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Martelly fait durer le suspense

mercredi 10 décembre 2014

Le Nouvelliste

La Commission consultative, chargée de faire des recommandations au président de la République sur la crise politique qui secoue le pays, a remis son rapport, mardi, lors d’une cérémonie officielle au palais national. Exprimant sa satisfaction pour le travail titanesque de cette entité, le président Michel Martelly annonce qu’il se prononce, dans soixante-douze heures, sur le rapport de la Commission consultative. La démission du gouvernement Lamothe, considérée comme l’une des recommandations les plus coriaces aux yeux du chef de l’Etat, pourrait être le motif de base des trois jours observés par Martelly avant de décider du sort de ce rapport tant attendu par les acteurs politiques impliqués dans cette crise.

Lors de l’investiture des onze membres de la Commission, le lundi 1er décembre au palais national, le Premier ministre Laurent Lamothe était aux côtés du président de la République. A l’occasion de la cérémonie de remise du rapport de la Commission, Laurent Lamothe ne s’est pas présenté. Son absence à la cérémonie laisse présager son mécontentement de ce rapport qui recommande au président la démission de son gouvernement. Comment le Premier ministre peut-il réagir de la sorte, alors que, dans ce rapport, au point 10 du chapitre A, se rapportant aux constats de la Commission, il est écrit que le Premier ministre avait exprimé aux commissaires sa volonté de contribuer au dénouement de la crise préélectorale actuelle en démissionnant de son poste sur demande expresse du chef de l’Etat.

Vu l’aggravation de cette crise, le Premier ministre doit-il attendre la demande du président de la République pour se démettre de ses fonctions ? Compte tenu de l’amitié qui lie les deux personnalités, le chef du gouvernement ne devrait pas attendre le rapport de la Commission pour présenter la démission de son gouvernement au chef de l’Etat. Il sait que, pendant les deux mois de consultation entretenue par le président de la République, la majorité des représentants des secteurs vitaux du pays avaient sollicité sa démission pour résoudre la crise préélectorale. C’est un exercice difficile pour Michel Martelly de demander à Laurent Lamothe de remettre la démission de son gouvernement. Connu pour sa fougue et son attachement à ce poste, Laurent Lamothe vit des moments difficiles de sa carrière en politique. Très novateur, il est le seul chef de gouvernement qui a siégé pendant deux ans et six mois à la tête de la Primature.

L’établissement des plans spéciaux dans la plupart des zones marginalisées, les mécanismes de réforme de l’administration et de la fonction publique sont les deux initiatives majeures instaurées par Laurent Lamothe pendant son passage à la Primature. La grande faiblesse du gouvernement Lamothe réside dans l’incapacité de son équipe à faire des choix économiques. Comme tous les autres Premiers ministres qui se sont succédé, le gouvernement n’avait pas de politique économique.

Entre la décision de Martelly d’appliquer les recommandations de la Commission et la réticence de Lamothe à faire le geste qui convient, la République doit-elle encore faire les frais des manifestations de rue qui mettent le pays sous les feux des projecteurs de la presse internationale ?
Lemoine Bonneau
lbonneau@lenouvelliste.com

AUTEUR


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