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Les robots vont-ils tous nous tuer ?

lundi 8 décembre 2014

L’astrophysicien Stephen Hawking relance le débat sur la dangerosité des machines face à l’homme. Francetv info démêle le vrai du faux.

"Le développement d’une intelligence artificielle complète pourrait mettre fin à la race humaine." L’affirmation n’émane pas d’un conspirationniste paranoïaque, mais de l’astrophysicien Stephen Hawking. Dans un entretien à la BBC, l’éminent scientifique prédit un sombre futur pour nous autres humains, dépassés par les créatures robotisées que nous aurions nous-mêmes créées. L’idée ne fait que reprendre ce que la science-fiction imagine. De Terminator à Interstellar, les machines sont souvent décrites comme supérieures à l’homme, quand elles ne l’attaquent pas frontalement. Les robots vont-ils prendre le dessus sur l’homme ? Eléments de réponse.

Oui, ils développent d’incroyables capacités

Connaissez-vous Pepper ? Ce robot à la tête blanche sympathique, haut de 1,20 m et pesant 28 kg, peut vous serrer la main, danser, vous faire la lecture, discuter avec vous et deviner vos émotions en vous regardant. Une première. Jusqu’à maintenant, aucun robot n’était capable de décrypter les sentiments de son interlocuteur. Qu’il puisse communiquer de manière intelligible relevait encore de la fiction il y a peu, rappelle Le Monde. Cet humanoïde (il possède une tête et deux bras comme nous), créé par la société française Aldebaran, est une version plus aboutie de Nao, un petit robot présenté à François Hollande en 2013. Conçu comme un robot de compagnie et déjà en service dans les boutiques de Tokyo pour accueillir les clients, il sera commercialisé dès 2015 aux Etats-Unis, annonce Bloomberg (en anglais).

Les fonctionnalités de Pepper révèlent les progrès faits en robotique. Les chercheurs planchent sur une intelligence artificielle de plus en plus performante. Les robots réussissent à vous battre à pierre-feuille-ciseaux, à s’apprendre mutuellement des choses ou à se prendre pour des soldats. Robocop n’a qu’à bien se tenir face à cet humanoïde développé par la Darpa, une agence américaine de projets en recherche avancée pour la Défense.

Pour Ray Kurzweil, directeur de l’ingénierie chez Google et chantre du transhumanisme, c’est désormais certain : d’ici 2030, les machines égaleront l’homme. Et selon lui, quinze ans plus tard, les ordinateurs seront un milliard de fois plus puissants que l’ensemble des cerveaux humains présents sur Terre, rapporte le Guardian (en anglais).

Oui, ils peuvent nous remplacer

Le robot Asimo, un humanoïde développé par Honda Robotics depuis près de vingt ans, est l’illustration de ces machines programmées pour jouer le rôle d’un humain. La machine, encore à l’état de prototype, sera bientôt un véritable auxiliaire de vie. D’ici 2020, Asimo saura ainsi apporter un verre d’eau, marcher, secourir quelqu’un et prendre soin d’une personne âgée au quotidien, indique France Info. Bref, assister l’humain.

Mais ce n’est pas tout : loin de se contenter de nous assister, les robots pourraient carrément nous remplacer dans de nombreuses tâches. Les médecins sont chaque jour assistés par des machines qui aident à sauver des vies. Des robots plus efficaces que les journalistes sont déjà utilisés dans des rédactions, comme à l’agence Associated Press, note Techcrunch (en anglais). Et les nouveaux robots d’Amazon vont bien plus vite que ses employés.

Selon une étude menée par la prestigieuse université d’Oxford (Royaume-Uni), 702 métiers autrefois occupés par des humains sont aujourd’hui menacés par les machines. Pour les chercheurs, près de la moitié du marché du travail américain est en danger. En France, ce sont trois millions de salariés qui pourraient voir leur métier disparaître à cause de la mécanisation d’ici 2025, note le cabinet Roland Berger.

Non, ils sont loin de nous égaler

En juin, Eugene Goostman a suscité la controverse dans le monde scientifique. Ce programme informatique a réussi à se faire passer pour un garçon ukrainien de 13 ans, au cours d’une conversation de cinq minutes, auprès de 30% de ses interlocuteurs. D’aucuns ont immédiatement conclu à la réussite du test d’intelligence artificielle de Turing. Elaboré en 1950 par le célèbre informaticien, ce test est censé déterminer qu’une machine est douée de pensée. Il serait alors impossible de la distinguer d’un humain. Pour les scientifiques, l’annonce concernant Eugene Goostman est exagérée : "Ce test sera accompli quand une machine arrivera à se faire passer pour un humain, un point, c’est tout. Sans limitation de temps" dans la conversation, martèle le chercheur Jean-Paul Delahaye dans Sciences et Avenir.

Malgré tous les progrès de la robotique, ce scénario n’est pas près d’arriver, poursuit Jean-Claude Heudin, spécialiste en intelligence artificielle. Interrogé par francetv info, le directeur de l’Institut de l’internet et du multimédia est catégorique : les robots "n’ont encore rien à voir avec la complexité d’un être humain" et sont "loin d’égaler l’intellect humain".

Car les hommes ont une chose que les robots n’ont pas : la conscience. "Aujourd’hui, on est incapable de faire réellement ressentir la joie à un robot. Ce ne serait qu’une simulation si on y parvenait", explique Jean-Claude Heudin. Un robot ne ressentira aucune douleur, alors que le cerveau humain, doté de milliards de neurorécepteurs, vous avertira si on vous coupe le bras.

"On projette beaucoup de fantasmes sur les machines, à cause de la culture populaire. Mais entre la science-fiction, le cinéma et la réalité des laboratoires qui travaillent sur l’intelligence artificielle, il y a un grand décalage", poursuit Jean-Claude Heudin. Pour lui, le scénario catastrophique de Stephen Hawking n’est pas encore d’actualité. "C’est nous qui les concevons. Nous ne serons pas assez fous pour concevoir des machines qui finiront par nous tuer."


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