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Haiti-manifestation

La protestation prend une nouvelle dimension

samedi 29 novembre 2014

Le Nouvelliste |
Plusieurs milliers de personnes ont à nouveau défilé dans les rues de Port-au-Prince vendredi pour exiger le départ du président Martelly et du Premier ministre Laurent S. Lamothe. Les protestataires en colère ont érigé des barricades enflammées dans plusieurs rues de la capitale pour exprimer leur ras-le-bol face à la gestion du pouvoir en place.

Jamais l’opposition n’a fait pareille démonstration à Port-au-Prince depuis des mois. A nouveau dans les rues ce vendredi, les organisations de l’opposition ont carrément pris une nouvelle dimension dans leur mouvement de protestation contre le pouvoir en place. Après le coup d’envoi près des ruines de l’église Saint-Jean Bosco, la marche de l’opposition n’a pas mis longtemps pour grandir en nombre.

Plusieurs milliers de personnes ont en effet défilé dans les rues de Port-au-Prince pour demander le départ du président Martelly et de son gouvernement, pour une deuxième fois cette semaine. Des femmes, balais en main, affirment vouloir débarrasser symboliquement le pays de l’équipe au pouvoir. D’autres chantent, exhibent des affiches montrant leur mécontentement face à la gestion du pays par l’administration Martelly-Lamothe. « Notre revendication est la même, nous exigeons le départ de Martelly, de Laurent Lamothe », lance André Fardeau, responsable du MONOP, l’une des organisations ayant appelé à cette manifestation.

Départ de Martelly et de Lamothe : « Fanmi Lavalas soutient la revendication du peuple »

Plusieurs personnalités de l’opposition, dont le docteur Tuneb Delpé, Ansyto Félix et le sénateur John Joseph Joel, sont présentes sur le parcours. La coordonnatrice nationale du Parti Fanmi Lavalas, le docteur Maryse Narcisse, est sur le macadam aussi. « Le peuple demande le départ de Michel Martelly et de Laurent Lamothe, Fanmi Lavalas soutient la revendication du peuple, a déclaré le docteur Maryse Narcisse. Entre-temps, Fanmi Lavalas continue d’exiger la tenue d’élections libres et démocratiques ».

Même discours de la part d’Ansyto Félix qui soutient que « le parti Fanmi Lavalas va toujours dans le même sens que les revendications populaires ». Le membre de la section de communication du Parti de Jean-Bertrand Aristide affirme que « les revendications de la population sont fondées, vu qu’elles se basent sur le manque de résultat du pouvoir en place ».

Le Parlement, la Primature et le parquet dans le viseur

La Saline, Bel-Air, rue Saint-Martin, rue Macajou sont entre autres zones sillonnées par les contestataires avant qu’ils prennent la direction du centre-ville. Tout se déroule sous la protection de différentes unités de la Police nationale d’Haïti. C’est désormais une foule immense qui emprunte la rue des Miracles. Destination : Bicentenaire, le siège du Parlement.

Arrivés sur les lieux, les manifestants se mettent à lancer des propos hostiles au groupe des Parlementaires pour la stabilité et progrès (PSP). Les protestataires frappent contre tout ce qui est métal dans les parages offrant un concert assourdissant devant le siège du Parlement. « Nous sommes là pour dire aux parlementaires que nous sommes contre toute prolongation de leur mandat, nous sommes pour une table rase », exclame André Fardeau devant le Parlement.

La manif fait ensuite demi-tour et met le cap sur la Primature. Le meilleur lieu pour les manifestants pour exprimer leur râs-le-bol contre le chef du gouvernement, Laurent Lamothe, dont ils exigent le départ. La marche poursuit son parcours sur le boulevard Harry Truman avec dans le collimateur le palais de justice, voisin de la Primature. Devant le palais de justice, les protestataires soutenus par le docteur Maryse Narcisse, dénonce la corruption dans l’appareil judicaire. « Libérez les prisonniers politiques », crient les manifestants qui s’en prennent au juge instructeur Lamarre Bélizaire, indexé comme proche du pouvoir.

L’accès au Champ de Mars refusé, colère des manifestants, barricades enflammées au Centre-ville

La marche rythmée par plusieurs bandes de rara poursuit sa route vers le palais national, la destination finale. Rue Joseph janvier, Grand-rue, Rue des casernes, c’est l’itinéraire qui doit conduire les contestataires au Champ de Mars. Arrivés près de l’ancien bâtiment de la DGI, les manifestants tombent sur un imposant périmètre de sécurité défini par les forces de l’ordre, barrant tout accès au siège de la présidence. L’insistance des manifestants ne fera pas fléchir les agents de la PNH qui bloquent tout accès aux artères débouchant sur le palais à l’aide de séparateurs.

Des opposants en colère lancent des pierres et d’autres objets en direction des policiers qui ne réagiront pas. La tension monte. Les manifestants jettent les grosses poubelles et dressent des barricades enflammées dans les différentes intersections de la rue des Casernes jusqu’à la Grand-Rue. Des montagnes de pneus enflammés sont érigées aussi sur la Grand-Rue, créant un vent de panique au centre-ville. « Tout va mal dans ce pays. Ceux qui sont au pouvoir ne font que s’enrichir et aujourd’hui ils empêchent le peuple d’exprimer ses revendications », lance Richard, parmi les protestataires massés à la Grand-Rue.

Les unités antiémeutes de la police ont dû intervenir rapidement pour mater ce qui s’apparentait à un début d’après-midi noir au centre-ville de Port-au-Prince. Beaucoup de boulot pour les policiers qui doivent déplacer les barricades déposées sur les différentes voies. Ce qui ne met pas fin à la mobilisation qui doit continuer le lendemain. L’opposition donne rendez-vous samedi matin pour une nouvelle manifestation. Avec pour destination l’ambassade américaine à Tabarre.

AUTEUR

Louis-Joseph Olivier

ljolivier@lenouvelliste.com


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