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Nouvel effort des grandes puissances pour la paix en Syrie

vendredi 18 décembre 2015

Les grandes puissances, cherchant à mettre un terme au conflit en Syrie, ont fait adopter à l’ONU vendredi une résolution appelant à un cessez-le-feu et à des négociations de paix dès début janvier.

La résolution a été adoptée à l’unanimité des quinze membres du Conseil, y compris la Russie. Ils se sont réunis au niveau des chefs de la diplomatie sous la présidence de l’américain John Kerry.

Ce texte "envoie un message clair à tous pour dire qu’il est temps de mettre fin aux tueries en Syrie", a affirmé M. Kerry.

Il s’est dit "sans illusions" sur la difficulté de la tâche mais a salué un "degré d’unité sans précédent" des grandes puissances.

Dans un nouvel effort pour mettre fin à un conflit qui a fait plus de 250.000 morts et des millions de réfugiés en quatre ans et demi, le Conseil de sécurité a demandé au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon de "réunir des représentants du gouvernement syrien et de l’opposition afin qu’ils entament d’urgence des négociations formelles sur un processus de transition politique".

L’objectif est que ces discussions commencent "au début janvier 2016" et coincident avec un cessez-le-feu sur l’ensemble du territoire syrien.

Le Conseil "confirme son soutien au Communiqué de Genève" de juin 2012 sur une transition politique en Syrie et "entérine les déclarations de Vienne".

La résolution reprend tous les éléments de la feuille de route mise au point par les grandes puissances lors de leurs réunions en octobre et novembre à Vienne.

Une troisième réunion de ce processus de Vienne s’est tenue vendredi dans un grand hôtel de New York en présence des ministres des Affaires étrangères de 17 pays.

Outre la rencontre opposition/régime et un cessez-le-feu, la feuille de route de Vienne prévoit un gouvernement de transition dans les six mois, ainsi que des élections dans les 18 mois.

La résolution demande à l’ONU de préparer dans un délai d’un mois des "options" pour mettre en place un "mécanisme de surveillance et de vérification" du cessez-le-feu.

Elle précise que le cessez-le-feu "ne s’appliquera pas aux actions offensives ou défensives" contre les groupes extrémistes comme le groupe Etat islamique (EI) et le front Al-Nosra.

Le Conseil appelle à ce propos à "éradiquer le refuge qu’ils ont établi" en Syrie, en référence aux vastes territoires tenus par l’EI.

- Le sort de Bachar al-Assad -

Le projet ne dit rien du sort qui serait réservé dans la transition politique au président Bachar al-Assad, dont les Occidentaux souhaitent le départ contrairement à la Russie. Cette divergence est un des principaux obstacles à un règlement.

Le texte fait aussi une simple référence à "l’utilité de la réunion de Ryad" du 9 au 11 décembre, qui a fédéré une partie de l’opposition syrienne sous la houlette de l’Arabie Saoudite mais que Moscou a vivement critiquée.

Les opposants syriens réunis à Ryad ont en effet accepté de négocier avec le régime de Damas mais ont exigé le départ de M. Assad dès le début d’une éventuelle période de transition politique.

La résolution est le fruit de difficiles négociations entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, France, Royaume uni, Chine).

Peu avant ce vote, le président des Etats-Unis Barack Obama a réaffirmé que son homologue syrien Bachar al-Assad devait quitter le pouvoir, mais sans préciser à quel moment d’une éventuelle transition politique en Syrie.

Il a jugé qu’il n’y aurait pas de paix en Syrie "sans un gouvernement légitime", lors de sa conférence de presse annuelle à la Maison Blanche.

Il faut "des garanties" pour s’assurer du départ du président syrien, a pour sa part déclaré à l’ONU le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius peu après l’adoption de la résolution.

Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a lui évoqué des discussions "difficiles" vendredi matin à New York.

- L’opposition syrienne veut plus de temps -

Etaient représentés à cette rencontre Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Oman, Liban, Jordanie, Chine, Egypte, Allemagne, Iran, Irak et Italie, ainsi qu’ONU, UE, OCI et Ligue arabe.

Mais la principale coalition de l’opposition syrienne a estimé vendredi que l’objectif de parvenir à un cessez-le-feu début janvier n’était pas réaliste.

Najib Ghadbian, représentant à l’ONU de la Coalition nationale syrienne, a demandé "à peu près un mois" pour préparer les pourparlers de paix, qui se tiendraient en parallèle au cessez-le-feu, a-t-il dit. La Coalition a également demandé que la Russie cesse ses bombardements, dans le cadre du cessez-le-feu.

"Les attaques russes continuent de viser tout le monde et n’importe qui, sauf l’EI", a affirmé M. Ghadbian.

Autre point délicat, la liste des groupes "terroristes" à exclure du processus de paix.

La Jordanie a annoncé vendredi à New York qu’elle avait présenté une "matrice" reflétant les différentes positions des 17 pays du Groupe de soutien, qui ont soumis des listes différentes des factions armées qu’ils jugent terroristes sur le terrain.

Vendredi, le président français François Hollande a assuré que la lucrative contrebande de pétrole organisée depuis la Syrie par l’EI avait été "largement réduite", à l’issue d’un Conseil européen à Bruxelles.


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