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Secrétariat général – OIF

Michaëlle Jean remercie Haïti de supporter sa candidature

mercredi 3 septembre 2014

En mission dans le pays, où elle en a profité notamment pour rencontrer le Premier ministre, Michaëlle Jean a, dans une entrevue exclusive accordée à Le Nouvelliste ce lundi 1er septembre 2014, d’une part, rendu officielle sa candidature au poste de secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie et, d’autre part, remercié chaleureusement le gouvernement haïtien de son support à cette candidature

Le Nouvelliste  : Qu’est-ce qui motive votre candidature au poste de secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie ?

Michaëlle Jean  : Premièrement, une conviction profonde en ce que la francophonie a à offrir au monde, c’est-à-dire un espace extrêmement dynamique qui rassemble des pays de plusieurs horizons. A la fois des pays qui sont du G20, du G7, des pays extrêmement développés, des pays industrialisés, aussi des pays en émergence, des pays en développement, des pays moins avancés. On a au sein de la francophonie tous les défis qui se posent dans le monde aujourd’hui. Et, on a aussi tout ce qu’il faut pour bâtir des solutions autour de ces défis. Je crois infiniment à ce que la francophonie a déjà accompli en tant qu’organisation internationale, la crédibilité qu’elle a aussi sur la scène internationale, par exemple, que ce soient les Nations unies, l’Organisation des Etats américains, les plus grandes organisations du monde vont souvent faire appel à la francophonie pour son expertise, le travail de ses opérateurs sur le terrain pour, par exemple, renforcer les structures démocratiques dans les pays. Avec ce que le secrétaire général actuel, le président Abdou Diouf, a eu à réaliser, à accomplir pour amener l’OIF à ce qu’elle est aujourd’hui, c’est-à-dire une organisation internationale extrêmement crédible. Je crois que sur cette lancée il y a énormément à faire et à construire. Au sommet de Kinshasa (République démocratique du Congo), le dernier sommet de la francophonie qui s’est tenu dans cette ville, les chefs d’Etat et de gouvernement ont demandé une chose c’est qu’il y a une stratégie économique pour la francophonie. Après tout ce qui a été réalisé sur la francophonie politique, avec des institutions solides et un appui aux pays pour la démocratisation notamment, que l’on vienne maintenant avec une stratégie extrêmement solide et à mener tous ensemble pour une plus grande emphase mise sur le développement économique pour les pays de la francophonie.

LN  : Comme secrétaire générale de l’OIF, quel sera votre agenda ? A quelles priorités allez-vous vous attaquer ?

MJ : De toute façon, la secrétaire générale de la francophonie est mandaté par les chefs d’Etat et de gouvernement membres de la francophonie. A cet égard, ce qui ressortira du prochain sommet qui se tiendra à Dakar à la fin novembre de cette année c’est un cadre stratégique décennal pour la francophonie. Ça veut dire avec des objectifs prioritaires. Il va s’en dire que le rayonnement, le renforcement aussi en termes de qualité de l’enseignement de la langue française sera toujours à l’agenda, toujours à l’ordre des priorités. D’autre part, toute la question aussi du développement économique des pays de la Francophonie, que l’on puisse rassembler des volontés, fédérer des efforts, créer des synergies mais de manière très stratégique pour vraiment créer un espace stratégique d’échanges économiques […] ce sera certainement au cœur des discussions. D’autre part, comment inclure aussi les populations sur ce grand projet. A Dakar, les deux thèmes dont le sommet sera coiffé sont les femmes et les jeunes comme acteurs de paix et vecteurs de développement. Je trouve ça extrêmement réjouissant de voir à quel point l’on réalise qu’il était temps aussi qu’on le clame que les femmes et le jeunes ne peuvent être autrement que partie de l’équation pour le développement économique, le développement humain, le développement durable, la stabilité et la paix dans les pays de la francophonie. Moi je trouve que d’une part il y a une feuille de route extrêmement inspirante, stimulante qui va demander que l’on mette ensemble toutes les volontés, tout ce que nous représentons, toutes nos expériences, toutes nos expertises sur des objectifs extrêmement précis et de manière inclusive, c’est-à-dire un regain de pertinence en incluant davantage les populations. En incluant les femmes, en incluant les jeunes, en se disant qu’il ne peut pas y avoir de grands projets pour la paix, pour la sécurité pour la stabilité dans le monde sans les femmes et les jeunes. Il ne peut pas y avoir de grands projets dans la francophonie et pour le monde au niveau économique, au niveau du développement durable sans les femmes et les jeunes.

LN  : Quels sont les atouts dont vous disposez pour concourir au poste de secrétaire générale et qui pourraient garantir votre élection ?

MJ  : Premièrement, le fait d’être du Nord et du Sud. C’est un atout majeur. C’est-à-dire d’avoir cette double perspective, cette double expérience et cette double sensibilité, cette double écoute aussi, cette façon d’entendre à la fois du côté des pays du Nord, qui ont eux aussi leur part de défis et qui peuvent être semblables à ceux qui se vivent dans les pays du Sud. Je suis bien placée pour le savoir. Avoir cette capacité aussi d’être une espèce de catalyseur, de vecteur qui permet une meilleure rencontre de ces réalités et qui permet aussi d’encourager des synergies porteuses au nom de ces valeurs qui sont extrêmement importantes au sein de la francophonie. La solidarité, notamment, des valeurs qui sont fondatrices de ce que nous sommes, de ces expériences que nous avons en partage et que la langue exprime avec beaucoup de force. Le fait aussi d’être une femme d’action. Je serais la première femme à la tête de la francophonie et c’est important. Il y a beaucoup de choses qui font de moi qui je suis et qui me sont venues aussi de mon engagement profond au sein du mouvement des femmes. Le fait aussi d’avoir œuvré comme je l’ai fait comme envoyée spéciale de l’UNESCO pour Haïti où j’ai pu voir de très près ce qu’est cet environnement multilatéral et cet environnement international en présence d’un pays qui veut se reconstruire et qui a à se relever d’une catastrophe majeure qui a été dévastatrice. Je dirais que mon engagement repose aussi sur le fait d’avoir porté des responsabilité de chef d’Etat, d’avoir pu sillonner le monde, représenté un pays comme le Canada et en même temps d’avoir établi un réseau de dialogue, de relations, de contacts. Etre capable de se présenter et d’engager le dialogue avec des chefs d’Etat que l’on connaît déjà où on a fait un état des lieux des défis et des forces aussi. C’est ce qui, entre autres, fait que plusieurs pays membres de la francophonie regardent ma candidature en se disant qu’elle représente une somme d’atouts importants, là où la francophonie a envie d’aller, c’est-à-dire vers la modernité.

LN : Haïti et le Canada appuient votre candidature et vous avez déclaré que vous en êtes très honorée. Comment se manifeste ce support ?

MJ : Ce support se manifeste de manière tangible, par exemple sur une campagne menée sur le front diplomatique qui est très importante. Etre la candidate du Canada est une chose, être l’objet d’une candidature portée aussi par Haïti est une autre chose. Haïti est un pays qui occupe une place très spéciale dans le cœur des leaders africains, des populations africaines. Dans les années 60, au moment de la décolonisation, tous ces pays africains qui ont acquis leur indépendance ont dû se construire. Combien d’intellectuels, de professionnels haïtiens ont répondu à l’appel ! Grâce à des Haïtiens, il y a toute une relève, il y a toute une génération de professionnels africains qui ont trouvé un appui important. Des fois, on se voit toujours tout petit. On ne réalise pas tout ce qu’on a donné au monde. Mais Haïti a tellement donné au monde ! Le fait qu’Haïti soit la première République noire de l’histoire de l’humanité a aussi un sens. Les Africains voient l’histoire d’Haïti comme la leur également. Quand le président, le Premier ministre et tout l’appareil diplomatique haïtien disent aux pays de la francophonie voilà c’est une candidature que nous appuyons, cela a une résonnance. Et comme fille de ce pays, cela me conforte dans ma volonté.

LN  : Quel sera le positionnement d’Haïti sur l’échiquier de la francophonie avec vous comme secrétaire générale ?

MJ : Haïti sera une alliée.

Voir en ligne : Le Nouvelliste

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