MosaikHub Magazine

Mirlande Manigat prête à rencontrer Martelly, Moïse Jean-Charles baisse le ton

jeudi 11 septembre 2014

Le principe de dialogue et de négociations avec le chef de l’Etat en vue de trouver une solution à la crise préélectorale est plutôt bien accueilli par les partis de l’opposition politique, même chez les plus radicaux. Prudente, Mirlande Manigat du RDNP n’est pas contre l’idée de s’asseoir avec Michel Martelly, mais exprime des réserves alors que le sénateur Moïse Jean-Charles se dit prêt à accepter toute résolution entre le président de la République et le groupe des six sénateurs.

Lueur d’espoir. Les protagonistes veulent dialoguer, se regarder dans les yeux, trouver une sortie de crise. Le groupe des six sénateurs a lancé la balle des négociations, le président Martelly l’a bien réceptionnée pour ensuite la renvoyer aux autres secteurs de la société. Même ses adversaires les plus coriaces croient que c’est une bonne idée de revenir sur la table du dialogue. « Je ne l’appellerais pas dialoguer, mais de la négociation », a précisé d’entrée de jeu au Nouvelliste la dirigeante du RDNP. Selon Mirlande Manigat, « sur le principe de la négociation, oui, mais tout dépend du contenu, de l’endroit, des participants… »

Personnellement, Madame Manigat, êtes-vous disposée à rencontrer le chef de l’Etat sur la crise politique ? A cette question directe du Nouvelliste, le numéro un du RDNP a répondu ainsi : « Je suis un chef de parti politique, mais aussi une patriote. J’ai beaucoup de préoccupations sur la situation actuelle du pays. Donc, je n’écarte pas a priori n’importe quelle proposition pouvant résoudre la crise. Cependant, on n’est pas seul à négocier, on a un partenaire en face. Qu’est-ce qu’il veut ? Qu’est-ce qu’il est disposé à donner ? Tout cela crée beaucoup d’incertitudes et pour l’instant, au sein du RDNP nous sommes très prudents. »

Toutefois, Mirlande Manigat a indiqué que c’est « possible » qu’il y ait une sortie de crise après la rencontre avec le chef de l’Etat. Elle s’est à nouveau interrogée sur le nombre de secteurs que compte rencontrer Michel Martelly. « Qu’est-ce qui sortira comme synthèse ? C’est difficile ! Je ne vois pas la possibilité d’une synthèse qui puisse sortir le pays d’où il est actuellement », a-t-elle dit. « Cependant, je ne refuse pas de m’asseoir avec lui (Michel Martelly) », a-t-elle ajouté.

Tenant compte de la note de presse publiée mardi par le secrétariat général de la présidence sur l’intention du président de la République de dialoguer, Mirlande Manigat a dit comprendre que le chef de l’Etat veut faire un El Rancho II. Selon elle, ce qui serait logique c’est que Michel Martelly rencontre les partis de l’opposition. « Ce sera une sorte de ‘’bouyi vide’’ en rencontrant tout le monde », a-t-elle dénoncé, soulignant qu’elle a beaucoup de réserves sur ce point.

L’ancienne candidate à la dernière présidentielle laisse le soin au MOPOD de dire le dernier mot sur plusieurs points concernant l’appel au dialogue. « Nous n’avons encore reçu aucune invitation officielle, mais au sein du MOPOD nous avons discuté afin de savoir quel comportement adopter », a-t-elle précisé au Nouvelliste.

Moïse Jean-Charles baisse un peu le ton

C’est connu de tous, il n’aime pas le président Martelly. Et manifestement c’est réciproque. Cependant, le sénateur Moïse Jean-Charles, qui se passe de présentation comme opposant au régime en place, a estimé que le président de la République a progressé en entendant la raison avec cette invitation au dialogue. « Je ne serai pas présent à cette rencontre, a-t-il souligné, mais je souhaite que ceux qui y prendront part aient comme boussole la Constitution. » S’ils respectent la loi, l’élu du Nord a indiqué qu’il respectera les résolutions trouvées à la suite du dialogue.

Ce qui est important pour lui dans la série de rencontres annoncée par le chef de l’Etat, c’est le respect de la Constitution, le respect des articles 191-1 et 289. Il n’a toutefois pas raté l’occasion d’accuser le président d’être le responsable de la situation de crise que vit le pays.

Dialogue, Paul Denis monte à bord

Le grand conseiller politique du parti INITE, Paul Denis, lui aussi, ne voit aucun inconvénient dans le principe du dialogue annoncé par le président Michel Joseph Martelly. Cependant, « si le président veut dialoguer avec ses petits copains cela ne concerne que lui », a-t-il dit mercredi matin sur Radio Magik 9. Pour l’ancien ministre de la Justice, le dialogue annoncé par le chef de l’Etat devra concerner essentiellement les élections et la gouvernance. « Le pays est mal gouverné, a-t-il dit. L’actuel gouvernement perd toute sa crédibilité face à la nation. Il ne donne aucune assurance que les pouvoirs de l’Etat ne détourneront pas le vote populaire. »

« Si nous ne pouvons pas avoir une large mobilisation, nous sommes obligés de discuter, a-t-il reconnu, soulignant qu’il aurait été préférable que le président Martelly ne soit plus là. Pour Paul Denis, l’ex-chanteur de Sweet Micky est un "pongongon" contre lequel il faut se battre. »

Comme le sénateur Moïse Jean-Charles, il estime que le chef de l’Etat est le responsable de la crise actuelle. « Depuis sa prestation de serment il ne fait que violer la Constitution », a-t-il affirmé. Rejetant d’un revers de main les analyses de ceux qui croient que l’ancien chanteur est arrivé au pouvoir à cause de l’échec de la classe politique, Paul Denis pense qu’ils finiront par forcer le départ de Michel Joseph Martelly avec le temps. « Un peuple peut prendre du temps avant de comprendre ses intérêts. Il peut mettre du temps avant de prendre conscience de sa véritable situation et décider de ce qui doit être fait pour s’en sortir", a philosophé le leader politique.

Par ailleurs, le directeur exécutif de l’Initiative de la société civile (ISC) a indiqué que le fait que le président Martelly accepte le principe et élargit le dialogue à d’autres partis politiques, des sénateurs et d’autres secteurs de la vie nationale est une excellente réponse. « C’est ce que nous avons toujours souhaité », a réagi Rosny Desroches, qui, avec des représentants d’autres organisations religieuses et de la société civile avait invité les acteurs politiques à un nouveau round de dialogue la semaine dernière.

La solution à la crise actuelle, de l’avis du secrétaire exécutif de l’ISC, ne réside que dans le dialogue tout en minimisant la possibilité que la résolution adoptée par la Chambre basse la semaine dernière puisse contribuer à débloquer la situation.

Pour le moment, ni la date ni le lieu pour ladite série de rencontres annoncées par la présidence ne sont encore connus. Il faut attendre le calendrier annoncé par le secrétariat général du palais national.


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie