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Catalans, Flamands, Québécois…les indépendantistes regardent tous vers Édimbourg

mardi 9 septembre 2014

Le référendum sur l’indépendance de l’Ecosse se tient dans une semaine. Une victoire du « oui » serait perçu comme un signal d’encouragement à tous les séparatismes.

« Indépendantistes de tous les pays, unissez-vous ! » Alors que le référendum écossais s’annonce serré, un sondage donnant pour la première fois le oui en tête des intentions de vote, la marche pour l’indépendance du pays des Pictes est une source d’inspiration pour les séparatistes de nombreux pays occidentaux. Une victoire du oui serait un signal déterminant pour ces régionalismes qui remettent en question la figure de l’Etat nation.

« Yes, we Cat »

Le 11 septembre 1714, la guerre de succession d’Espagne s’achève avec la prise de Barcelone par les troupes franco-espagnoles. Jeudi 11 septembre, plusieurs millions de Catalans sont attendus dans les rues pour fêter le 300ème anniversaire de cette défaite légendaire, devenue La Diada, fête nationale de la Catalogne. Aux cris de « Yes we Cat », ils manifesteront comme chaque année leur volonté d’indépendance. Peut être avec plus d’intensité cette année. A quelques jours du referendum écossais, les indépendantistes prient pour que le « yes » l’emporte, ce qui serait un signal enthousiasmant pour leur propre lutte. Ils n’ont en effet pas attendu les Ecossais pour organiser leur propre référendum d’autodétermination qui aura lieu le 9 novembre. Le vote a été maintenu par la Generalitat (gouvernement catalan) malgré la ferme opposition de Madrid qui le considère comme « illégal ».
Les sondages donnent régulièrement le oui au-dessus de 50%, en mars 2014 l’un d’entre eux donnait même 60% des Catalans favorables à l’indépendance.

Le leader indépendantiste Arturo Mas (leader du parti nationaliste conservateur catalan) avait salué en janvier dernier l’ « approche pragmatique » du gouvernement britannique au sujet du référendum écossais pour mieux dénoncer l’absence de compromis de la part de Madrid.

Bye Bye Belgium


En Belgique, la scission du pays est un serpent de mer. En 2006, un canular avait défrayé la chronique : la RTBF avait diffusé un faux documentaire intitulé Bye Bye Belgium, au milieu duquel le présentateur annonçait la déclaration d’indépendance unilatérale de la Flandre. Ce qui ressemblait alors à une bonne blague belge est en train de se rapproche de la réalité. Lors des dernières élections fédérales en mai 2014 le parti indépendantiste flamand Nouvelle Alliance Belge (NVA) dirigé par Bart de Wewer est arrivé en tête avec 20% des voix, auxquelles il faut ajouter les 3,07 % obtenus par le Vlaams Belang, parti nationaliste flamand classé à l’extrême droite qui réclame la séparation. Le NVA est sur des positions moins radicales, il réclame une solution confédérale. Moins identitaire il fonde son argumentaire sur des motivations économiques, chiffrant à 6,7 millions d’euros le montant des transferts financiers réalisés chaque année de la Flandre à la Wallonie.
« Roma Ladrona »


Le mouvement indépendantiste de la Ligue du Nord, qui rêve de refonder le pays mythique de la Padanie dans le Nord de l’Italie, obtient régulièrement des succès électoraux en Vénétie et en Lombardie. Un référendum en ligne sans valeur légale avait été organisé en mars 2014 en Vénétie où 89% des habitants avaient dit oui à l’indépendance. Selon le quotidien politique Padania, organe officiel de la Lega Nord, le référendum pour l’indépendance « pourrait être un détonateur prodigieux pour tous les peuples en lutte pour l’autodétermination ». À la fois identitaires et économiques, les motifs invoqués pour l’indépendance se résument en un slogan lapidaire « Roma ladrona » -Rome voleuse- accusant la capitale de détourner les richesses économiques sans en produire autant que la besogneuse Padanie.
« Vive le Québec libre ! »


« Vive le Québec libre ! » la phrase prononcée par de Gaulle à Montréal en juillet 1967 résonne toujours comme un credo et un espoir pour les indépendantistes québécois. Un mouvement souverainiste le Parti Québecois, fondé un an après cette déclaration tonitruante prône depuis l’indépendance.

En 1995, un référendum similaire à celui qui aura lieu en Ecosse avait vu le « non » l’emporter à 50.58% des voix. Depuis, l’indépendance a un peu perdu la cote dans cette province qui bénéficie déjà de beaucoup d’autonomie. D’après un sondage de mars 2014 pour Radio Canada, seuls 39% des québécois voteraient « oui » à un Québec souverain.

Pourtant, pour Bernard Drainville, député péquiste (du Parti Québecois) qui a fait le voyage au pays des Pictes, les indépendantistes québécois feraient bien de s’inspirer de la question référendaire écossaise. « L’indépendance est une idée vivante, moderne, pertinente au temps présent et qui répond aux défis d’aujourd’hui », a- t-il déclaré au journal la Presse canadienne. Il souligne également la « limpidité de la question » posée aux Ecossais, et la prise en main exemplaire du référendum par la société civile.

Il est certain qu’une victoire du « oui » écossais ranimerait ces flammes indépendantistes et retentirait comme un coup de semonce pour l’Etat-nation, particulièrement en Europe où il est déjà fragilisé par l’Union Européenne - qui d’ailleurs ne cache pas son soutien aux régionalismes.


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