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Haïti-Onu

Le Conseil de sécurité est dans nos murs

lundi 26 janvier 2015

Une délégation du Conseil de sécurité conduite par les Etats-Unis et le Chili est arrivée en Haïti vendredi. Les ambassadeurs du Conseil, qui ont rencontré le président Martelly, dans la soirée de vendredi, plaident pour l’organisation d’élections transparentes dans le plus bref délai. Ils regrettent qu’un consensus n’ait pas été trouvé pour empêcher le départ du Parlement.

L’annonce a été faite début janvier. Interpellé par la crise politique qui perdure en Haïti, le Conseil de sécurité avait décidé de venir constater de par lui-même. Si l’exécutif et ses alliés tentent difficilement de trouver une solution à la crise, les ambassadeurs de l’Onu débarquent tout de même dans un pays en pleine turbulences politiques.

Quelques heures après leur arrivée en Haïti, les ambassadeurs du Conseil de sécurité ont rencontré le président Martelly au palais national. La crise politique, qui secoue le pays depuis quelques années, était au centre de cette rencontre qui s’est déroulée loin des caméras de la presse. L’organisation des élections dans le plus bref délai est souhaitée par le président Martelly et la délégation qui ont donné un point de presse conjoint après la réunion.

« J’ai fait part au président du Conseil de nos efforts afin de trouver une issue durable non seulement à la crise électorale, mais aussi à des difficultés structurelles auxquelles nous faisons face », a déclaré le président Martelly, qui a pris la parole en premier dans ce point de presse. Le président de la République dit avoir « réitéré aux membres du Conseil de sécurité sa détermination à poursuivre le dialogue avec tous les acteurs nationaux afin de créer un climat favorable à la tenue d’élections démocratiques, inclusives, libres et transparentes dans le pays. »

Plus loin, le président Martelly affirme avoir fait part au Conseil de sécurité des avancées dans le processus électoral, notamment l’installation vendredi du Conseil électoral provisoire dont les membres sont issus de neuf secteurs de la société civile. En effet, les membres du Conseil de sécurité foulaient le tarmac de l’aéroport Toussaint Louverture alors qu’on procédait à l’installation du nouveau Conseil électoral. Ce qui n’a pas empêché des manifestants de l’opposition de réclamer le départ du président Martelly non loin de l’aéroport.

La délégation est coprésidée par l’ambassadeur chilien Christian Barros, actuel président du Conseil de sécurité et l’ambassadrice des Etats-Unis à l’Onu, Samantha Power. Monsieur Barros, qui a pris la parole après le président Martelly, a déclaré que « les membres du Conseil de sécurité ont appelé le président Martelly ainsi que tous les acteurs politiques de la crise à coopérer afin de rendre possibles des élections crédibles et transparentes conformément aux prescrits de la Constitution haïtienne ».

Sans tarder, monsieur Barros a cédé le microphone à l’ambassadrice américaine qui, visiblement, avait beaucoup plus de choses à dire sur la crise. « Au cours de notre rencontre avec le président Martelly, nous lui avons exprimé notre appréciation des efforts qu’il a consentis afin de trouver un consensus pour maintenir le Parlement fonctionnel et faciliter le vote de la loi électorale », a fait savoir madame Power.

Comme un rappel au chef de l’Etat, l’ambassadrice a tenu à exprimer néanmoins sa déception face au fait qu’en dépit des efforts déployés pour trouver un compromis, le président n’a pas évité le vide créé par le départ du Parlement. « Nous invitons l’Etat haïtien à faire de son mieux pour que la situation s’améliore. Nous supportons les efforts du président afin de sortir le pays de l’impasse politique pour que nous puissions parvenir en Haïti à l’organisation d’élections transparentes et inclusives en 2015 », a martelé Samantha Power.

Avant de rencontrer le président Martelly, la délégation du Conseil de sécurité s’était rendue à la base de la mission onusienne en Haïti. Les ambassadeurs se sont entretenus avec des fonctionnaires de la MINUSTAH et le haut état-major des forces onusiennes en Haïti. Durant les deux jours de visite, le Conseil de sécurité devra s’entretenir également avec des leaders de l’opposition et des membres de la société civile.

La mission a pour objectif d’évaluer la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité, y compris la dernière résolution 2180. Elle évaluera également le développement des capacités de l’État haïtien, en particulier le renforcement continu de la Police nationale d’Haïti, et l’exercice croissant de la responsabilité de l’Etat haïtien par les autorités nationales, selon ce qu’a confié la porte-parole de la MINUSTAH, Sophie Boutaud de la Combe au journal.

« La Représentante spéciale du Secrétaire général et les Nations unies en général étaient impatients de voir la constitution du Conseil électoral provisoire et également son installation, que nous saluons d’ailleurs aujourd’hui », a confié plus loin madame de la Combe au Nouvelliste. Selon la porte-parole de la MINUSTAH, les nouveaux membres du CEP devront travailler ensemble, en toute indépendance, en vue de garantir la transparence et l’impartialité du processus électoral.

AUTEUR

Louis-Joseph Olivier

ljolivier@lenouvelliste.com


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