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Poutine sous le feu des critiques avant un G20 aux accents de guerre froide

vendredi 14 novembre 2014

David Cameron et son homologue australien Tony Abbott ont fustigé le comportement russe dans la crise ukrainienne, menaçant le Kremlin de nouvelles sanctions.

Avant un G20 aux accents de guerre froide avec des navires russes au large de l’Australie et un ultimatum à la France pour livrer les Mistral, la Grande-Bretagne et l’Australie ont vivement critiqué vendredi l’action de la Russie dans la crise ukrainienne. Le Premier ministre britannique, David Cameron, a ainsi averti dans un discours devant le Parlement australien à Canberra que la Russie s’exposait à de nouvelles sanctions occidentales si elle ne s’engageait pas à résoudre le conflit ukrainien, lui et son homologue australien Tony Abbott, hôte du G20, employant des mots très fermes contre Vladimir Poutine, arrivé en Australie dans la soirée.

La Russie se comporte comme un "grand État agressant de plus petits États en Europe", a lancé David Cameron avant de se rendre à Brisbane pour ce sommet des chefs d’État et de gouvernement des pays les plus puissants du monde, samedi et dimanche. Tony Abbott a dénoncé l’accroissement des activités militaires tous azimuts de la Russie, citant en particulier l’apparition de plusieurs navires de la marine russe cette semaine au nord des côtes australiennes.

"Qu’il s’agisse d’agresser l’Ukraine, qu’il s’agisse de l’intensification des vols d’avions militaires dans l’espace aérien du Japon, des pays européens, qu’il s’agisse de la force navale qui est maintenant dans le Pacifique Sud, la Russie est beaucoup plus sûre d’elle maintenant qu’elle ne l’a été depuis longtemps", a lancé le chef du gouvernement australien. "La Russie serait beaucoup plus attrayante si elle aspirait à être une super-puissance pour la paix, la liberté et la prospérité, au lieu d’essayer de recréer la gloire perdue du tsarisme ou de l’Union soviétique", a-t-il ajouté.

Ultimatum à la France

Vladimir Poutine est arrivé vendredi dans la soirée à Brisbane (vers 11 h 30 GMT), tombant la veste sur le tarmac dans la chaleur australienne. Auparavant, il avait martelé à l’agence officielle TASS son opposition à la formation d’éventuels "nouveaux blocs" au sein du G20 : "Il me semble que cela serait vraiment mauvais si on se mettait à créer des blocs à nouveau. Ce n’est pas du tout constructif et (c’est) même nuisible à l’économie mondiale."

L’Otan a confirmé cette semaine les affirmations de Kiev accusant la Russie d’avoir déployé des troupes et des équipements militaires russes dans les régions de l’est de l’Ukraine contrôlées par des rebelles pro-russes, ce que Moscou a farouchement nié. Moscou a de son côté fait entrer la France dans cette danse musclée en lançant un ultimatum à Paris. Une source russe "haut placée" a déclaré à l’agence Ria Novosti que Paris avait jusqu’à fin novembre pour livrer un premier navire de guerre Mistral à la Russie si elle ne voulait pas s’exposer à de "sérieuses" demandes de compensation

Décision en attente

Ce sujet sensible devrait être abordé samedi, lors d’une rencontre bilatérale en marge du G20, à 18 heures locales (8 heures GMT), entre Vladimir Poutine et son homologue français, François Hollande. L’Élysée a renvoyé aux déclarations du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui avait indiqué mercredi qu’"aucune date de livraison" ne pouvait "être fixée à ce stade", ajoutant que le président Hollande prendrait une "décision définitive (...) le moment venu".

Les Mistral, des bâtiments de projection et de commandement vendus par la France à la Russie en juin 2011 pour 1,2 milliard d’euros, sont au centre d’un imbroglio diplomatico-militaire depuis la décision du président François Hollande, le 4 septembre, de lier leur livraison au règlement politique de la crise en Ukraine où la situation s’est dégradée. La crise ukrainienne et la controverse autour des Mistral risquent de peser lourd dans les débats au G20, un forum habituellement dominé par les questions économiques entre des pays représentant 85 % de la richesse mondiale.

Mea culpa

Et ce, d’autant que les relations entre la Russie et le pays organisateur, l’Australie, se sont brusquement dégradées depuis le crash de l’avion de la Malaysia Airlines (vol MH17), abattu en juillet dans une zone contrôlée par des rebelles pro-russes dans l’est de l’Ukraine, faisant 298 morts parmi lesquels 38 Australiens. Ne mâchant pas ses mots à l’égard de Vladimir Poutine concernant cette catastrophe aérienne, Tony Abbott a demandé au chef d’État russe de "faire son mea culpa". L’avion a été abattu par un missile fourni par la Russie, selon l’Ukraine et les Occidentaux, ce que Moscou dément en accusant les troupes de Kiev d’en être à l’origine.


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