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Nucléaire iranien : le temps presse

lundi 26 janvier 2015

Editorial du « Monde ». Jamais les dirigeants iraniens et américains ne se sont autant engagés pour régler le différend nucléaire qui empoisonne le Moyen-Orient et menace à terme, s’il n’est pas réglé, de relancer la prolifération mondiale des armes atomiques. En effet, c’est une véritable course contre la montre qui est engagée entre ceux qui veulent trouver un compromis sur le programme nucléaire iranien afin de mieux le contrôler et ceux, à Téhéran comme à Washington, qui s’opposent à tout accord, soit par manque de confiance dans la partie adverse, soit par un calcul dangereux.

Là où bien des espoirs étaient permis en 2014, le temps presse désormais. Car il joue contre la négociation engagée entre l’Iran d’un côté et les « 5 + 1 » de l’autre – les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie) et l’Allemagne. Initialement, la date butoir de ces pourparlers avait été fixée au 24 novembre 2014. Faute d’un accord sur les deux questions-clés – le niveau d’enrichissement de l’uranium dont pourrait bénéficier la République islamique et le rythme de levée des sanctions qui pèsent sur elle –, les négociateurs s’étaient accordé un nouveau délai, jusqu’à fin juin.

Mais le vent a tourné. Le président iranien Hassan Rohani, élu à la surprise générale en juin 2013, a vu sa légitimité et ses marges de manœuvre constamment érodées par les conservateurs tout au long de l’automne. Au point qu’il joue aujourd’hui son va-tout sur cet accord, dont il avait fait la principale promesse de sa campagne électorale ; il va jusqu’à menacer d’organiser un référendum sur la question.

Lire aussi : En Iran, le président Hassan Rohani joue son va-tout

La menace du droit de veto

Aux Etats-Unis, le Congrès, renouvelé en novembre 2014 et dominé par les républicains, entre en fonctions ce mois-ci. Cette situation politique va sérieusement réduire la crédibilité et la liberté de négociation du président américain. Déjà, les projets de renforcement des sanctions à l’encontre de l’Iran s’empilent au Sénat et à la Chambre des représentants. Leur adoption serait pain bénit pour les ultra-conservateurs iraniens, pour qui il ne faut rien attendre du « grand Satan ».

« Le Congrès doit faire preuve de patience », a adjuré, vendredi 16 janvier, Barack Obama, qui a menacé d’utiliser son droit de veto contre toute initiative intempestive des « faucons » du Congrès. Quant au secrétaire d’Etat, John Kerry, et à son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, ils se sont rencontrés deux fois cette semaine, avant la reprise officielle des pourparlers, à Genève, ce dimanche.

La visite concomitante, à Paris, des deux hauts responsables américain et iranien n’est d’ailleurs pas un hasard. La France a été, tout au long de ces dernières années, le membre le plus intransigeant de la coalition chargée de négocier avec l’Iran. Il est donc important de s’assurer son soutien, alors que les pourparlers pourraient connaître une accélération à Genève la semaine prochaine.

Il serait souhaitable que Paris joue un rôle à la hauteur de ses responsabilités. Car l’enjeu n’est pas seulement le contrôle de la prolifération nucléaire. Il est aussi celui d’une éventuelle normalisation des relations entre les Etats-Unis et l’Iran, l’un des principaux pays de la région. Une telle évolution serait un sérieux facteur de stabilisation, en contribuant à dénouer l’une des multiples crises qui ensanglantent le Moyen-Orient et menacent, aujourd’hui, de se propager à l’Europe. Comme on vient de le constater en France.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/international/article/2015/01/17/nucleaire-iranien-le-temps-presse_4558341_3210.html#kbUxR7mSVGSifgwL.99


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