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« Non merci », la fronde de libraires contre le livre de Valérie Trierweiler

lundi 8 septembre 2014

Des libraires qui se rebellent contre la parution d’un livre ? La sortie de Merci pour ce moment, de Valérie Trierweiler (Les Arènes, 320 p., 20 €), a déclenché, au sein de la librairie française, un phénomène inédit de protestation qui a gonflé pendant tout le week-end, sur les réseaux sociaux. Avant de retomber.

Au départ, Damjan Petrovic, responsable de la librairie L’Imaginaire à Lorient (Morbihan), qui n’avait pas le livre de l’ex-première dame en stock, contrairement à ses collègues du Vent des mots ou de la Fnac, a mis un écriteau derrière la caisse, « Nous n’avons pas le livre de Trierweiler ».

Face a la réaction amusée de sa clientèle, il a pris une photo du panonceau et l’a mise sur le service de partage de photos et de vidéos Instagram. La réaction n’a pas tardé : 20 000 personnes ont partagé l’information qui s’est répandue sur les autres réseaux Facebook, Twitter, etc.

« NOUS N’AVONS PAS VOCATION À ÊTRE LA POUBELLE DE TRIERWEILER ET DE HOLLANDE »

Cela a aussi donné des idées à d’autres libraires qui, à leur tour, ont fait assaut d’imagination, en confectionnant leur propre affichette. « Nous sommes libraires. Nous avons 11 000 livres. Nous n’avons pas vocation à être la poubelle de Trierweiler et de Hollande. “Merci pour ce moment” de compréhension », précise l’un. « Désolé, nous n’avons plus le livre de Valérie Trierweiler, mais il nous reste des ouvrages de Balzac, Dumas, Maupassant », ironise un autre.

Etre libraire demeure un métier de passion et de conseil, expliquaient certains d’entre eux, chacun restant libre en France d’acheter ou de vendre un livre ou non.

Le mouvement, surnommé « Non merci pour ce moment », a amusé une partie de la clientèle, mais a aussi provoqué des réactions courroucées d’internautes, dénonçant l’élitisme, voire l’hypocrisie de libraires qui répugneraient à vendre ce document, mais qui vendent sans vergogne des best-sellers de Marc Levy ou de Guillaume Musso.

Devant la tournure prise par les événements, le libraire lorientais a tenu à calmer le jeu en précisant à Ouest-France que c’était « pour gagner du temps » qu’il avait mis en place cette affichette et nullement par un effet de « snobisme intellectuel ». De fait, ce sont, dans une large mesure, les librairies qui n’ont pas reçu l’ouvrage ou qui ont été très peu servies qui ont relayé le mouvement de protestation.

UN CAS D’ÉDITION

Le vent de fronde qui a touché quelques libraires est en un sens comparable au débat citoyen qui a traversé la société française au sujet du livre de l’ex-compagne du chef de l’Etat. Mais le véritable phénomène du week-end a été la ruée de la clientèle en librairie et le succès de vente de l’ouvrage. Ainsi, dans les gares, de nombreux Relay ont été rapidement dévalisés de leurs exemplaires.

Face à la curiosité des lecteurs, beaucoup de points de vente se sont retrouvés en rupture de stock, dès le début du week-end. Et ce, malgré une mise en place exceptionnelle de 100 000 exemplaires, ce qui constitue un record pour ce type de documents. Hachette, qui distribue le livre pour le compte des éditions des Arènes, ne pourra assurer des réassorts du document qu’à partir de mardi.

Merci pour ce moment constitue d’ores et déjà un cas d’édition. Jusqu’à présent, les librairies françaises avaient connu les files d’attente exceptionnelles occasionnées par la sortie de derniers volumes de la série Harry Potter, de J. K. Rowling, mais pas de polémique sur Internet.

Pour l’éditeur, il s’agit d’une très belle opération commerciale, puisque le livre édité dans le plus grand secret n’a eu besoin d’aucune campagne de promotion, ni de publicité pour se vendre. Les articles de presse et le bruit autour de l’ouvrage sur l’ensemble des médias et des réseaux sociaux ont fait le reste.

Alain Beuve-Méry


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