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Pourquoi les étudiants s’acharnent-ils contre les biens de l’Etat ?

jeudi 5 février 2015

En écoutant les témoignages du juge et juge d’instruction du tribunal civil de Port-au-Prince Chavanne Etienne, hier après-midi, qui a rapporté avoir été contraint d’abandonner un véhicule du Service de l’Etat qu’il pilotait, sous la pression des étudiants, à l’angle de l’avenue Christophe et de la rue Lafleur Ducheine, pour être incendié, il y a matière à être inquiet des agissements de ces manifestants. Selon les précisions fournies par le juge, les étudiants lui ont intimé l’ordre - de même qu’aux deux autres occupants du véhicule- de prendre ses effets, en dépit du fait qu’il s’est identifié comme magistrat.

Par cette action ignoble sur la personne d’un magistrat, les étudiants viennent de prouver qu’ils sont loin de comprendre la raison pour laquelle ils ont été admis à l’université. Haut lieu de savoir, avec pour mission de guider la société sur la voie du progrès, l’Université d’Etat d’Haïti est sur une pente dangereuse à cause de ces quatre entités (INAGHEI, Faculté d’ethnologie, IERAH et FASCH). Comment imaginer cette folie furieuse de ces étudiants qui s’attaquent aveuglement aux véhicules de l’Etat à chaque fois qu’ils doivent faire valoir une revendication quelconque ?

Les étudiants des années 60 avaient fondé l’Union nationale des étudiants haïtiens (UNEH). Un mouvement étudiant cohérent qui avait secoué la dictature de François Duvalier. Après le départ de Jean-Claude Duvalier, la Fédération nationale des étudiants haïtiens (FENEH) avait été fondée. Ce grand mouvement savait porter les revendications des étudiants à l’attention des plus hautes autorités du pays. A cette époque, la FENEH organisait de temps en temps des débats avec des personnalités d’horizons divers pour poser certains problèmes d’intérêt national.

Aujourd’hui, il paraît que cette génération d’étudiants est incapable de réfléchir sur les grands défis auxquels fait face le pays, classé comme le plus pauvre de l’hémisphère occidental. Combien d’étudiants de l’INAGHEI, de la Faculté d’ethnologie, de la Faculté des sciences humaines et de l’IERAH se sont déjà penchés sur les causes profondes de notre retard par rapport aux autres pays de la région ?

Au lieu de réfléchir et de se grouper en un mouvement estudiantin susceptible d’orienter les masses dans les prochaines élections, pour mettre fin à la descente aux enfers du pays, après ces vingt-cinq dernières années de gouvernance exécrable, les étudiants de l’UEH n’ont qu’une option à chaque période de turbulences, celle d’ériger des barricades enflammées et d’incendier des véhicules de l’Etat.

Ces casseurs ne savent-ils pas que les véhicules de l’Etat rentrent dans le patrimoine des biens de l’Etat et, par ricochet, appartiennent à la nation tout entière ? Quelle conception ces jeunes se font-ils de l’Etat ? Il ne fait pas l’ombre d’un doute que, dans ces facultés, en première ou deuxième année, les professeurs ont établi la différence entre le gouvernement et l’Etat. Entre la nation, la population et le peuple.
Alors, pourquoi ces étudiants sont-ils dans cet état ?
Lemoine Bonneau
lbonneau@lenouvelliste.com


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