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Laurent Neumann : Trierweiler, le livre qui "tue" à petit feu

lundi 8 septembre 2014

L’éditorialiste politique revient sur la publication de "Merci pour ce moment" de l’ancienne première dame : un poison lent et sans antidote.

Nicolas Sarkozy était président de la République, ses meilleurs opposants pointaient à gauche. Logique. Il leur avait même donné un nom : les "anti-sarkozystes primaires". François Hollande est chef de l’État depuis plus de deux ans et il partage, depuis le premier jour de son accession au pouvoir, cet insigne privilège avec son prédécesseur. Lui aussi recrute ses meilleurs adversaires... à gauche. Sauf qu’il n’est encore venu à l’idée de personne de les baptiser "les anti-hollandistes primaires". Et pourtant...
Cécile Duflot écrit dans un livre qu’il est "le président de rien". Jean-Luc Mélenchon explique à ceux qui l’écoutent encore que Hollande, c’est "pire que Sarkozy". Arnaud Montebourg propose au président de trinquer à "la cuvée du redressement". Les "frondeurs" du PS frondent tant qu’ils peuvent. Et voilà même son ex-compagne, Valérie Trierweiler, qui raconte dans un livre que notre président, de gauche, n’aime pas les pauvres, qu’il moque les handicapés et se déshumanise à vue d’oeil. Avec des "camarades" comme ceux-là, plus besoin d’opposition. Il n’aura d’ailleurs échappé à personne que, de l’UMP au FN, tous se sont mis aux abonnés absents depuis quinze jours. Pourquoi se fatiguer quand la gauche fait le boulot à notre place ?

"Quand le déshonneur est public, la vengeance doit l’être aussi"

On aurait tort de croire, cependant, que le livre de Valérie Trierweiler n’est, au fond, que le long cri de douleur d’une femme répudiée, blessée, meurtrie. Certes, "quand le déshonneur est public, la vengeance doit l’être aussi", écrivait Beaumarchais dans Le Mariage de Figaro. Mais ce prurit éditorial, appelé à devenir un succès international de librairies, signe surtout la désacralisation définitive de la fonction présidentielle et, en réalité, de l’ensemble des responsables politiques.

En janvier dernier, les paparazzades de Closer avaient planté les premières banderilles ; ce livre assène le coup fatal. Désormais, tout sera permis. Plus personne, à gauche comme à droite, ne sera à l’abri. Sans doute est-ce d’ailleurs pour cela que l’ensemble de la classe politique, droite et gauche confondues, a préféré assurer le service minimum pour commenter l’ouvrage.

Poison lent

L’auteur qui, savoureux paradoxe, a si souvent défendu le sacro-saint principe du respect de la vie privée savait d’ailleurs parfaitement ce qu’elle faisait : François Hollande ne pouvait démentir ni même porter plainte. Mieux : le chef de l’État étant au plus bas dans les sondages d’opinion, elle était assurée de jouir d’une présomption de vérité.

Ce livre, comme les photos de Closer, s’apprête donc à agir comme un poison lent. Conçu pour "tuer" symboliquement un homme, il va contaminer tout le monde. Précision utile : pour ce genre de virus, il n’existe aucun antidote.


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