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Rénold Clérisier, drapeaux vaudou, perles et paillettes

mercredi 22 octobre 2014

Parmi les aspects de l’artisanat qui émerveillent le public, la réalisation des drapeaux du vaudou avec des paillettes en est un. Rénold Clériser a consacré plus de vingt-cinq ans de sa vie à cette pratique. Dans son atelier situé à la ruelle Vaillant, à Lalue, tout sonne vaudou. Il reproduit tous les aspects de ce rituel. Ses œuvres sont exposées dans presque toutes les galeries de la place.

Pas besoin d’être un amateur d’artisanat ni un pratiquant du vaudou pour être ébloui par la profondeur des œuvres de Rénold Clériser. Au penchant est de la ruelle Vaillant prolongée, à l’entrée d’un vaste bidonville dans un espace qui porte encore les séquelles du tremblement de terre de 2010, se tient son petit atelier où il travaille avec son neveu. Sur un lit minuscule, il étale ses drapeaux multicolores. Il fait preuve d’une imagination très féconde. Ce qui fait de lui un maître dans ce domaine. Les drapeaux pailletés par ce dernier sont utilisés lors des cérémonies visant à saluer des esprits et pour sacraliser certains espaces. Il tient le flambeau de cet aspect de l’artisanat haïtien allumé pendant que beaucoup d’autres artisans ont tendance à tourner le dos aux paillettes du vaudou. Clérisier veut continuer à épater ses visiteurs par l’éclat de ses œuvres.

Le talent de l’artiste n’est plus à démontrer. Si certains ne souhaitent pas décrocher l’un de ses drapeaux, ils ne peuvent, sans nul doute, pas pour autant ne pas se sentir émerveillés devant la profondeur de son imagination. Le jeu de formes et de couleurs confère à ses œuvres une beauté exceptionnelle. Le collier, la toile, le fil et les différentes couleurs se marient harmonieusement pour plaire aux amateurs de l’artisanat et aux pratiquants du vaudou les plus exigeants.

À vue d’œil, on dirait que tout se calcule avec la plus grande minutie. Les petits objets emplumés, les figures géométriques et les images correspondant aux rituels vaudouesques constituent l’essence de ses œuvres. « J’ai toujours envie de faire autre chose, de créer », a-t-il fait savoir. Son imagination est son seul guide. Il se prépare à présenter des œuvres nouvelles au cours de la huitième édition de l’Artisanat en fête qu’il qualifie d’ailleurs de fête des artisans. Il est, par ailleurs, à sa cinquième participation.

Sous sa signature, plusieurs nouveaux drapeaux seront à l’honneur au Parc historique de la Canne à sucre les 25 et 26 octobre 2014. Des images plus raffinées seront aussi de la partie. Comme plusieurs autres artisans, M. Clérisier veut participer à cette nouvelle édition de l’Artisanat en fête en vue d’établir des contacts avec de potentiels investisseurs dans ce domaine. La réalisation des drapeaux du vaudou en paillettes, explique-t-il, est sa seule source de revenu. Ces derniers ne sont pas vendus à des prix dérisoires. Ils coûtent entre vingt mille et trente-cinq mille gourdes.

Né en 1966, Rénold Clériser commence véritablement ce métier en 1987. Il n’a pas étudié les arts dans une école reconnue de la capitale. C’est un métier qu’il a appris sur le tas. Dans son jeune âge, il fréquentait toujours l’atelier de Clotaire Bazile, au Bel-Air, qui confectionnait et exposait des drapeaux en paillettes pareils à ce qu’il fait aujourd’hui. Depuis lors, il ne vit que pour les dieux. C’est un mariage qui dure déjà des années. D’aucuns affirment qu’il est en relation permanente avec les dieux. Lors de ces tracés, tout indique qu’il est en transe. Il ne considère pas le métier comme seulement son gagne-pain. Il a noué une relation inexplicable avec son travail au point qu’il ne peut passer une journée sans être en contact avec cette activité.

Jose Flecher
jflecher@lenouvelliste.com


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