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Michaëlle Jean ou le multiculturalisme à la tête de la francophonie

lundi 1er décembre 2014

Pour la première fois, l’Organisation internationale de la francophonie aura à sa tête une femme et une personnalité non africaine. La Canadienne Michaëlle Jean, 57 ans, a été désignée le 30 novembre à Dakar secrétaire générale d’une organisation qui compte 77 Etats membres.

Le journal sénégalais Le Quotidien la présente comme une "femme du Nord et du Sud, du Canada et de Haïti", son pays natal, incarnant ainsi le "multiculturalisme francophone".

Michaëlle Jean était la seule parmi les cinq candidats au poste de secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) à avoir visité tous les continents dans le cadre de sa campagne. Dans un entretien au Journal de Montréal, elle a déclaré qu’elle avait "beaucoup mis l’accent sur l’Afrique, sur l’Europe centrale, ainsi que sur la France. Mais la francophonie, c’est la diversité. Nous sommes sur les cinq continents et l’Asie compte aussi."

Il faut dire que le Canada, qui a appuyé sa candidature, a financé la plupart de ses déplacements et mis à sa disposition des ressources dans les pays qu’elle a visités ces derniers mois.

Réduire les écarts de richesse

Née à Port-au-Prince, Michaëlle Jean quitte Haïti en 1968, à l’âge de 11 ans, pour le Canada, avec sa famille qui fuit le régime dictatorial de François Duvalier. Après des études en langues et en littérature, des bourses lui permettent, au début des années 1980, d’étudier en Italie. Celle qui désormais parle et écrit couramment le français, l’anglais, l’italien, l’espagnol et le créole délaisse rapidement le milieu universitaire pour s’orienter vers le journalisme. Elle fait l’essentiel de sa carrière journalistique à la télévision de Radio-Canada à compter de 1988.

Elle quitte le métier en 2005 pour devenir le 27e gouverneur général du Canada, soit la représentante de la reine Elisabeth II. Mme Jean occupe cette fonction essentiellement honorifique jusqu’en 2010, après quoi elle devient envoyée spéciale de l’Unesco en Haïti afin d’obtenir des fonds pour la reconstruction du pays dévasté par un séisme plus tôt dans l’année.

Dans son discours à Dakar, Michaëlle Jean a plaidé pour "l’idée d’une francophonie économique" et souhaité notamment la réduction des écarts de richesse entre les pays de l’OIF.

Colère en Afrique

L’élection de Michaëlle Jean a un arrière-goût amer sur le continent. "Il est naturellement regrettable que ce poste de haute responsabilité ait pu échapper à l’Afrique. D’autant plus regrettable que les divisions internes au continent sont à la base d’un tel ’échec’. Abritant plus de 54 % des 274 millions de locuteurs de langue française, ce poste est comme taillé pour l’Afrique. Hélas !" regrette l’éditorialiste Boubacar Sanso Barry dans Guinée Conakry Info.

Le quotidien sénégalais L’Enquête raconte la colère du président du Congo, Denis Sassou Nguesso, qui considère qu’"on aurait pu laisser son candidat passer, Henri Lopes en l’occurrence, au lieu de favoriser Michaëlle Jean, présentée comme la favorite. La colère de Nguesso est d’autant plus profonde que, déjà en 2002, Henri Lopès s’était présenté contre Abdou Diouf pour le poste de secrétaire général de l’OIF."
Et Guinée Conakry Info de dresser les deux missions pressantes qui attendent la nouvelle patronne de la francophonie. "Sur elle reposent désormais tous les défis. Y compris celui de calmer la frustration de ceux qui voulaient d’une candidature africaine, et aussi celui de faire évoluer l’approche de l’organisation face aux crises politiques vers le préventif, et non plus le réactif, dont a usé le président François Hollande au sujet des modifications constitutionnelles en Afrique."


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