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Sécurité routière, qui s’en charge ?

mercredi 10 septembre 2014

Nos routes continuent de tuer.

Une trentaine de morts dans deux accidents de la circulation en une journée. Un camion assurant le trajet Port-au-Prince/Jérémie a fait panache mardi dans un ravin, au morne Tapion, sur la route nationale numéro 2. Premier bilan : au moins 23 morts et 37 blessés. Un énième accident tragique sur cette voie. La Primature, « consternée », n’a pas tardé à « présenter ses condoléances aux familles et aux proches des victimes », et a annoncé dans la foulée « avoir ordonné l’ouverture d’une enquête pour déterminer les causes de cet accident. » Ce même mardi, à Clercine, dans la commune de Tabarre, un camion a percuté un "tap tap", et a coûté la vie à sept passagers. Cinq autres ont été blessés.

Partout dans le monde, un accident de la circulation reste un fait divers. Mais les causes sont souvent déplorables. Quand des accidents tuent à cause de la surcharge ou de l’absence d’inspection des véhicules, la responsabilité des autorités est à questionner. La Direction centrale de la circulation et de la police routière remplit-elle vraiment sa mission ? Les responsables vont certainement évoquer un manque de moyens. Dans ce cas, il faudrait quand même commencer à penser un plan spécial pour cette direction.

La Primature a beau ordonner l’ouverture d’une enquête sur l’accident au morne Tapion. Celle-ci aboutira-t-elle, si enquête il y aura ? Au cas où elle aboutirait, quelles décisions prendraient enfin les autorités sur la sécurité routière ? Pour combien de temps ?

Nous avons parfois le drôle de surnom « d’Etat pompier ». Après chaque incident ou chaque événement, un train de mesures est annoncé qui reste finalement dans les tiroirs quand ces mesures ne sont pas éphémères. Après le tragique accident survenu sur la route de Delmas le 16 janvier 2012, qui a fait 40 morts, la question d’inspection des véhicules, notamment les poids lourds, était revenue sur le tapis. Le chef de l’Etat avait reconnu la nécessité d’inspecter les véhicules. La nécessité d’implanter une police routière qui n’existe que de nom.

La circulation est aussi une question de sécurité publique. Les autorités le prouvent avec le carnaval national qui est organisé dans les villes de province depuis l’accession de Michel Martelly au pouvoir. La secrétairerie d’Etat à la Sécurité publique mobilise du monde pour « assurer » la sécurité des carnavaliers. Tout au long de la route, des agents sont toujours remarqués pendant ces périodes festives. Ces derniers invitent les chauffeurs à réduire leur vitesse pour éviter parfois un obstacle. Un travail louable. Là où le bât blesse, c’est que la circulation n’existe pas qu’à ces périodes même s’il y a beaucoup plus de véhicules avec certains chauffeurs qui en profitent pour se livrer à des excès de vitesse.

Après quelques jours, l’accident survenu au morne Tapion va être vite oublié. Comme d’habitude. Mais il constitue une nouvelle opportunité pour enfin prendre au sérieux la notion de sécurité routière. Est-il normal que des policiers cherchent à punir le conducteur d’une voiture privée (dépourvue peut-être d’un phare à l’intérieur) qui refuse de négocier avec lui quand un camion surchargé passe sans problème ? Vous trouvez normal qu’une collision entre deux motocyclettes (chacune transportait cinq personnes) fasse 10 blessés ? La faute de qui ?


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