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Que peut la PNH sans l’aide de la Minustah ?

lundi 8 septembre 2014

Après environ un an et demi à la tête de la UNPOL en Haïti, la police de l’ONU, Luis Miguel Carrilho est appelé sous d’autres cieux. Avant de quitter le pays, le commissaire de police a accordé une interview exclusive au Nouvelliste dans laquelle il parle de la PNH, ses forces et ses faiblesses, de la situation générale de sécurité en Haïti, l’évasion à la prison de Croix-des-Bouquets, entre autres.

Depuis 2004 avec le débarquement des troupes onusiennes sur le territoire national, la police nationale est surveillée de près et encadrée par la police des Nations unies. A l’issue de sa mission à la tête de la UNPOL, après un an et demi, Luis Miguel Carrilho a indiqué au Nouvelliste qu’il part avec « le sentiment d’un travail accompli, mais aussi avec un sentiment qu’il y a encore beaucoup de travail. »

« Je crois que la police nationale haïtienne, pendant ces dernières années, a eu une excellente évolution et la situation sécuritaire du pays est devenue meilleure », a-t-il estimé. L’année dernière, il y a eu une réduction de plus de 20% du taux de criminalité et une réduction de plus de 50% du taux de kidnapping dans le pays, s’est félicité Luis Miguel Carrilho. Les six premiers mois de cette année, il y a eu une réduction de plus de 80 % de l’insécurité comparé à l’année dernière, a-t-il ajouté. « C’est positif et c’est un indicateur que la situation sécuritaire du pays est devenue meilleure », a indiqué le Portugais.

1 058 nouveaux policiers ont été gradués l’année dernière. Luis Miguel Carrilho a souligné que c’est la plus importante promotion de la PNH. 1143 autres aspirants sont actuellement en formation à l’académie de police, a-t-il renchéri, une façon pour dire que la UNPOL est très impliquée dans ce travail et à tous les niveaux : dans le processus de recrutement, dans la logistique, dans la formation, entre autres.

« Depuis 2009, a-t-il dit, la formation des cadets est assurée intégralement par des policiers de la police haïtienne. Cela montre un grand niveau de développement. » La UNPOL en Haïti, a ajouté M. Carrilho, compte des policiers « très qualifiés » venus de plus de 40 pays à travers le monde qui participent dans la formation spécialisée des policiers haïtiens.

Quelles sont les forces et les faiblesses de la PNH ?

Partout ailleurs, la police nationale est la face la plus visible de l’État, Luis Miguel Carrilho le dit haut et faut, soulignant que la police n’a pas d’horaire ni d’heures de travail. Le commissaire de police de l’ONU a estimé que les cadres de la PNH constituent ses plus grandes richesses. « Les cadres avec qui j’ai travaillé sont qualifiés et ont une attitude pour servir la population », a-t-il avancé.

S’agissant des grands défis, le chef de la UNPOL a indiqué que beaucoup de choses ont été faites, mais il reste encore beaucoup à faire. Selon lui, il faut augmenter l’effectif de la PNH. « C’est une faiblesse », a-t-il dit. Il faut aussi, a-t-il ajouté, augmenter le budget de la police nationale pour avoir la capacité de donner un meilleur service à la population, continuer à soutenir la PNH au niveau de la discipline, dans la formation spécialisée dans des domaines comme police communautaire, investigation criminelle, circulation routière…

La PNH peut-elle voler de ses propres ailes ?

A cette question directe du Nouvelliste, Luis Miguel Carrilho a avoué qu’il ne peut pas donner une réponse directe. « C’est une excellente question, mais la réponse est très difficile. La police ne travaille pas seule. Elle est une institution très crédible », a-t-il répondu, louant le travail du directeur général de la PNH.

Luis Miguel Carrilho a souligné qu’Haïti est l’un des pays où le taux d’homicide est le moins élevé dans la région. « Je crois à la PNH et je crois aussi que la PNH est une institution chaque jour plus crédible », a-t-il dit.

Les relations entre la population et la PNH

Selon Luis Miguel Carrilho, les relations entre la population et la PNH sont excellentes. « J’ai eu la possibilité de visiter les dix départements du pays, ce n’est pas seulement mon opinion, mais cela est scientifiquement prouvée que la PNH est une institution qui a la confiance de la population », a-t-il soutenu. Il a cependant reconnu qu’il y a parfois des problèmes, et l’inspection générale doit investiguer et fixer les responsabilités.

Qu’est-ce qui s’est réellement passé à la prison civile de Croix-des-Bouquets ?

Comme les responsables de la police nationale, le chef de la UNPOL patine sur cette question. « Ces genres d’incidents sont mauvais pour la société », a-t-il affirmé. Les premiers responsables sont les détenus, a jugé Luis Miguel Carrilho, qui souhaite que tous les évadés seront capturés et jugés pour cet acte. Jusqu’à la semaine dernière, au moment de l’interview, 66 d’entre eux ont été rattrapés, a-t-il précisé.

Il y a une enquête qui est en cours pour savoir ce qui s’est passé à la prison, a-t-il souligné en guise de réponse. « Je ne vais pas sauter sur une conclusion », a-t-il ajouté tout en souhaitant que ces genres d’incidents ne se répètent plus jamais à l’avenir.

Selon lui, « après l’évasion » la réaction de la police nationale était positive. Cependant, sur la réaction de la PNH « avant l’incident », Luis Miguel Carrilho croit qu’il faut attendre les résultats de l’enquête. Il dit disposer d’informations sur le dossier, « mais il faut laisser les institutions faire leur travail ».

Aujourd’hui, la PNH compte 11 000 policiers et policières. Luis Miguel Carrilho croit qu’elle doit arriver à 15 000 membres en 2016, selon le plan de développement 2012-2016 de la police nationale. « Cela ne veut pas dire que ce sera suffisant, mais c’est le niveau minimum pour donner de la sécurité à la population », s’est-il empressé de souligner. Il faut continuer à en augmenter l’effectif chaque année, a-t-il exhorté.


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