Se pa maladi doktè !
En Haïti, une des grandes causes de décès est le manque d’information.. En effet, on n’est jamais vraiment malade et on meurt rarement de maladie ; en général, c’est quelqu’un (souvent un ennemi ou un envieux) qui « mange » l’être cher. Ces croyances régnant, très souvent des maladies traitables atteignent un stade de non-retour qui entraîne effectivement la mort. « Se pa maladi doktè », dit-on souvent chez nous. Et pourtant… « tout maladi se maladi doktè ». -
• Un enfant perd l’appétit, est sans énergie et dépérit lentement, ou encore a des vomissements, la diarrhée ou une forte fièvre, c’est la voisine ou la vieille du coin qui le mange : « yo voye mò sou li ». Alors que ce ne sont là que des symptômes probablement liés à une parasitose, une infection, une bactérie, ou même une simple anémie.
• Un homme ou une femme tombe en syncope, ou soudainement perd l’usage de la parole et n’arrive plus à bouger une partie de son corps et « li pran nan poud ». Mais attention, ces mêmes symptômes sont aussi des indices d’une attaque cérébrale, due à une hypertension ou toute autre maladie cardiovasculaire.
• Une femme ne voit plus ses règles et son ventre grossit. Elle dit être enceinte mais aucun bébé ne vient même après deux ans. Pas la peine d’aller voir le médecin, selon ses proches, « li gen yon timoun en pèdisyon ». Il y aurait pourtant plusieurs raisons pour sa condition qui mériterait une prise en charge médicale urgente : grossesse nerveuse, fibromes et même le cancer.
• Quelqu’un qui devient lent mentalement et physiquement est un zombi. Pourtant cette personne pourrait avoir souffert d’une attaque cérébrale ou encore avoir une infection ou pire, une tumeur au cerveau.
• Les douleurs aux poignets, chevilles, genoux et doigts sont des signes de rhumatisme et non des « gaz ». Et oui, elles demandent de visiter un médecin qui vous prescrira les médicaments qu’il faut.
Ce sont là quelques exemples de signes et symptômes communément entenduS dans l’histoire du patient qui se trouve finalement en clinique après maintes visites chez le « bòkò ». Loin de nous l’idée de défaire qui que ce soit de ses croyances, mais quelle qu’elle soit, sachez que la plupart des maladies diagnostiquées à temps par des médecins peuvent être soignées et vous pouvez en guérir. Alors pourquoi s’enlever ses chances de guérison ?
C’est dommage de voir des gens mourir jusqu’à présent faute d’informations, ou parce qu’ils sont aveuglés par la superstition. Pour sauver une vie, une simple consultation médicale avec dépistage précoce et prise en charge adaptée aurait pu suffire dans la grande majorité des cas. N’ayez pas peur, consultez un médecin dès que vous voyez un changement chez votre enfant, conjoint, parent ou ami dont vous avez la charge et suivez les instructions du médecin ; voilà votre seul travail. Et notre travail à nous, à Village Santé, est de vous tenir informés.
AUTEUR
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