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Le carnaval des étudiants à Port-au-Prince, entre plaisir et frustration

samedi 14 février 2015

Dans les cours des écoles et universités privées ou au Champ de Mars, au son de groupes musicaux, de D. J. ou rien, plusieurs centaines d’élèves et d’étudiants ont célébré, à leur manière, le traditionnel carnaval des étudiants ce vendredi 13 février 2015, à deux jours du carnaval national, organisé cette année à Port-au-Prince.

Le temps était agréable à Port-au-Prince, ce vendredi. Au Champ de Mars, lieu de détente et de plaisir, l’ambiance est partagée entre le bruit assourdissant de haut-parleurs et celui de la construction de stands, l’embouteillage et le va-et-vient de centaines de badauds. Tandis qu’en face de la Faculté d’ethnologie, de la fumée noire de pneus brûlés monte dans le ciel gris. A quelques mètres plus haut, sur la place Pétion, dans une atmosphère dégageant, par endroits, une odeur nauséabonde, des centaines de jeunes – venant particulièrement des écoles publiques du pays – la plupart ont des paillettes multicolores scotchées au visage, tuent paisiblement le temps. Bavardent. Se promènent. C’est le carnaval des étudiants.

En couleur ou en uniforme, des écoliers défilent pour jouir de ce moment de distraction. « C’est le carnaval des étudiants mais je n’ai pas d’autres choses à faire. Je suis donc venu ici juste pour me relaxer avec mes amis », confie un jeune de l’Institution mixte des Combattants, assis au milieu de deux amis. Certains lycéens, pour leur part, expriment leurs frustrations à l’égard de cette activité. « Le carnaval des étudiants ne nous concerne pas , » lâchent d’un ton triste plusieurs élèves des lycées Alexandre Pétion et Daniel Fignolé, tout en réclamant le retour des enseignants dans les salles de cours.

Entre indignation et désespoir, ces élèves ont profité de ce moment de réjouissances pour réfléchir sur leur situation. « Depuis le début de cette année, les enseignants ont fait fi de nous », se désole Alexandre, élève de seconde au lycée Pétion. Il est aussi valable dans tous les lycées du pays, a-t-il poursuivi. Ainsi, ces derniers estiment inconcevable de penser à la bamboche alors que leur année scolaire est menacée.

Si les élèvent n’avaient pas l’esprit à la fête, ceux de certaines écoles privées ont pourtant bien savouré ce moment de plaisir, censé réunir les jeunes pour se relaxer loin des activités académiques. Que ce soit au collège Sacré Cœur de Turgeau, à l’école Ste-Thérèse de l’enfant Jésus, au collège Canado-Haïtien, ou au collège Marie Anne, des centaines de jeunes ont festoyé notamment au rythme des musiques carnavalesques du moment.

Autour du thème « Les peuples nomades du monde », les responsables de l’école Ste-Thérèse de l’enfant Jésus ont invité quelque 250 élèves du primaire à connaître l’histoire et la culture de ces peuples. Les élèves ont participé à des défilés, des chorégraphies et à des séances de photos. Ils étaient également déguisés, par salle de classe, pour incarner les peuples nomades, et un concours de déguisement a été organisé. Selon Paulson Difficile, censeur de la section primaire, cette festivité est une occasion pour apprendre aux élèves des choses qui ne sont pas inscrites dans leur programme, pendant que ces derniers se divertissent. « L’école est intéressante mais fatigante à la fois lorsqu’elle n’a pas ce moment de récréation et de plaisir… », a-t-il fait valoir, comme pour expliquer l’importance du carnaval des étudiants.

Cependant, aux collèges Marie Anne et Canado-Haïtien, l’ambiance était surtout marquée par la musique de D. J et de groupes musicaux. Entre 7h 30 et 13 h, les élèves du collège Marie Anne ont fêté le carnaval des étudiants dans leur établissement à Christ-Roi. Mais si cette activité était exclusivement réservée aux élèves des collège Marie-Anne, Canado, l’entrée était permis à tous, moyennant le versement des 250 gourdes pour le ticket d’entrée. La grande cour interne dudit collège était bondée de jeunes venus d’horizons divers pour apprécier la performance de Kreyòl La et de plusieurs D.J, dont Tony Mix.

Le comité organisateur était quasiment dépassé par les événements car il ne pensait pas recevoir autant de participants à cette activité. « Nous sommes étonnés de voir autant de monde…, a affirmé Charlensky Charléus, un élève de terminale et membre du comité carnavalesque du collège Canado. Nous estimons à 8 000 le nombre de jeunes qui participent avec nous cette année. » Lorsque l’activité a pris fin aux environs de 4 h 20 de l’après-midi, les fêtards ont provoqué un embouteillage monstre dans la zone de Turgeau tellement ils étaient nombreux.

Les universités ne sont pas en reste. Il était presque 18 h, l’ambiance était surchauffée à l’Institut des hautes études commerciales et économiques (IHECE), situé à Lalue. Plusieurs centaines d’étudiants de cette institution privée chantaient, dansaient, vibraient à chaque meringue proposée par le D.J.. Par ailleurs, le groupe Brothers Posse, qui était convié à jouer à la Faculté de médecine et de pharmacie de l’UEH, à l’occasion du carnaval des étudiants, n’a pas pu jouer. L’activité était annulée parce que, selon plus d’un, la police a lancé du gaz lacrymogène pour disperser des groupe d’étudiants qui réclamaient, sans relâche, la baisse du prix du carburant sur le marché local.


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