « Treasure Map » (« carte au trésor »), que le New York Times avait déjà évoqué fin 2013. Il s’agit d’une « carte interactive quasiment en temps réel de l’Internet mondial », alimentée avec des millions d’informations différentes récoltées par divers biais.

Selon le Spiegel, la NSA et le GCHQ parviennent non seulement à cartographier les grands noeuds du réseau, mais aussi une grande partie des appareils qui s’y connectent (ordinateurs, téléphones, tablettes). Ce « Google Earth de l’Internet » permettrait de localiser « n’importe quel appareil, à n’importe quel endroit et à n’importe quel moment ». Pas pour exercer directement de la surveillance, mais pour « mieux comprendre le réseau », dans le but de plannifier des attaques informatiques et d’améliorer l’efficacité de l’espionnage mis en place par les agences.

Les entreprises concernées ont sévèrement réagi à la révélation de ces informations. « De telles cyber-attaques sont strictement interdites par la loi allemande », a par exemple déclaré le directeur de Stellar, Christian Steffe. « Que les services de renseignement accèdent à notre réseau sera inacceptable », a ajouté Thomas Tschersich, le responsable sécurité de Deutsche Telecom. La NSA et le GCHQ n’ont pas souhaité répondre aux accusations du Spiegel mais, à l’époque de l’article du New York Times, elles s’étaient défendues de toute piratage, assurant louer légalement des espaces serveurs proposés par des entreprises du monde entier – y compris en Allemagne.

En décembre 2013, le Spiegel avait pourtant révélé que la NSA avait piraté le réseau informatique de seize sociétés (dont Orange) pour accéder aux données d’un câble de fibre optique sous-marin reliant la France à l’Afrique du Nord et à l’Asie.


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